Si certains artistes mettent des lustres à donner de leurs nouvelles Florent Lambert et son projet solo n’est pas de ceux-là, car à peine plus de sept mois après
« How Long Shall I Suffer Here ? » (sorti en octobre dernier), le revoilà déjà avec une nouvelle livraison sous le coude qui continue le travail entamé précédemment, tout en repoussant plus loin ses limites. Car ici, et pour la première fois de sa carrière, il intègre des parties vocales alors que jusqu’à présent il se distinguait par son côté 100% instrumental et barré. En effet il souhaite désormais franchir une nouvelle étape dans l’existence de son bébé, fini donc les délires inspirés par les mangas et les jeux vidéo et place désormais à une musique plus classique où la lourdeur côtoie des ambiances plus apaisantes, le tout avec une voix puissante qui n’est pas sans rappeler Jens Kidman de MESHUGGAH. Pour tenir le micro le multi-instrumentiste a fait appel au chanteur de OESTRE Mickaël Ratinaud, qui réalise une prestation impeccable et qui par moments n’a rien à envier à son homologue suédois tant son timbre se révèle adapté et sa diction proche de celui-ci.
Cependant réduire ce quatrième opus à une pâle copie des vétérans scandinaves serait une erreur, certes on retrouve des éléments qui lui sont caractéristiques, mais aussi de nombreux passages plus personnels et jamais entendus chez HEPTAEDIUM, comme pour se détacher de son passé. Pourtant au départ son leader reprend un schéma déjà entendu auparavant avec « Watch Me Break The Neck Of Hypocrites » où les relents Djent et parties syncopées auraient eu toute leur place sur sa précédente livraison, tant cela reste assez convenu au niveau des rythmiques, même si l’on sent des touches aériennes. Le clavier va d’ailleurs avoir un rôle important par la suite, tout en étant moins synthétique que par le passé, vu qu’ici il apporte de la mélodie et une sensation de plénitude qui s’accorde parfaitement au côté spatial mis en avant. En effet au fur et à mesure que l’écoute s’avance on va s’apercevoir de ce voyage cosmique et relaxant, qui se mêle à la guitare et à la batterie massives, car si cela apparait encore furtivement sur l’agréable et basique « Spill Torrents Of Carcass On The Ground And Piss On Them », il se fait plus marqué sur « Till The Seventh Snake Eat Their Empty Shell ». Ici tout est poussé plus loin et plus haut, et entre un assemblage de notes posées sur un tempo écrasant et lent on retrouve un côté voyage vers l’infini fort agréable et surtout qui amène un vrai plus, au milieu d’une écriture plus tortueuse et qui va dans tous les sens, mais sans perdre sa ligne directrice.
D’ailleurs si on avait pu remarquer au début de l’album l’influence vocale de la bande à Tomas Haake elle devient plus importante sur « I’m A Symmetric Mass Of Hate » tant le sens du riff rappelle celui de la paire Fredrik Thordendal - Mårten Hagström, avec un côté remuant agréable que l’on entend au début et à la fin. Car au milieu outre un break calme et plein de mélancolie, c’est surtout un rythme très bas et oppressant auquel on a droit, et qui permet ainsi d’obtenir une compo qui joue le grand-écart stylistiquement et rythmiquement. Comme pour reprendre son souffle l’instrumental « Trapped In A Gravitational Abyss » arrive à point nommé et se révèle parfait en guise d’interlude, tout en se décomposant de deux parties distinctes, avec la première planante aux notes toutes fines et la seconde où l’électricité s’efface au profit d’un synthé tout aussi tranquille et délicieux, qui permet de mieux apprécier le long et étonnant « I’m The Great Herald Of Misery ». Car si jusqu’à présent les morceaux ne s’éternisaient pas, celui-ci va au contraire s’étirer en longueur (voire même un peu trop) tout en semblant retrouver le style des précédents disques. Enchaînant entre fulgurances de blasts et parties massives avançant au pas, cette ultime composition s’arrête, se casse et repart dans tous les sens pour mieux dérouter et surprendre, notamment par son phrasé tout aussi découpé que la rythmique globale et sa fin d’une douceur absolue.
Bref ça part dans tous les sens et ça montre surtout que l’ancien visage du projet n’est pas totalement refermé et heureusement, car il est évident que cette orientation à la fois vocale et conceptuelle va forcément faire parler et étonner ceux qui le suivent depuis le début. Cependant tout ceci passe très bien le cap des écoutes, et autant l’ami Florent risque de perdre des fans historiques il est aussi probable qu’il en gagne de nouveaux, attirés par cette facette plus simple et directe. A voir donc sur la durée comment la tête pensante va gérer son œuvre, car on est curieux de savoir si cet album à-part dans sa discographie restera un cas unique ou si l’expérience se prolongera dans l’avenir. Ce qui est certain en tout cas c’est que l’examen de passage et la prise de risques est réussie, notamment grâce une fois encore à durée idéale qui évite l’ennui et le décrochage, et à une prestation vocale de haute volée (il a un timbre sacrément puissant le bougre) dont on aimerait en entendre plus dans l’avenir, même si on ne sait pas encore si l’expérience entre les deux acolytes perdurera dans le futur, à voir donc !
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