Durant ses onze premières années d’existence, Diocletian s’est attaché à mener la vie dure à tous ceux assez fous pour croiser son chemin, imposant son dictat d’une main de fer à coup d’albums terrifiants ayant marqués au fer rouge l’underground Black/Death et de prestations scéniques aussi rares qu’intenses. Alors forcément, lorsque les Néo-Zélandais annonçaient leur séparation courant 2015, beaucoup l’on eut en travers de la gorge, Diocletian étant considéré par beaucoup comme le mâle-alpha dans une meute de suiveurs plus ou moins talentueux.
Quelques mois plus tard, le groupe au line-up largement remanié annonçait contre toute attente plancher sur l’écriture d’un nouveau EP intitulé
Empire Of Rats en collaboration avec le label californien Nuclear War Now ! Productions et l’artiste italien Paolo Girardi. Un projet alléchant initié dans le but de couvrir une partie des frais engagés pour les funérailles de Steven Clark Childers aka Tragenda (Black Witchery) décédé dans un accident de voiture début 2016. Mais ce disque ne verra finalement jamais le jour, la situation chez Diocletian étant particulièrement confuse entre ces incessants problèmes de line-up (Cameron James Sinclair et W.B. ayant tous les deux décidé de se retirer du dit projet) et l’envie évidente d’Atrociter de continuer coûte que coûte. Aussi, avec le soutien d’Impurath (Black Witchery) d’ors et déjà de la partie, Brendan Southwell va alors s’atteler à la composition de nouveaux morceaux tout en cherchant à recruter un peu de sang neuf nécessaire à la suite de leur aventure. Pour cela, celui-ci va faire appel aux services du bassiste de Dawn Of Azazel (Rigel Walshe), d’un ancien guitariste de Heresiarch (M.H.) et d’un nouveau batteur a priori sans curriculum vitae (E.M.). Ensemble, le groupe va s’atteler à la composition de ce qui est aujourd'hui le quatrième album d’un Diocletian quelque peu transfiguré.
Après avoir trouvé refuge sur le label Profound Lore Records, Diocletian a donc fait l’été dernier un retour évidemment remarqué car très attendu par tous les amateurs de Blasphemy, Antichrist, Revenge, Angelcorpse, Heresiarch, Black Witchery et compagnie. Pourtant,
Amongst The Flames Of A Bvrning God (avec ce "v" à la place du "u", chose que je croyais réservé à Behemoth et Lvcyfire) est probablement l’album le plus faible de la discographie des Néo-Zélandais. La première raison expliquant à mon avis ce triste constat est probablement à chercher justement du côté de ce line-up. Lorsque vous repartez de zéro avec autour de vous quatre personnes avec lesquelles vous n’avez jamais joué auparavant ni partagé un seul instant la même vision, il est bien souvent compliqué d’obtenir un résultat à la hauteur de vos exploits passés. Et c’est bien ce qui se passe ici puisqu'on a l’impression d’écouter un Diocletian au rabais, en mode « pilotage automatique », marchant inexorablement dans les pas d’un certain Revenge quitte à perdre toutes traces de ce qui faisait encore jusque-là sa singularité dans un registre pourtant très peu ouvert sur la question de l’originalité.
Cependant, on ne peut pas dire que le groupe ne fasse pas d’effort, frappant implacablement avec cette puissance et cette intensité redoutables qu’on lui connait. Agressif et punitif au possible,
Amongst The Flames Of A Bvrning God ne manque donc pas d’assouvir notre soif de violence à coups de riffs incandescents, de descentes de manches chaotiques, de solos foutraques ou de blasts punitifs incessants. Le chant abrasif d'Impurath est d’ailleurs très certainement l’un des points forts de l’album, le bougre encapuchonné étant toujours aussi à l’aise lorsqu'il s’agit d’insuffler à ses lignes de chant une haine et une misanthropie de fin du monde. Le truc c’est qu’il se dégage de ces vingt-sept petites minutes exécutées pourtant le couteau entre les dents un sentiment plutôt mitigé face à ces riffs certes efficaces mais manquant cruellement d’audace et d’ampleur. La production a beau être soignée, permettant de distinguer assez clairement chaque instrument, il faut se rendre à l’évidence, les riffs n’ont plus le même impact qu’auparavant. Là où
War Of All Against All et
Gesundrian faisaient preuve de nuances, de groove et de bien plus de personnalité avec cette approche mêlant notamment ce Black/Death bestial et intransigeant à ces accents Death/Doom plus ou moins prononcés, ce nouvel album occulte complètement ce mélange des genres (allez, sauf peut-être sur les premières secondes de "Restart Civilization") pour un résultat final bien loin de ce à quoi le groupe nous avait habitué jusque-là.
Encore une fois, ce que propose Diocletian ici se situe sans difficulté parmi ce qui se fait de plus sauvage et redoutable dans le genre mais malheureusement pour un groupe de cette envergue, cela n’est pas tout à fait suffisant. Oui, je m’attendais effectivement à quelque chose d’un peu plus marquant là où je n’ai eu qu’un album qui, à chaque titre, me fait invariablement penser à Revenge plutôt qu’à Diocletian. Un comble pour un groupe qui a quand même largement aidé à "populariser" le genre et su au fil des sorties trouver son style et ainsi s’affirmer. Pour un shot de violence exacerbée,
Amongst The Flames Of A Bvrning God s’avère tout ce effectivement qu’il y a de plus efficace. Si par contre vous cherchez un disque un peu plus ambitieux renouant avec ce qui a permis à Diocletian de se distinguer, pas sûr que ce dernier fasse véritablement l’affaire.
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