Anakim - Monuments To Departed Worlds
Chronique
Anakim Monuments To Departed Worlds
Les fins et débuts d'années sur Thrashocore, c'est toujours la course. On se réveille au dernier moment pour chroniquer les albums que l'on veut voir apparaître sur les sacro-saints bilans. Parce que certaines sorties paraissent au dernier trimestre, parce que l'on vient de les découvrir ou parce qu'on a autre chose à foutre. Ç'aurait pu être ce dernier cas de figure comme souvent mais Anakim, c'est bien une découverte tardive. Sorti en avril dernier en autoproduction, leur premier full-length Monuments To Departed Worlds n'avait jamais attiré mon attention jusqu'à ce que l'album apparaisse sur la distro de Lavadome Productions. Connaissant le leitmotiv "qualité plutôt que quantité" de l'e-shop du label tchèque et aguiché par un nom de groupe me faisant penser à Star Wars ainsi que par la jolie pochette, j'écoute quelques extraits avec curiosité. Vite conquis, j'ajoute ce Monuments To Departed Worlds à mon panier. Bingo!
L'opus s'avère en effet une belle réussite, surtout pour un premier jet d'un groupe pourtant formé dès 2011. Mettons déjà deux choses au clair. Anakim ne fait évidemment pas référence à son presque homonyme célèbre personnage de fiction désormais sous l'escarcelle de l'ogre Disney mais à une race de géants guerriers dans l'Ancien Testament. Et si la cover aux couleurs brillantes aurait pu illustrer la musique d'un groupe de deathcore, il n'en est rien. Les Anglais sont plutôt versés dans le death metal. Un death metal moderne et varié, bien équilibré entre brutalité et délicatesse. Pas vraiment ce que je préfère d'habitude mais force est de constater que le quintette fait montre d'un sacré talent sur près d'une heure (53 minutes pour être exact). Pas non plus ce que je préfère mais quand c'est bon, on ne va pas non plus se plaindre que ça dure longtemps! Anakim aime en effet composer des morceaux assez longs, six minutes en moyenne. C'est que les Britanniques ont pas mal d'idées à proposer. Et elles sont souvent bonnes leurs idées, résultant en des morceaux riches et variés bien distincts les uns des autres avec un peu tout ce qu'on aime dans les différents styles de death metal. À commencer par le plus important, la brutalité. Si le rythme se fait changeant, le jeu reste souvent rapide, avec entre autres pas mal de blast-beats. La production puissante mais naturelle les met d'ailleurs en valeur notamment grâce à une caisse claire qui claque comme il faut, juste à la limite de la Tefal. Côté bourrin, la voix se pose là aussi. Très gutturale, peu déchiffrable, elle est la marque la plus extrême du combo. Mais honnêtement, il ne s'agit pas de sa qualité première car le timbre, certes puissant mais monotone, manque de variation et de panache, tout le contraire de la musique. Le contraste avec les passages les plus mélodiques fonctionne certes mais sur cinquante minutes, on aurait aimé différentes intonations.
Je viens de parler de mélodies. En effet, c'est l'un des gros atouts de la formation dont le death metal offre un aspect à la fois mélodique, technique et progressif. On a le feeling ou on ne l'a pas et Anakim l'a, assurément. Les nombreux solos et autres leads fluides et souvent aériennes vous le démontreront, comme la dernière partie de "Sands Of Oblivion" entre 4'26 et 6'23, la lead somptueuse et entêtante (même si elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe) à 4'05 sur "Xenognosis" qui se met ensuite à gazouiller en sweeps, "Wraith" à 2'16 (en parlant de sweep!) et 4'48 (Loomis?), "Diluvian Wrath" à 5'46 (encore un peu de sweep), "Child Of Chaos" à 0'32, etc. On trouve également plein de bonnes mélodies dans les riffs de base, travaillés et inspirés pour la plupart. Comme je le dis souvent, pas de bon album sans bon riff, Anakim nous le prouve encore. Ce qu'ils nous prouvent aussi avec ces sweeps, c'est qu'ils ne sont pas manchots. Les mecs touchent mais mettent toujours leurs qualités techniques au service de la musique, pas pour satisfaire leur égo et en mettre plein la vue. Ce côté death technique auquel on pouvait aussi s'attendre en voyant la pochette est ainsi savamment distillé tout au long de l'opus (break à contre-temps de "Sands Of Oblivion" à 3'56, "Xenognosis" qui se lâche sans se la péter trop à plusieurs endroits, le début de "Before The Throne Of Ereshkigal" sur la rythmique thrashie avec la basse qui gigote puis plus tard vers la cinquième minute sur des blasts, l'intro typique tech-death de "The Ouroboros Cycle" qui va gazouiller pas mal...). L'aspect progressif apparaît lui dans la construction des morceaux, leur longueur, leur richesse, leur ambiance, leur diversité. Ces quelques notes d'arpèges sur "Diluvian Wrath" à 4'05 sur un sample d'orage, ainsi que sur "Wraith" et son break éthéré excellent en son clair après la troisième minute qui va carrément se transformer en beau passage "post metal" à 4'24. Ou cette intro très mélodique et aérienne de "Child Of Chaos" qui offre aussi quelques tons dissonants. Comme je l'ai dit, il y a un peu de tout sur ce Monuments To Departed Worlds, dissonances comprises. On y trouvera aussi pas mal de groove grâce à des dynamiques pêchues ou une basse alerte qui virevolte. Peu d'harmoniques sifflées heureusement par contre. La modernité du son apporte aussi quelques séquences saccadées ("Xenognosis" à 2'44, "Before The Throne Of Ereshkigal" à 4'47, "Child Of Chaos" à 3'07...) mais elles restent rares, discrètes et dans le ton. Ça passe tout seul du coup, même si on aurait pu faire sans.
Anakim a ainsi plein de choses à nous offrir. Il ne manque en fait plus que le côté evil/occulte, absent de ce Monuments To Departed Worlds. Mais on le trouvera facilement ailleurs. Ce premier album des Anglais se pose plutôt dans un esprit moderne mais respectueux des traditions, offrant un contraste efficace entre bourrinage et mélodie dans une atmosphère assez spatiale dans laquelle nous plonge la courte intro "Origin" qui aurait d'ailleurs pu être un peu plus développée. On y trouvera de la brutalité, de la mélodie, de la technique, du groove, de l'ambiance, bref à peu près tout ce qu'il faut pour captiver les auditeurs pendant pas loin d'une heure qui passe relativement vite vu le talent et le feeling d'un jeune groupe à l'intelligence de jeu remarquable. Quelques enchaînements un peu maladroits, certains plans mal amenés, deux-trois riffs génériques, un growl trop limité, des choses qui auraient pu être approfondies mais sinon, très peu de critiques à faire à Anakim et son premier disque rondement mené. Il devrait plaire autant aux amateurs de brutal death que de tech-death, de metal moderne ou progressif. D'artistes comme Death, Obscura, Origin, Nevermore. De la scène death metal québécoise. De bonne musique en général. Anakim s'impose comme l'une des meilleures découvertes de 2017, eux qui font montre d'un potentiel très prometteur sur ce Monuments To Departed Worlds des plus intéressants, notamment au niveau des mélodies dont certaines sont vraiment à couper le souffle. À écouter sans plus tarder!
| Keyser 2 Janvier 2018 - 1245 lectures |
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