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Hardcore Anal Hydrogen - Hypercut
Chronique
Hardcore Anal Hydrogen Hypercut
Si la scène française offre une diversité de genres et sous-genres tous aussi intéressants les uns que les autres, les Omni (Objets Musicaux Non-Identifiés) semblent avoir le vent en poupe tant HEPTAEDIUM ou encore PRYAPISME ont marqué les esprits par leurs styles et leurs personnalités totalement à part, et qui n’ont épargné Monaco. La principauté montre en effet qu’il y’a autre chose qu’Albert et ses sœurs, le casino, le grand prix de Formule 1 ou encore son équipe de footballeurs habitués à jouer dans un stade vide ou presque. Car sous ses airs guindés et distingués celle-ci cache en son sein les déglingos et allumés membres de HARDCORE ANAL HYDROGYN, dont la musique absolument inclassable se révèle pourtant moins hermétique et inécoutable que par le passé. Avec sa pochette peinturlurée représentant des habitués du bistrot dans une ambiance typiquement franchouillarde, elle sert à donner le ton des trois-quarts d’heure qui vont suivre où le jeu vidéo (période Nes et Master System) va côtoyer du folkore d’Europe de l’est et du Moyen-Orient, tout en rendant hommage au jazz manouche et aux bandes originales de films, conjugués avec des bruits de nature et d’animaux. Le tout bien entendu avec des grosses guitares, mais qui savent régulièrement s’effacer pour mieux permettre aux différents samples et influences de gagner en profondeur, d’ailleurs « Jean-Pierre » qui ouvre le bal offre un panel général et mélangé de tout ce qui fait le charme du combo.
A la fois metallique et synthétique, et séparé de deux parties distinctes, il se fait totalement barré mais également cohérent, tout en offrant des nappes de claviers rétro qui ne sont pas sans rappeler le thème principal de « La Soupe aux Choux » signé Raymond Lefebvre. Après ce début digne d’une farandole de couleurs et de sons, la suite va être heureusement plus frontale et jazzy mais sans tomber dans la facilité, car entre « Coin-Coin » où les canards se font entendre au milieu de samples improbables, et « La Roche et le Rouleau » aux ambiances très 50’s et gitanes (via un son de guitare que l’on croirait signé du maestro Django Reinhardt, et qui sent bon le Saint-Germain de l’après-guerre) il y’a vraiment de quoi faire. Si l’on retrouve ce côté piano-bar durant le doux interlude « Blue Cuts », en revanche le grand-écart est de mise avec d’abord « Paul » qui alterne en boucle entre un slow typique des 60’s (qui fait revivre les surprises-parties, comme on disait à l’époque) et le Black Symphonique le plus violent et horrifique, tout y mêlant quelques sons électroniques stupéfiants. Avec « Charme Oriental » on est là en présence d’une compo dont le nom correspondant totalement au contenu, il n’y a donc pas de tromperie sur la marchandise quand retentit un mélange entre musique traditionnelle arabisante et orchestre balkanique dignes d’un film d’Emil Kusturica, le tout sur un tempo rapide où les blasts ont droit de cité.
Après ce déluge il est temps de faire une pause, enfin ce terme n’est pas forcément adapté d’ailleurs, car pendant près de neuf minutes voilà que les sudistes nous embarquent avec « Phillip » quelque part entre bande originale de film fantastique (pour l’ambiance des cordes) et envol spatial pour la relaxation et le côté planant et apaisant. Bien entendu il aurait été trop simple d’en rester là, du coup ils y ont intégré quelques ingrédients bien eux afin que ça ne soit pas commun par rapport aux autres, d’ailleurs après ce long-format ils vont abréger leurs compos au maximum pour une durée digne de ce qu’on peut entendre dans le Punk ou le Grindcore. Si « Murdoc » permet ainsi de renouer avec l’ambiance foutraque de leurs débuts, « Entropic Maximum » nous replonge dans l’âge d’or de la console vidéo de salon, quand les 8 bits étaient rois et qu’Atari dominait le marché, grâce à des bruitages qui sentent bon ”Super Mario Bros”, ”Streets Of Rage” et ”Space Invaders” et se conjuguent à des gros riffs écrasants, pour un rendu d’une bizarrerie étonnante, tout comme l’ultra-court « Sproutch ». En à peine trente secondes voilà que l’esprit torturé du groupe atteinte son apogée en mélangeant des sons dignes de ”Sonic” et ”Donkey Kong”, avec une rafale de blasts furibards pour mieux offrir un dernier déluge avant une ultime partie plus posée. Si « Daube Carotte » reprend de nombreux éléments entendus auparavant, c’est surtout sa fin plus calme qui retient l’attention, et ce point de détail va se prolonger sur « Automne 1992 » (où là-encore au niveau du titre on sait où l’on va) qui laisse le champ libre à la nature et au climat automnal, vu qu’on y entend uniquement la pluie qui tombe et le tonnerre. Bref un vrai temps de saison qui permet de respirer à plein poumons et reprendre son souffle, à l’instar de « Bontenmieu » où la guitare acoustique est mise encore une fois à l’honneur, avant une ultime rasade de n’importe-quoi carré et en place.
Si le regretté Pierre Henry était le maître de la musique électroacoustique, le duo de la côte d’azur est lui un des meilleurs exemples de maîtrise dans un genre redouté et redoutablement exigeant. En se bonifiant avec le temps, et en offrant une œuvre bizarroïde mais aussi paradoxalement relativement accessible, il confirme que son travail et sa ligne directrice sont beaucoup plus recherchés et sérieux que l’on pourrait le croire de prime abord, tout en ne surchargeant pas l’ensemble d’effets inutiles qui pourraient servir de repoussoir. Comme d’habitude avec lui, il faudra du temps et de la patience pour assimiler cette galette improbable, qui ne sera pas approuvée par toutes les oreilles, mais qui demande néanmoins que l’on s’y penche avec attention rien que pour saluer la prise de risques effectuée, et surtout le résultat intéressant et d’une grande diversité où chacun pourra sans doute trouver quelquechose qui lui plaira.
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