Goat Torment - Forked Tongues
Chronique
Goat Torment Forked Tongues
Forked Tongues, Forked Tongues ... Ça me dit quelque chose ... Je viens pas de le chroniquer celui-là ?! Ah bah non, pas le même groupe ! Deux albums portant le même titre, qui plus est sortis la même année à trois mois d'intervalle, voilà qui n'est pas banal. Encore plus rare, quand ces deux œuvres trustent les premières places du bilan de fin d'année. C'est pourtant bien le cas ici puisque ce Forked Tongues, sorti fin octobre sur Season of Mist Underground Activists, joue dans la même cour d'excellence que celui des Anglais de Craven Idol.
La comparaison s'arrêtera là. Pas de black/thrash ici, plutôt du black et surtout du death metal. J'ai pourtant failli passer à côté de cette petite pépite. Artwork peu engageant, nom de groupe faisant penser à un énième combo de "war metal" sans intérêt, étiquette black metal, il n'y avait pas grand chose pour m'attirer à la base. Et puis finalement, on écoute un extrait un peu par hasard et on se prend une bonne claque de derrière les fagots, de quoi approfondir le sujet tout de suite, maintenant. Goat Torment n'est en fait pas vraiment un nouveau venu puisque la formation du combo belge remonte à 2008 et que ce Forked Tongues avec lequel je le découvre s'avère son troisième album. Son maître-à-penser se nomme Kwel. Lui qui d'habitude fait tout tout seul sauf la batterie, il ne se charge ici "que" de la guitare et du chant, épaulé par le Français Vagus Nox (Malhkebre, Sektarism et ex-Abbath, Vorkreist et Mayhem sous le pseudo de Silmaeth) à la basse et à la guitare. Les percussions sont laissées entre les mains expertes de l'Allemand Florian Klein alias Torturer, connu pour son jeu tout en finesse sur d'anciens albums de Belphegor.
Et il porte bien son nom, le Torturer. Appelez SOS batteries battues, le gars maltraite clairement son instrument ! Foutre Satan quelle machine ! Amis amateurs de blast-beats, vous allez trouver de quoi assouvir vos pulsions grâce à ce Forked Tongues rempli ras la gueule de ces rythmiques dévastatrices. Sur le morceau de clôture "Charnel Houses", Torturer blaste à grande vitesse sans discontinuer sur les premières 1'17 ! Et certaines accélérations jouissives à mort me laissent littéralement sur le cul ("Cursed" à 1'47 et 5'14, c'est la grosse, grosse fessée). D'autant que le son de la batterie, point crucial en ce qui me concerne et souvent rédhibitoire chez beaucoup de groupes brutaux modernes, s'avère absolument parfait. Rien qu'avec ça, je les aime bien ces Belges ! Dans cette orgie de blasts, on trouvera tout de même aussi quelques rythmiques thrashies et mid-tempos histoire de varier un minimum, ainsi que quelques instants plombés afin d'accentuer l'atmosphère dark. On aura même le droit en milieu de parcours sur "The Road to Oblivion" à un interlude minimaliste sombre et menaçant permettant de reprendre son souffle avant de reprendre la mitraille. Mais dans l'ensemble, bordel de couille à pute que ça bourre ! Oui je deviens vulgaire quand je suis content. Et là, je suis hyper content bande d'enculés !
Et vous savez quoi ? J'en arrive au meilleur, ce qui va tous vous pousser à vous jeter sur l'écoute de l'œuvre. Le jeu musclé de ce cher Torturer me fait penser à un certain Vagelis Voyiantzis des dieux vivants Dead Congregation. En fait, c'est tout Forked Tongues qui me fait penser aux Grecs. Dans une version plus black metal certes avec ces vocaux plus arrachés, ces riffs plus blackened et ce côté parfois un peu bestial à la Archgoat (flagrant sur un titre comme "Deceitful Faith"). Mais la filiation avec les Athéniens me semble évidente, du early-Dead Congregation de Purifying Consecrated Ground (l'entrée en matière sur "Pantheon of Devourment" c'est du "Vomitchrist" tout craché), au plus "récent" de "Promulgation of the Fall" notamment au niveau des solos et autres leads de très bonne facture ainsi que des accessoires type larsens et vibrato pour renforcer l'ambiance maléfique. Je ne compte plus les séquences (tremolos, patterns de batterie, solo, riff ...) qui m'ont fait penser à la bande de Anastasis. Dans mon carnet de notes, les Hellènes apparaissent une bonne quinzaine de fois !
Une très bonne chose donc, surtout que la qualité, sans arriver au niveau de quasi perfection du quatuor méditerranéen, se révèle sacrément haut de gamme. En particulier le riffing rapide, agressif et toujours entouré d'une aura bien dark. Pas grand chose à reprocher à Goat Torment de toute façon qui délivre avec Forked Tongues un album absolument redoutable qui me fait toujours autant d'effet presque six mois après son éruption surprise, pour moi tout du moins qui ne connaissais pas la formation d'outre-Quiévrain. Peut-être que le chant aurait pu se montrer un poil plus varié, lui qui vocifère ses paroles démoniaques toujours sur le même ton assez linéaire, auréolé d'une touche de delay (juste quelques growls par-ci par-là et des vocaux samplés à un moment) mais il passe tout de même bien. Non, les Belges ont clairement sorti le grand jeu ici et ont su marquer au fer rouge l'an 2021, Forked Tongues se positionnant parmi les plus belles réussites de l'année dernière. Tu aimes le death, le black ? Tu aimes Satan ? Tu aimes Archgoat, les vieux Belphegor dont le batteur annihile ici toute forme de vie sans une once de compassion, et surtout Dead Congregation dont le groupe s'apparente à une version plus blackened ? Tu aimeras forcément Goat Torment ! Alors laisse toi guider par ces langues fourchues et viens prendre ta fessée. Bêêêêêêêêêê !
| Keyser 14 Avril 2022 - 1083 lectures |
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