Fullsail, si tu me lis : jette une oreille à ce disque car je pense qu’il a tout pour te plaire !
Mais peut-être ne m’as-tu pas attendu pour écouter
Ineffabilis. Après tout, Haut&Court n’est pas tout à fait inconnu, et certainement pas par ici, les Strasbourgeois m’ayant déjà plu au point de souhaiter parler d’eux par deux fois avec le court
La Vie et le haut
Troffea. Peut-être même les aimes-tu au point d’avoir suivi leurs pérégrinations, notamment dans l’embauche d’un nouveau chanteur ainsi que d’un bassiste, et que donc tu accueilles ce deuxième album comme une surprise après quatre ans où le projet donnait peu de signes de vie.
Mais peut-être ne les connais-tu pas et, dans ce cas, je t’invite à écouter
Ineffabilis. Certes, tu as vu à la note que je suis un peu mitigé sur ce nouvel essai. Mais crois-moi : si les mots « massif », « abrasif », « jouissif » ou des expressions comme « terrorisme sonore » ou « fuite en avant » te mettent l’eau à la bouche, si tu aimes ton batteur technique, aussi à l’aise dans le groove que dans le convulsif, si la perspective de te faire retourner le cerveau par des riffs frôlant le chaotique tout en gardant l’efficacité comme but principal t’enchante, alors il n’y a pas d’hésitation à avoir !
D’ailleurs, je vais être honnête : j’ai longuement hésité à te demander de chroniquer ce disque, tant je pense que ce nouveau court-jus peut te plaire davantage qu’au snobinard que je suis devenu. Musique capitalisant autant sur le physique (notamment dans les changements abrupts de tempos, où ça adore prendre en traître) ne me fait plus le même effet qu’avant. Il faut dire que Haut&Court joue un style qui ne parlera totalement qu’aux personnes faisant encore tourner avec fanatisme les plus cossues réalisations du label Southern Lord, nostalgiques d’une époque où les formations mélangeaient ce qui pouvait se faire de plus extrême et accrocheur, grind, hardcore, death metal, pour briser des crânes sans se prendre la tête, avec la petite touche de noirceur pour appuyer que cette violence n’est pas totalement gratuite. Tout cela, Haut&Court le fait bien, même si les vingt minutes de
Ineffabilis sont clairement trop frustrantes, l’essai étant encore plus court que celui de 2015.
Ho, il est sûr qu’après quatre ans à ronger son frein, on a tendance à valoriser l’accélérateur. Et ça, Haut&Court le montre de belle manière dès « Everything Means Nothing » ! Avec en plus un hurleur qui n’a rien à envier au précédent, école grogne sous testostérone, il a tout en main pour remplir le peu d’espace qu’il s’autorise, valorisant clairement l’expéditif jusqu’à la conclusion « The Void of Being » et son concassage down-tempo. C’est justement ça qui me chagrine, tant les remarques faites à l’époque de
Troffea sont de nouveau de mises : trop modeste, le groupe aurait clairement à gagner à appuyer un peu plus ce début d’ambiance que l’on sent dans sa musique, cet aspect négatif derrière le jouissif, quitte à perdre en force de frappe ce qu’il gagnerait en longévité.
Mais ces choses mises de côté, aucune raison de bouder son plaisir.
Ineffabilis s’adresse clairement aux amateurs de grind ne s’embêtant pas avec les catégories, trop pressés qu’ils sont à casser ce qui les entoure. Tu peux donc foncer tête baissée, Fullsail, car il y a de quoi accompagner ici de magnifiques rencontres entre amoureux de baston sans règles. Rendez-vous dans l’octogone.
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