Acherontas - Amarta (Formulas of Reptilian Unification Part II)
Chronique
Acherontas Amarta (Formulas of Reptilian Unification Part II)
Difficile pour l’humble pèlerin de suivre la carrière d’Acherontas qui enfile les albums et les splits (et non les slips) comme d’autres enfilent les perles. La créativité du sieur m’avait tout simplement ébloui à l’époque de Stutthof, ce qui m’avait amené à porter mon attention sur Acherontas dès Vamachara.
Les ambiances occultes as fuck développées par le groupe, mêlées à un BM très travaillé, atmosphérique et puissant (Tablets of Mercury), épique et violent, offre au groupe des contours originaux, qui en font un modèle un peu à part sur la scène. Amarta, le dernier venu, ne déroge pas à la règle. Les structures surchargées, qui étaient déjà la marque de fabrique de Stutthof, sont toujours présentes ; elles se taillent la part du lion (Schism of Worlds et son emphase couplée à une voix surpuissante, comme invoquant les démons directement de l’Enfer). Le rapprochement avec Stutthof est criant, c’est un fait. Mais la comparaison est tellement flatteuse qu’elle passe sans même qu’on s’en aperçoive. L’architecture des titres est très alambiquée, comme toujours, presque prog’, mais dopée par une violence débridée (Rosa Andromeda) qui donne le sentiment d’être comme emporté par les eaux. Les lead de guitares échevelés, le côté chaotique de la rythmique comme les arrangements très fins sur la batterie (Sopdet Denudata) renvoient une impression d’explosion maîtrisée, de cavalcade obscure au travers de bois impénétrables.
Le travail sur les guitares est, marque de fabrique là encore, remarquable. Les arabesques dessinées confèrent aux morceaux les atours d’un véritable travail d’orfèvre (le départ quasi arabisant de I am Ness, The Tradition of Eye ou encore Schism of Worlds ; les envolées de Rosa Andromeda). Ce d’autant que le son, très organique, et la voix d’Acherontas, possédée, tournoyante, enveloppante et déclamée, accompagnent leur évolution dans une parfaite alchimie (Sopdet Denudata). L’immersion est totale, comme plongé dans une messe noire interdite (les chœurs qui portent la structure sur I am Ness, accompagnant le ralentissement du morceau ; la lente progression ou reptation selon les cas de Sopdet Denudata ou de Yesod Inversum).
La science de la composition d’Acherontas explose littéralement à l’oreille de l’auditeur ; l’équilibre réalisé entre accélérations épiques, explosions de pure violence extatiques et ralentissements surnaturels, comme coupés du temps, peut paraître courant en la matière. Il est ici brillant, comme il l’était chez Stuttofh.
Plus encore, ce sont parfois de véritables moments de grâce que le groupe convoque. Sur le très long – et très beau – Savikalpa Samadhi (qui aborde la religion indou), Acherontas change d’optique, en partie, pour délivrer via quelques chœurs de toute beauté et par le biais d’accords aériens une partition poétique, extatique et très introspective. La clôture du morceau, tout en arpèges acoustiques, porte littéralement l’auditeur en d’autres sphères.
L’amateur de BM de haute volée, le déçu des derniers Drudkh, le blasé de la violence sans queue ni cornes, trouvera ici de quoi repaître sa soif d’ambiances occultes, de chaos maîtrisé et de structures emballantes. Un disque brillant.
| Raziel 1 Mai 2018 - 1482 lectures |
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