Dagger Lust - Siege Bondage Adverse To The Godhead
Chronique
Dagger Lust Siege Bondage Adverse To The Godhead
Dans la famille du collectif Vrasubatlat, voici Dagger Lust, l’un des derniers groupes (avec Adzalaan) dont nous n’avions pas encore parlé ici sur Thrashocore. Formé en 2016 sur la base d’un trio, on retrouve bien entendu dans ce dernier monsieur Rory Flay (Ash borer, Triumvir Foul, Serum Dreg, Utzalu, Uškumgallu...) accompagné pour l’occasion par Tony Thomas de Torture Rack et Witch Vomit et d’un certain Jackson Abdul-Salaam adepte de projets Noise/Power Electronics ayant déjà collaboré avec le collectif sur les albums de Triumvif Foul et Uškumgallu. Après deux démos cassettes parues en 2016, le groupe a sorti l’année dernière son premier album intitulé Siege Bondage Adverse To The Godhead.
A l’image des albums de Serum Dreg et Utzalu, ce premier essai longue durée n’a de long que le nom puisque celui-ci ne culmine qu’à seulement vingt-quatre petites minutes. Pas de quoi s’étouffer mais c’est largement suffisant pour se faire une idée de quoi il retourne. D’autant que la formule proposée par Dagger Lust s’apprécie bien mieux sur ce genre de format court.
Enregistré et produit en famille par Evan Mersky (Witch Vomit, Sempiternal Dusk, Triumvir Foul, Adzalaan…) et Andrew Oswald (Ash Borer, Serum Dreg, Uškumgallu…), la production de ce premier album ne réserve pas de surprises particulières même si elle diffère néanmoins assez largement de celles choisies pour les autres projets du clan Vrasubatlat. Évoluant dans les eaux troubles et mouvementées d’un Black/Death aux prédispositions Noise évidentes, le son se montre ici particulièrement compact et saturé (cette basse tellement abusée) avec notamment l’ensemble des instruments au premier plan et les voix écorchées et complémentaires de Rory Flay et Tony Thomas perdues quelque part au loin.
Si sur le papier, la recette imaginée par le trio peut sembler des plus ordinaires (combien compte-t-on de formations estampillées « Black/Death » ?), la réalité est cependant tout autre. Connu pour l’étendue de son talent artistique et la diversité de ses divers projets, Rory Flay s’extirpe quelque peu des standards en la matière pour aller s’acoquiner avec des sonorités peu usitées dans le milieu ou en tout cas à de rares exceptions. Quelque part entre Revenge, Knelt Rote, Tetragrammacide ou bien encore Nyogthaeblisz, Dagger Lust s’en distingue en ne jouant pas systématiquement la carte de la surenchère, n’hésitant pas à ralentir considérablement la cadence le temps de titres ("Corroded Vein", "Perverse Devine", "Antediluvian Battery") ou de séquences ("Black Blood In Mockery", "Siege Bondage Adverse To The Godhead") flirtant sans vergogne avec le Sludge le plus poisseux et cradingue (comme une version Black/Death de Buzzov•En).
L’autre spécificité de Dagger Lust ce sont ces plages bruitistes servi par Jackson Abdul-Salaam. Accompagnant chacun des titres de ce premier album, celles-ci servent autant à introduire et à conclure qu’à habiller chaque seconde de ce Siege Bondage Adverse To The Godhead. Couplées alors à cette production terriblement dense et saturée, les compositions en deviennent naturellement plus exigeantes alors même que le Black/Death de Dagger Lust se caractérise en partie par ces nombreuses baisses de régime évoquées un peu plus haut. Que les quelques allergiques se rassurent, la place de ces plages Noise/Power Electronics ne sont pas si encombrantes et instaurent à vrai dire une atmosphère particulière à l’ensemble, froide et implacable. A l’inverse, les voix sombres et torturées de Rory Flay, Tony Thomas et Jackson Abdul-Salaam (growls et cris de possédés) nourrissent ces ambiances avec quelque chose de beaucoup plus animal et viscéral.
Destiné à un public averti capable d’apprécier ce genre de mélanges, Dagger Lust réussi à se faire remarquer par une approche somme toute assez personnelle en dépit de ces rapprochements dressés plus haut. Une chose est sûre, Siege Bondage Adverse To The Godhead n’est pas un album particulièrement facile à appréhender tant il se plaît à brouiller les pistes, jouant dans un premier temps la carte d’un Black/Death sauvage et expéditif avant de prendre une tournure beaucoup moins véloce mais au moins tout aussi tendue et anxiogène. Dans les deux cas, on est pris ici dans un voyage tourmenté qui pourrait bien avoir raison de votre bien-être psychologique. Quand je vous disais que vingt-quatre minutes c’était suffisant, ce n’était pas pour faire genre...
| AxGxB 5 Août 2019 - 714 lectures |
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