Acherontas - Ma-IoN
Chronique
Acherontas Ma-IoN
(Formulas Of Reptilian Unification)
Voilà une sortie de cette année zappée (un peu volontairement, il faut bien le dire) de ma part. Arrivé dans une période où j'étais plus prompt à écouter des choses doucereuses et délicates, le dernier effort des grecs d'Acherontas n'aura su attirer mon attention qu'en cette fin de mois d'Août. Mais comme dit l'adage : « Mieux vaut tard que jamais ». Et, ô surprise, « Ma IoN (Formulas Of Reptilian Unification) » s'est révélé être un disque des plus aboutis et intéressants. Pas si étonnant quand on parle tout de même d'Acherontas : feu-Stutthof (« And Cosmos From Ashes To Dust » est pour mémoire un disque que n'importe quel amateur de Black Metal se doit d'écouter...) et responsable du très bon
« Theosis » qui remonte déjà à 2010.
Acherontas a progressivement lâché ses mélodies héritées de Stutthof qui étaient à l'origine d'une bonne partie de la réussite effectuée sur
« Theosis » et nous gratifie donc d'un formule 2015 de son Black Metal, visiblement toujours inspirée par ses petits copains de Nightbringer (quelques dissonances, notamment sur le morceau éponyme, et des ambiances rappelant fort le Colorado) et par Dødsengel, son « Imperator », ses samples ethnico-chantés, ses titres sans fin, ses concepts théologiques... Logique en fin de compte, puisque la nébuleuse qui forme ces groupes est assez apparente pour peu qu'on recoupe les membres, les splits et les structures qui les distribuent. En résulte donc une volonté de transcender son Black Metal, de le rendre toujours plus orthodoxe et sinueux.
Un choix qui s'opère en premier lieu par un concept visuel (très belle pochette au passage) et textuel qui n'est pas sans faire de l’œil à la mythologie grecque, à quelques références théistes et à un soupçon d'influences orientales et allemandes. Rien de bien nouveau sous le soleil finalement puisque les hellènes sont plutôt coutumier de ces cultures et n'ont eu de cesse de les mettre en valeur dans leurs travaux. On se retrouve donc avec un « Fires Of Prometheus » en guise d'ouverture épique qui a le mérite de nous mettre dans le bain sans faire de simagrées même s'il est loin d'être le meilleur titre de l'opus. En réalité c'est sur le titre éponyme que la machine se met vraiment en route puisqu'il est un très bon exemple de composition labyrinthique sachant aussi bien allier des mid-tempos occultes, des riffs tournoyants et une once de mélodie qui n'est pas sans nous rappeler le passé de la formation. Un gros moment de classe qui permet à l'auditeur un peu décontenancé par un début d'album étrange (un morceau d'introduction épique / un titre assez peu marquant / une interlude en troisième position) de mettre enfin le pied à l'étrier et de commencer à galoper dans les grottes de pierre éclairée à la bougie où on se la kiffe bien volontiers en partageant du sang dans un calice.
A partir de là, c'est donc l'autoroute vers la spiritualité la plus sincère, la liaison Gaïa – Ouranos et éventuellement un petit peu d' « Apocalypse-Selon-Saint-Jean » puisque c'est toujours du meilleur effet dans un disque de ce style. Bon on reprochera toutefois à « Shaman And The Waning Moon » d'être une interlude franchement longuette et de tromper le chaland qui s'attend à une grosse montée en puissance qu'il n'aura jamais. Mais sachez tout de même qu'il y a du Bouzouki et ça, ça vaut son pesant de cacahuètes surtout quand il est excessivement bien intégré à l'ambiance, ce qui est le cas ici. On a donc mis le doigt sur le principal problème de « Ma IoN » qui laisse peut-être trop de place aux pistes ambiantes, ce qui a tout de même une fâcheuse tendance à briser le rythme instauré par les pièces de Black Metal titanesques et bien construites. Dans ce registre on mentionnera l'enchaînement « Lunar Transcendance & The Secret Kiss Of Nut » / « The Awakening Of Astral Orphic Mysteries » qui est tout bonnement mortel en terme de densité et d'intensité. Sur les titres les plus longs, Acherontas renoue avec sa formule magique qui consiste à superposer les couches mélodiques et le résultat fait toujours mouche. Un choix qui donnera le sourire aux amateurs de
« Theosis » qui se révèlent bien souvent être des déçus d' « Amenti – Ψαλμοί αίματος και αστρικά οράματα ».
Vous l'aurez compris, nous sommes ici devant un projet mûrement réfléchi et calculé pour offrir une dimension mystique à son auditoire. Dommage cependant que certains chocs musicaux (encore une fois, ce fameux « Ma IoN (Formulas Of Reptilian Unification) » qui est un des tout meilleurs titres d'Acherontas ou le colossal « The Awekening Of Astral Orphic Mysteries ») soient un tantinet atténués par des morceaux bruitistes qui peinent parfois à maintenir la pression. Le tout pour un constat final nettement positif mais qui peut faire rager. Surtout au vu de la longueur de l'album, parfois franchement handicapante (une heure et dix minutes quand même...) pour s'immerger complètement dans le travail du groupe.
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