Nusquama - Horizons Ontheemt
Chronique
Nusquama Horizons Ontheemt
Mine de rien, il m'aura fallu un peu de temps pour que je laisse Haeresis Noviomagi retrouver une place de choix dans mon petit coeur de fanboy. J’exagère ? Pas tant, pas tant... C'est que la découverte du label de Nijmegen tenait, pour moi, plus du coup de foudre que de la simple rencontre au détour d'un Bandcamp. .
En lieu et place d'une énième structure distribuant les créations d'obscures formations, j'y ai trouvé la cohérence incarnée. L'homogénéité. De la charte graphique de chacune de leur sorties, jusqu'à la qualité musicale des poulains d'Haeresis Noviomagi, tout n'était que constance dans la qualité. Chez Lubbert Das comme chez Turia (et Iskandr, bien sûr), chacune des offrandes proposées par cette écurie strictement underground possédait son charme, son ambiance : faire l'acquisition d'une cassette, c'était tout autant soutenir la scène que tenir entre ses mains un petit bijou de créativité. Et puis... Le temps a passé, et le label m'a lassé. Par le biais de splits dispensables, de projets chiants comme la pluie (Solar Temple en tête), par un long-format d'Iskandr très décevant, notamment. J'attendais l'arrivée d'un "album sauveur" qui raviverait mon intérêt pour cette curieuse chapelle. C'est ainsi que Nusquama entre en scène.
Ceux qui ont cherché à gratter la surface savent que les principales formations d'Haeresis Noviomagi fonctionnent sur le modèle "Legions Noires". Non, ils ne sonnent pas comme un sèche-linge enregistré sur un 4 pistes: ils échangent leurs membres entre eux (et savent jouer, surtout). Cette consanguinité qui aurait pu nuire est en fait une véritable force, surtout au sein de Nusquama, qui me fait l'effet du prototype même du super groupe de label, construit dans l'unique objectif de botter des derrières. L'équation est simple : si tu prends ce qui fait le meilleur de chacune de tes formations, forcément, le résultat ne pourra qu'être grandiose. Sortant conjointement sur HN pour le format cassette et Eisenwald pour le support galette, "Horizons Ontheemt", en plus d'être un modèle de Black Metal racé, me réconcilie avec ses géniteurs.
Ce premier long-format de Nusquama brille sur bien des points. Le son, pour commencer, d'excellente facture. Prenant le contrepied du précepte de sa grande Maison, qui imposait presque de sonner crûment pour épaissir encore le voile de mystère, "Horizons Ontheemt" a été mixé au Priory Studios, connus pour leur travail sur Esoteric, Fen, Wodensthrone ou encore Grave Miasma. Rien que ça. En résulte un son massif, précis, marqué par une batterie sèche, des cymbales épaisses, et des lignes de guitare plus incisives que jamais, rendant pleinement justice aux riffs si particuliers d'Omar et Nicky ainsi qu'à la voix, aussi puissante que douloureuse, de T. (que l'on connaissait déjà dans Turia). C'est propre, oui, mais sans jamais laver plus blanc que blanc : le panache des compositions et des paysages désolés tricotés par les cordes reste intact. "Horizons Ontheemt" reste un album qui vit, qui souffre, une entité d'une homogénéité peu commune qui doit être prise dans son intégralité pour être appréciée à sa juste valeur. Nusquama ne cherche pas à expérimenter, il fait comme tout super groupe de la planète : tirer le meilleur de ses racines en y apportant la puissance et le bagage de chacun des musiciens qui le composent. Ainsi, difficile d'isoler un seul temps fort tant le full-length est imposant. Du foudroyant final de "Vuurslag" et son riff qui transpire l'errance, en passant par les montées et descentes de manche "montagnes russes" de "Eufrozyine" ou le proto D-beat saucé aux breaks à la caisse claire de "Met Gif Doordrenkt", "Horizons Ontheemt" ne dévie certes jamais de sa trajectoire, mais ne cède jamais à la facilité. Il a beau vouloir nous en faire baver, il sait parsemer ses compositions de petits sursauts pour éviter la lassitude. Gentil, hein ? Touchant, aussi, à l'image de la galette.
Bien avant le désespoir, c'est la passion qui transpire de chacune des six compositions de cet opus. Le quintet n'a plus rien à prouver, et plutôt que de se contenter de donner dans le simplet, ses membres ont mis les tripes sur la table, comme ils en avaient l'habitude, pour proposer une œuvre proprement habitée. Si son apparente linéarité pourra en rebuter certains, ceux qui auront la patience de creuser cet "Horizons Ontheemt" (à l'image de la pochette) y trouveront tout ce qui fait la richesse du Black Metal dès lors qu'il est bien fait, et suinte l'authenticité. Ni plus ni moins qu'une pépite des Pays-Bas, qui démontre avec brio que même les scènes plus "confidentielles" recèlent des trésors cachés.
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