Darkened - Into The Blackness
Chronique
Darkened Into The Blackness (EP)
Il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes pour montrer tout son potentiel, c’est ce qu’a dû se dire le quintet au moment de sa création l’an dernier et qui malgré la distance entre chacun de ses membres a réussi à sortir un des disques les plus intéressant de cet été, et probablement même de 2019. Les gars peuvent en tout cas remercier la technologie actuelle qui permet de créer sans forcément être proche géographiquement, car ceux-ci résident à la fois en Suède, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, et de ce fait on se doute qu’il n’est pas aisé pour eux de se voir pour écrire pour comme répéter. Pourtant grâce à l’aide d’internet et du vécu musical de chacun les choses ont pu se faire relativement simplement, il faut dire que sous cette entité on retrouve notamment quelques vieux briscards comme Hempa Brynolfsson (ex-EXCRUCIATE), Linus Nirbrant (A CANOROUS QUINTET, THIS ENDING), Daryl Kahan (FUNEBRARIUM, ex-DISMA) et Andrew Whale (MEMORIAM, ex-BOLT THROWER), bref que de l’expérimenté qui sait ce qu’il veut. Si on a déjà vu par le passé que l’alignement de grands noms n’est pas forcément gage de réussite ici au contraire elle est parfaitement au rendez-vous, et en à peine un quart d’heure la formation va marquer durablement les esprits avec son Death à l’ancienne qui privilégie l’accroche et l’efficacité, à la technique outrageante.
Si la durée générale peut sembler courte il n’y a en revanche absolument rien à jeter, et cette première livraison de très haute tenue donne déjà envie d’écouter une suite sur un long-format que l’on espère venir rapidement. En effet dès l’introduction éponyme terminée c’est le redoutable « The Offering » qui se fait entendre et qui va donner le ton global de cet EP, en alternant de façon équilibrée entre passages rapides remuants et d’autres plus lents et glaciaux. D’ailleurs ces guitares froides et cette rythmique redondante nous renvoient vers la regrettée formation de Karl Willetts, d’autant plus quand le jeu de batterie typique et reconnaissable de son ancien frappeur (fait de roulements réguliers et de cassures) est de sortie. Cependant ça n’est pas un copier-coller même si ça y ressemble, et avec une construction simple et prévisible (mais qui ne tombe dans pas le ronronnement) ce démarrage n’est que le premier chapitre avant les deux suivants qui vont monter crescendo en qualité. En effet « Darkening Of My Soul » va jouer lui majoritairement sur le mid-tempo particulièrement entraînant et massif, tout comme sur la double pédale qui s’en donne à cœur-joie. Ponctué de quelques accélérations redoutables (même pour les nuques les plus résistantes) et de ralentissements courts mais bien troussés, ce titre voit à l’instar du précédent un solo impeccable et légèrement mélodieux qui s’agglomère parfaitement à l’ensemble, permettant ainsi de souffler et de conserver cette dynamique que rien ne semble pouvoir arrêter. Celle-ci trouve son coup de grâce sur l’excellent « Unredeemed » qui comme ses prédécesseurs ne se pose pas de questions, et mise ici plus fortement sur le grand-écart entre vitesse et lenteur (présents de façon homogène), qui amène ainsi un supplément de lourdeur afin de renforcer la puissance générale et ce sentiment d’oppression qu’on apprécie d’écouter à chaque fois, comme tout le reste de cette galette d’ailleurs.
S’il l’on était tatillon il y’aurait cependant une chose qu’on pourrait lui reprocher c’est qu’elle est beaucoup trop courte, tant on en aurait bien repris un peu plus, mais cela n’est finalement que mineur car sous ses airs directe et brute de décoffrage la musique du combo se révèle plus fine qu’il n’y paraît, et montre suffisamment de variations pour ne pas sombrer dans la linéarité. Ne révolutionnant rien mais ça n’est d’ailleurs pas son but la bande signe un coup de maître qui ne devrait pas rester sans lendemain, c’est tout ce qu’on peut espérer, vu qu’elle oublie les différentes influences personnelles de chacun de ses membres, afin de ne faire qu’un et privilégier ainsi le collectif. Avec chaque plage différente l’une de l’autre (mais où la trame générale reste cependant identique tout du long) où le feeling et le groove priment sur la brutalité pure et exacerbée, nul doute que ce « Into The Blackness » (qui rend hommage à un Metal de la mort qui sent bon le passé sans pour autant le plagier), possède suffisamment de bons points pour se démarquer du nombre important de sorties dans le même genre. En espérant désormais que le groupe continue dans cette même voie et ne s’éparpille pas, mais visiblement cela ne semble pas être à l’ordre du jour pour lui, et c’est tant mieux !
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