Perihelion - Örvény
Chronique
Perihelion Örvény
Malgré les années qui passent la Hongrie a toujours du mal à avoir une scène Metal digne de ce nom, car hormis les mythiques TORMENTOR via Attila Csihar, le reste des groupes locaux sont soient totalement inconnus par chez nous ou alors donnent presque plus à rire qu’autre chose, on peut facilement citer NIGROMANTIA et surtout EKTOMORF (le SOULFLY du pauvre) donc rien qui ne vaille la peine qu’on s’attarde dessus. Pourtant dans un style plus aérien et planant voici que débarque ce quartet encore peu connu mais qui a pourtant du vécu derrière lui, car depuis ses débuts en 2001 sous le nom de NEOKHROME il a sorti sous cette entité trois albums, avant d’en changer en 2014 pour porter le nom de PERIHELION (titre du dernier disque sous l’ancienne dénomination). Depuis celui-ci a eu droit à un tour de passe-passe vu qu’il est ressorti avec la même pochette mais désormais sous son nom actuel, un choix approuvé par le duo survivant. Entouré d’une nouvelle équipe il signera dans la foulée chez Apathia et produira en peu de temps un nouveau disque original et un EP, avant de revenir cette année avec « Örveny » et de prouver qu’il est toujours aussi productif et attaché à sa langue natale, car une fois encore l’ensemble est chanté uniquement en Hongrois. Cependant avec les années, et via l’intégration des nouveaux membres, la musique du combo s’est étoffée et s’éloigne de plus en plus de celle pratiquée à l’origine, car du Black Metal avant-gardiste et légèrement psychédélique il ne reste plus grand-chose de cela aujourd’hui, vu que désormais il évolue plus dans un Post-Metal planant qui fait la part belle à la mélodie.
Il est certain que les fans de la première heure vont être totalement déroutés par cette nouvelle orientation plus poussée encore que sur « Zeng » et sur l’EP « Hold » (sortis respectivement en 2015 et l’an dernier), pourtant si on réussit à faire abstraction de ce que faisait la bande auparavant on va vite s’apercevoir qu’on est présence de quelquechose d’intéressant et d’apaisant où l’on peut sentir l’influence d’ALCEST et AGALLOCH d’un côté mais aussi celle de SOLSTAFIR et SIGUR ROS pour l’autre, tout en obtenant une musique plus accessible et contemplative. C’est d’ailleurs ce dernier point qui va être majoritairement présent ici, nulle trace en effet de guitares saturées, de growl puissant ou de blasts déchaînés … au contraire ici tout lorgne vers l’apaisement afin d’offrir l’opus le plus accessible et surprenant de la carrière du groupe de Debrecen.
Dès les premières notes de « Kihalt Égi Folyosók » on se retrouve embarqué dans un long voyage à travers le subconscient où l’on est étonné par des guitares qui sonnent plus Rock que Metal, car après une intro douce où les toms sont de la partie l’ensemble va progressivement jouer la carte de la diversité en passant facilement du mid-tempo remuant, à des parties plus lourdes, avant que le tout ne se fasse plus aérien et éthéré. Très léger et facilement écoutable par des oreilles peu habituées aux sons saturés ce premier titre est une entrée en matière tout en douceur et particulièrement agréable, qui va s’enchaîner avec le suivant qui va être du même acabit. Car bien qu’étant tous différents les uns des autres l’ensemble des sept morceaux est en fait un seul bloc qui s’écoute dans l’ordre sous peine de perdre sa cohérence, du coup le très bon « Bolyongó » reprend les éléments entendus auparavant tout en mettant l’accent sur un côté plus tribal et spatial. A la fois doux et énervé, et relevé par des notes d’une grande finesse il permet de faire décoller l’auditeur sans lui faire piquer du nez, vu qu’ici hors de question de faire la sieste tant l’intérêt est grandissant et le sens de la composition impeccable. Si celui-ci est indéniable il faut également souligner le fait que la bande n’utilise aucun synthé ou claviers, celle-ci tient visiblement à le faire savoir vu que c’est mentionné noir sur blanc dans le livret, et on ne peut que saluer cette démarche pleine d’authenticité. Puis avec « Fényt! » on va continuer à grimper en qualité et en plaisir car là après une longue introduction très aérienne la suite va se faire plus énergique et on s’aperçoit du boulot énorme réalisé par Gyula Vasvári derrière son micro, car outre la qualité de ses arrangements guitaristiques il offre une vraie et large palette vocale qui est aussi bien puissante et énervée que douce et claire, mais qui ne tombe jamais dans l’excès dans un sens comme dans l’autre. Après être montée en puissance la musique va retomber doucement pour la fin et en terminer par une ambiance de plénitude qui fait du bien, et est mise en valeur par la qualité de la production. Celle-ci cristalline, homogène et chaude permet de distinguer parfaitement chaque instrument, notamment la basse particulièrement ronflante et en avant qui n’est pas sans rappeler le jeu caractéristique de Pete Hook à l’époque de JOY DIVISION. On retrouve d’ailleurs l’influence de l’ancien camarade de jeu du regretté Ian Curtis dès la plage suivante qui est le morceau-titre (dont la signification est "Maelström") et va mélanger habilement tout ce que le combo sait faire. A la fois légèrement martial, brumeux et énervé, tout ceci s’intègre à merveille avec les variations de tempo et les voiles de guitares qui offrent un moment neigeux et apaisant, qui s’écoute tranquillement au coin de feu avec un verre de bon whisky ou cognac. Ce mélange des sentiments est encore exacerbé avec « Romokon » qui est le prolongement de son prédécesseur, tout en y ajoutant un léger soupçon d’extase et de psychédélisme, ainsi qu’un chant entraînant qui harangue la foule (et montre une nouvelle fois les talents vocaux de son frontman). Ce point précis va être encore présent sur « Ébredő Táj » où musicalement ça va aller à l’essentiel tout en faisant le grand écart entre un démarrage envoûtant et cotonneux et la suite plus rapide et radicale aux riffs qui font penser aux FOO FIGHTERS. La simplicité présente ici sera le maître-mot également sur « Bardó » un petit peu Progressif sur les bords et à l’entrain contagieux, notamment grâce au travail fourni à la basse par le nouveau venu Tamás Várkoly qui a déjà trouvé sa place (tout en y amenant sa touche Cold-Wave), qui offre lui et ses compères une conclusion excellente à un opus qui l’est tout autant.
Bien qu’étant relativement "grand-public" il n’en reste pas moins qu’on est en présence de quelquechose d’exigeant et recherché, et qui demandera un confort particulier pour l’apprécier correctement, tout comme un grand nombre d’écoutes pour en saisir toutes les subtilités. Cependant loin d’être impénétrable et d’une technicité folle cette œuvre passe toute seule et surtout très vite, car malgré des morceaux qui vont jusqu’à sept minutes il n’y a jamais de redondance ou d’ennui, tant les mecs ont su allier recherche et simplicité pour offrir probablement leur disque le plus intègre, ambitieux et addictif, qui signe probablement le début d’une nouvelle ère pour eux … celle de la reconnaissance et du mérite.
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