Sun Of The Sleepless - To the Elements
Chronique
Sun Of The Sleepless To the Elements
Markus Stock, alias Ulf Theodor Schwadorf, n’a décidemment rien à envier à un Hugh Glass dans The Revenant. Non content d’avoir déjà déterré Empyrium il y’a 4 ans, c’est maintenant Sun of the Sleepless, son aventure black metal, qu’il ramène à la vie. Après seulement 2 EP et un split sortis entre 1999 et 2004, ce n’est qu’après la mort du projet et presque vingt ans d’existence que vient ce premier album, To the Elements.
Si Schwadorf ne s’annonce pas en nom propre, c’est pourtant de son parcours en solo dont il s’agit ici. Au point que l’homme a enregistré absolument tous les instruments et les vocaux de cet album, dans la plus pure tradition du loup solitaire multi-instrumentiste du black metal en quelque sorte. Et le metal noir développé sur cet album est assurément le fruit d’une longue maturation : plus mélodique, plus folk et surtout porteur d’une identité plus cohérente que les précédentes sorties, Schwadorf marche ici dans les traces du Ulver de Bergtatt, influence dont il ne s’est jamais caché. Mais réduire To the Elements à cette simple comparaison serait terriblement réducteur, tant son géniteur parvient à y imposer sa patte du début à la fin. Le soin et la délicatesse qu’il a toujours su insuffler dans son travail sont omniprésents ici, de même que son amour inébranlable pour la nature et ses charmes.
Cela se traduit concrètement par un black metal accessible sans pour autant rogner sur une certaine profondeur. Les guitares harmonisées et les chœurs sont nombreux, à l’instar d’un morceau introductif déclamant un extrait de la pièce La Tempête de Shakespeare dans un registre quasiment grégorien, et qui plonge tout naturellement l’auditeur dans l’ambiance du disque. Pour le côté black, les riffs évoquant dans le son et les couleurs un Darkthrone mélancolique (on notera une pochette rappelant la fameuse « Unholy Trinity ») fonctionnent à merveille sur des morceaux comme « Motions » ou « In the Realm of the Bark ». On notera de légères influences heavy comme nouveauté au détour de quelques riffs bien sentis, l’ouverture de « Where in my Chilhood Live a Witch » en tête. Pour ce qui est du chant, Schwadorf réalise un sans-faute que ça soit du côté des voix claires, magnifiques, ou des cris black, très convaincants. S’il se réapproprie avec facilité tous les éléments de compositions évoqués plus haut, c’est sans surprises pendant les passages acoustiques qu’on le sent le plus en confiance et pertinent, lui qui est passé depuis longtemps maître dans l’art de faire résonner les cordes sèches dans l’air. A ce titre les premières minutes de « The Owl » auraient pu figurer sur le célèbre Weiland, et l’interlude sylvestre « Forest Crown », très rafraichissant, nous replonge avec délice dans l’atmosphère d’un The Mantle d’Agalloch, aidé en cela par une production aussi irréprochable que naturelle.
Avec ce premier véritable effort en solo que personne n’attendait plus, Schwadorf pose un album constant dans sa qualité au sacrifice d’une durée assez courte (41 minutes seulement), pas vraiment original dans le style abordé, mais portant à chaque instant la marque reconnaissable entre mille de son talentueux créateur, doublée d’un charme poétique indéniable. En parlant de poésie, il ne nous reste plus qu’à laisser la plume de J.R.R Tolkien conclure cette chronique, comme elle conclut le final ultra-épique de la superbe « Phoenix Rise », moment fort du disque, et qui prend tout son sens ici :
"From ashes a fire shall be woken
A light from the shadows shall spring
Renewed shall be the blade that was broken
The crownless again shall be king"
| Neuro 17 Mai 2018 - 1710 lectures |
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