Looking For An Answer - Dios Carne
Chronique
Looking For An Answer Dios Carne
Il nous arrive parfois de faire des associations d’idées incongrues… Par exemple, je ne saurais trop vous dire pourquoi mais pour moi le nom de Looking For An Answer était associé à « metalcore/deathcore à chant clair mielleux » (peut-être le patronyme à rallonge façon petite phrase/tranche de vie ?...), raison pour laquelle – même si j’apprécie le bon metalcore – je ne m’étais pour l’heure jamais penché sur le sort des Espagnols. C’est vous dire l’indescriptible surprise qui fut la mienne lorsqu’après avoir corrigé cette idiote erreur d’étiquette, je me suis pour la première fois enfilé ce « Dios Carne ». Un peu comme José Garcia lors du fameux sketch des deux moines sur le plateau de NPA, croyant ingurgiter cul sec un shot d’eau minérale, laquelle avait été préalablement et discrètement changée en gnôle par Mr De Caunes… Bordel, mais qu’est-ce que ça arrache !! Quelques shots plus tard il fallait se rendre à l’évidence : non seulement Looking For An Answer était très loin de l’image que je m’en faisais, mais en plus ils venaient de nous balancer l’un des tous meilleurs brûlots grind de 2017.
Le premier contact avec un album, c’est son début. Vous me remercierez plus tard pour cette magnifique lapalissade, je sais que c’est très con dit comme ça mais ça a pourtant ici toute son importance. Car à une époque où bien des groupes se contentent d’un sample quelconque ou de quelques bruits bizarres inutilement étalés pendant deux minutes histoire de faire bien, d’autres prennent la peine de travailler une entrée d’album digne de ce nom, une vraie intro comme on savait en faire dans les années 90 (tu le sens bien là mon c’était mieux avant ! ?), une intro qui sert à quelque chose (ben oui à introduire le propos !), à poser les bases d’une ambiance, d’un style, d’une accroche, quand bien même elle ne serait pas représentative du reste mais bref une mise en bouche qui sert à quelque chose ! Vous l’aurez compris, si j’insiste autant c’est parce qu’évidemment « Dios Carne » fait partie de ces albums là et autant le dire tout simplement : je n’avais pas entendu une intro aussi accrocheuse depuis belle lurette. En toute simplicité donc, après une petite et tranquille montée en puissance, « Deflagración » nous chope littéralement les mollets avec cette rythmique thrashy, ultra entrainante, irrésistible et addictive au point de vouloir se la repasser en boucle à dix reprises à plein volume (effet garanti et à utiliser avec prudence dans les transports en commun afin de ne blesser personne). Nous affichant directement au passage cette production organique, massive et rugueuse, jouissive, cette entrée en matière est donc un pur bonheur, simple mais ô combien important et nous ouvrant grand les portes d’un album qui ne vous lâchera plus pendant près de trente-sept minutes.
Attention toutefois, si le premier contact avec ce quatrième effort des Madrilènes se veut mid-tempo et ultra-accrocheur, ce n’est que pour mieux vous prendre à revers par surprise et ce dès la deuxième minute de cette « Deflagración » – la bien nommée – qui une fois cette géniale intro passée se proposera de réduire vos tympans en une fine couche de squames inertes, soufflés par une telle débauche de brutalité et d’énergie que l’on en viendrait presque à se demander si l’on avait déjà entendu quelque chose d’aussi brutal. La réponse est évidemment « oui » mais Looking For An Answer n’est pas pour autant du genre à faire trop dans la dentelle, m’voyez… Du blast vous en mangerez donc jusqu’à ce qu’il vous en ressorte par tous les orifices, le jeu dantesque de Moya n’aura de cesse que d’en rajouter là où vous avez déjà tant de mal à surnager dans ce tourbillon de caisse claire accompagnée d’une lame de fond de double à vous couper les pattes au cas où vous trouveriez un petit bout de rocher sur lequel poser un pied pour reprendre votre souffle. Et ne comptez pas vous rattraper à des guitares plus affables, les riffs ne seront que des bourrasques – à défauts de ces quelques passages plus accrocheurs – à vous sidérer les osselets et vous plonger bien souvent dans une atmosphère que même le terme chaotique semble trop gentil à décrire. Toutefois si le blast règne ici en maitre absolu des tempos, le quintette sait varier les plaisirs et nous offrir quelques moments d’accalmie (je n’irais pas jusqu’à parler de répit tant le propos est constamment punitif) au travers de quelques séquences tchouka-tchouka galopantes, de plans thrashy ou mid-tempo bien headbanguants (« Deflagración » à 3’00, « La Carne del Leviatan » à 1’21, le début de « Utopia De Sangre » », « Martir Matarife » à 1’31, « Liberación » à 1’09…) portant parfois le sceau des dieux de Birmingham (le début de « Invierno Eterno »), de bifurcations bien plus lourdes (« Invierno Eterno » encore à 1’42) voire franchement rampantes comme cette feinte de clôture doomy qu’est « Muerta Lenta » - qui porte elle aussi tellement bien son nom – et qui vous fera maladroitement et fatalement baisser la garde lors de la première écoute pour mieux vous crucifier sur place avec une dernière correction (« Liberación ») qui finira d’achever même les plus téméraires.
Absolument implacable, « Dios Carne » est un album qui se subit tel un passage à tabac en règle devant lequel il n’est d’autre issue que de se recroqueviller, se protéger des coups tant bien que mal et espérer en sortir avec le moins de séquelles possibles. Alliant l’énergie et la sauvagerie brute d’un Insect Warfare et les relents death bien gras d’un Maruta – mon Satan ce growl monstrueux de Santi ! – il est vain d’envisager de sortir indemne d’une pareille expérience. Si le grind est un style pour lequel mon assiduité est inversement proportionnelle au plaisir que son écoute me procure et n’ayant ainsi pas la prétention d’avoir sondé toutes les sorties en la matière en cette année récemment écoulée, je puis pourtant bien vous affirmer que ce « Dios Carne » est l’une des plus grosses et furieuses mandales que 2017 a bien voulu nous fournir (aux côtés d’Implore ou encore Friendship). Grind jusqu’au bout de ses doigts dégoulinant de gras death (un peu à l’instar de feus leurs compatriotes de Machetazo), il fera office pour moi d’indispensable à l’heure du bilan pour tout amateurs de ce que j’aime appeler les sensations fortes auditives.
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