Lectern - Precept Of Delator
Chronique
Lectern Precept Of Delator
Bon celui-là ça fait un petit moment qu’il faut que je vous en parle, alors profitons de l’annonce prochaine d’un nouvel album pour enfin s’y atteler.
Mes amis je vous présente Lectern. Lectern, je vous présente les lecteurs de Thrasho. Pour ces derniers, le groupe susnommé nous vient de Rome et malgré plus de quinze ans d’existence vous n’en avez probablement jamais entendu parler. Personne ne vous en tiendra rigueur et surtout pas moi étant donné que j’ai découvert les Italiens grâce à cet album, leur deuxième, et je n’avais jamais posé mes oreilles sur leur premier méfait (« Fratricidal Concelebration », sorti un an auparavant) ni les trois EP qui le précèdent. Si vous êtes adeptes de Metal Archives, vous vous dites peut-être que vous n’avez rien perdu étant donné que ce « Precept Of Delator » ne récolte qu’un maigre 55% (bon vous me direz qu’une seule note n’est évidemment pas représentative de quoi que ce soit et que chacun ses goûts au final) mais je prends ici le contre-pied de cet avis bien sévère et vous engage prestement à poser vos esgourdes sur ce qui est loin d’être un mauvais opus.
En substance, ladite chronique reproche essentiellement à « Precept Of Delator » (outre des titres absurdes, ce dont je me contrefous totalement) une musique fadasse faite de riffs sentant le réchauffé, trop marquée du sceau de ses influences (en l’occurrence ici toute la scène death metal de Tampa) et ne retenant comme seuls points positifs sa pochette, sa production et son titre de clôture. Un constat bien sévère à mes yeux quand bien même certaines critiques ne manquent pas de fondement. Evidemment Lectern ne sera pas, lui non plus, le groupe qui révolutionnera le death metal... Et vous voulez un scoop ? Il n’y en aura jamais. Dès lors sachons apprécier un combo qui certes ne fait que reproduire plus ou moins à sa sauce les préceptes édités par les pionniers du genre mais qui le fait bien et avec application. Les Italiens nous assènent donc ici un métal de la mort résolument old school, à l’image de sa pochette, vicieux à souhait et sachant ne pas s’enfermer dans une dynamique monotone par une diversité rythmique et riffique constante. Servies par une production effectivement impeccable, les guitares au son délicieusement croustillant enchainent les riffs avec une fluidité remarquable. Tous plus accrocheurs les uns que les autres, ils revisiteront toute la palette du bon gratteux death metal avec ses power chords, palm mute, legato et quelques tremolo tous très bien sentis et sacrément efficaces à défaut, il est vrai, d’être totalement novateurs. Rien de neuf sous le soleil ici mais le talent de composition affiché par Pietro Sabato suffira à effacer ce défaut au profit d’un riffing qualitatif, accrocheur au possible insufflant bien souvent un groove assez irrésistible aux compos. Le travail de ce dernier s’appuiera sur une rythmique extrêmement variée elle aussi enchainant blast beats, cavalcades tchouka-tchouka, mid-tempo brise nuque ou gros ralentissement bien lourds. Evidemment tout cela nous rappellera le Deicide des débuts (dans ce riffing primaire vicelard très efficace), Cannibal Corpse (le growl bien gras de Fabio et ce phrasé un peu haché n’y étant certainement pas étranger) et Morbid Angel (notamment sur les ralentissements comme celui de « Palpation of Sacramentarian »), on y retrouvera même quelques soupçons de Slayer dans certains riffs (« Gergal Profaner » à 2’30) et surtout ces solis chaotiques…
Comme beaucoup d’autres Lectern pourra en effet se voir reprocher ses ascendances trop marquées mais très honnêtement en ce qui me concerne tant que le contenu est de qualité je n’en ai cure et c’est le cas ici. D’accord le riffing, ces rythmiques volontiers mid-up-tempo ont été usées jusqu’à la moelle (et ça va continuer !) mais lorsque les protagonistes parviennent à y insuffler ce groove, cette énergie et cette franche virilité, moi ça me suffit. Franchement écoutez ne serait-ce que « Diptych of Perked Oblation » (bon c’est vrai que les titres sont un peu chelous…) et osez me dire que vous ne prenez pas votre pied. Bordel qu’est-ce que c’est bon ! Et même si la recette est identique sur tous les titres, Lectern a eu la bonne idée de ne pas non plus s’éterniser avec un album avoisinant tout juste les trente-sept minutes soit une durée idéale pour ce genre d’opus.
Au final il ne vous reste qu’une seule chose à faire, la même que d’habitude, écouter les extraits ou l’album entier sur le bandcamp du groupe et vous faire votre propre opinion mais très franchement si vous appréciez le death old school à la floridienne, si rien que l’évocation de noms comme Deicide, Cannibal Corpse, Malevolent Creation ou Killing Addiction vous fait crier chapiteau alors il y a fort à parier que « Precept Of Delation » parvienne à vous titiller au moins un minimum l’entre-jambe voire plus si affinité. On attend désormais de pied ferme son successeur, « Deheadment For Betrayal », dans un mois, en espérant qu’à défaut de révolutionner un genre il continue à en incarner une interprétation sincère et résolument efficace, c’est à titre personnel tout ce que je leur demande.
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