À l'heure où certains pays décorent leurs timbres nationaux du portrait d'une Femen, Waco Jesus vient remettre les femmes à leur place. Non pas devant l'évier, quoique ça peut se faire aussi à cet endroit, mais attachées nues, les jambes écartées et un bâillon dans la bouche!
Les Américains nous avaient laissé il y a quatre ans avec un
Sex Drugs & Deathmetal qui marquait une évolution plus "mature" et plus death metal, assez éloignée de leur death/grind garage porno-scato abrasif des débuts. Une évolution qui leur avait permis de franchir un cap. Si j'aimais bien à petite dose les très bêtes et méchants
The Destruction Of Commercial Scum et
Filth, il fallait en effet avouer que le groupe commençait enfin à devenir plus qu'une simple blague potache.
Receptive When Beaten amorçait déjà ce changement mais était gâché par une production inadaptée. Qu'allait donc nous réserver ce
Mayhem Doctrine, premier album de Waco Jesus chez Sevared Records après deux auto-productions?
La meilleure des surprises! Si j'apprécie déjà beaucoup la pochette qui met en scène une femelle les mamelles à l'air suspendue à une croix renversée, le superbe livret dépeignant les pires sévices infligés au sexe faible réduit à de vulgaires objets me laisse sans voix. Les scatophiles amateurs des illustrations du premier album vont également pouvoir faire dans leur froc: deux gonzesses à poil s'embrassent goulûment sur la back cover interne, le corps et le visage badigeonnés d'un marron qui laisse peu de doutes sur la nature de la matière utilisée. Le caca fait son grand retour chez Waco Jesus! Le death/grind puéril aussi?
Oui et non!
Mayhem Doctrine suit en fait le chemin tracé par
Sex Drugs & Deathmetal. Les musiciens ont continué leur progression et se permettent donc des riffs plus "élaborés" (ça reste du Waco Jesus tout de même!) et la production claire et puissante n'a plus rien à voir avec le son roots des premières sorties des Américains. Si vous avez aimé
Sex Drugs & Deathmetal, peu de chance que
Mayhem Doctrine vous déplaise. Mais deux choses font de
Mayhem Doctrine un meilleur album. D'abord, effectivement, un feeling grind qui s'impose davantage à travers des riffs simples et entraînants et un groove typique. Cela fera peut-être revenir certains vieux fans déçus de la direction prise par le quatuor. Ensuite, et c'est l'atout principal de l'album en ce qui me concerne, Waco Jesus n'a jamais autant blasté, nous offrant sur ce cinquième full-length un véritable festival qui fait de
Mayhem Doctrine l'album le plus brutal de la discographie du combo de l'Illinois. On remerciera ainsi chaudement le nouveau batteur qui n'est autre que Justin DiPinto, ancien mitrailleur chez des troupes d'élite telles que Malevolent Creation, Mortal Decay, Pyrexia et Divine Rapture. À noter qu'il n'apparaît pas sur
"The Destruction Of Commercial Scum", morceau le plus typé old-Waco Jesus (logique étant donné le titre qui reprend celui du premier album) avec l'ancien batteur John Baker.
Et vu qu'en plus Kevin Menssen nous a concocté un récital de bons riffs parfois bien méchants, le cocktail est d'autant plus détonnant! 9 morceaux pour 30 minutes de plaisir coupable parmi lesquels "Mayhem Doctrine", "Going Viral", "Instant Gratification", "Genital Grinder", "Hyper Dominant" (morceau le plus bourrin du lot, ce n'est pas peu dire!) et "So Many Ways To Kill" (featuring Shaun LaCanne de Putrid Pile) ne sont pas les moins indispensables. Alors bien sûr la recette est connue et ne change pas d'un poil sur les titres. Salves de blast-beats entrecoupées de passages punky entraînants sur du tchouka-tchouka thrash, le tout accompagné par le chant yaourt de Shane Bottens (pas la partie la plus intéressante de Waco Jesus d'ailleurs même si les vocaux collent à l'esprit). Mais c'est tellement jouissif qu'on oublie vite le côté répétitif (un moindre mal sur 30 minutes) ou les quelques imperfections comme l'impression de recyclage de certains riffs de l'album précédent. Par ailleurs, je milite d'habitude contre la débilisation du death metal dans laquelle tombe Waco Jesus et ses penchants scatophiles tout juste bons pour le goregrind mais il s'avère que derrière ça, le groupe ne rigole pas du tout musicalement. J'ai donc tendance à lui pardonner ces enfantillages, d'autant que ses thèmes misogynes jubilatoires rattrapent le coup.
Mayhem Doctrine, qui nous propose en quelque sorte le meilleur de ses deux périodes, se pose ainsi comme l'album ultime de Waco Jesus. Un putain d'exutoire ultra efficace qui fait du bien par où il passe. US scum grind, bitches!
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo