Revulsed - Infernal Atrocity
Chronique
Revulsed Infernal Atrocity
Pour commencer, rendons à César ce qui appartient à César puisque sans l’intervention du label italien Everlasting Spew Records je serais sûrement passé complètement à côté de Revulsed, groupe australien formé il y a déjà dix ans et dont la signature début 2019 sur le label de Montichiari lui a probablement offert un poil plus de visibilité. Si ce deal s’est fait à travers l'annonce d’un nouvel album (largement retardé depuis puisqu'il avait été annoncé pour la fin de l’année dernière), celui-ci a également été officialisé à travers le premier pressage vinyle de l’album Infernal Atrocity sorti initialement en 2015 via Permeated Records (Soils Of Fate, Septycal Gorge, Embryonic Depravity, Despondency...).
Originaire de Melbourne, Revulsed se forme en 2010 à l’initiative de Jayson Sherlock, ancien batteur de Mortification (l’un des premiers groupes de Death Metal australien d’obédience chrétienne) et du guitariste Sheldon D'Costa. Le duo va passer les cinq années suivantes à composer les titres de ce premier album qu’ils enregistreront avec l’aide de l’Allemand Konstantin Lühring, chanteur bien connu des amateurs de Brutal Death puisqu'il a notamment participé quelques temps à l’aventure Defeated Sanity. Depuis la sortie de Infernal Atrocity, Konstantin Lühring s’en est allé et Revulsed à accueilli dans ses rangs deux nouveaux membres, le bassiste Mark Smith et le chanteur Damien Miriklis.
Illustré par le Suédois Pär Olofsson (Spawn Of Possession, Immolation, Cannabis Corpse, Exodus...), ce premier album s’inscrit dans le registre d’un Brutal Death plutôt à l’ancienne qui a le bon goût de ne pas en faire des caisses, notamment en matière de production. Cette dernière est ainsi particulièrement bien équilibrée avec en premier lieu un très bon travail sur la batterie de Jayson Sherlock (normal me direz-vous puisqu'il officie également en tant que producteur). Parfaitement dosée, les amateurs apprécieront certainement cette caisse claire très typée année 90 (un son naturel qui claque bien comme il faut) ainsi que cette grosse caisse trigguée intelligemment. Pour coller à l’époque et ne pas se tirer une balle dans le pied face à une concurrence pourtant désœuvrée, Revulsed a su également y insuffler ce qu’il faut de puissance (Infernal Atrocity n’a clairement pas à rougir face à toutes ces productions modernes et aseptisées) et de caractère (guitares abrasives, rendu mélodique limpide, basse aux rondeurs métalliques) pour ne pas passer inaperçu. Un atout de poids qui joue bien évidemment en faveur des Australiens.
Cependant, Revulsed n’a pas que pour lui une production soignée et équilibrée mais également des musiciens plutôt inspirés qui en dépit d’influences pour le moins évidentes (de Suffocation à Deeds Of Flesh en passant par Defeated Sanity), vont livrer un premier album d’une efficacité exemplaire et d’une qualité suffisamment rare dans le milieu du Brutal Death Technique pour être citée. Car même si le groupe n’invente rien, il a pour lui le sens du riff qui tâche et de la formule qui tranche. Seul derrière son instrument, Sheldon D'Costa tricote tous ses riffs en leur insufflant de la technique (ces sweeps et autres successions de notes sur le manche de sa guitare), une grosse dose de nervosité (en terme de vélocité, l’Australien n’a pas spécialement à rougir face à la concurrence), un soupçon de groove (notamment lorsque le tempo tend à ralentir) et ce qu’il faut de mélodie (la qualité et le feeling de chaque solo est ici indiscutable) pour apporter, selon les moments, un brin de nuance à l’ensemble.
D’ailleurs, Revulsed est loin de l’archétype du groupe de Brutal Death bovin et sans finesse. Car même si on peut évidemment se réjouir et surtout se délecter de ces nombreuses accélérations à base de blasts, semi-blasts et autres tchouka-tchouka des familles, le groupe australien prend également un malin plaisir à ralentir la cadence et ainsi offrir au-delà de quelques ralentissements bien sentis car taillés pour briser des nuques, de belles séquences mid-tempo permettant aux musiciens de faire montre, une fois de plus, de tout leur talent. Des séquences particulièrement bien composées qui, pour certaines, ne sont pas sans faire échos à celles de Defeated Sanity sur l’excellent Dharmata ("Agonising Putrid Self-Infliction" à 1:59, "Archetypal Cauterization" à 1:45). En parallèle, on se délectera également de cette basse qui a su trouver sa place dans le mixage final. Un instrument parfois injustement ignoré et qui ici va apporter une réelle dynamique supplémentaire, que ce soit lors des séquences plus en retenues où celle-ci se fera davantage entendre que lors des passages menés pied au plancher. Enfin côté chant, la prestation de Konstantin Lühring reste plutôt fidèle à ce qu’il a su faire chez Defeated Sanity avec ce même growl putride et profond offrant par moments quelques variations bienvenues.
Loin de révolutionner le petit monde du Brutal Death (Technique), Revulsed n’en a pas moins sorti un album fort recommandable. En premier lieu parce qu’il évite tous les travers d’un genre désormais à bout de souffle, plombé par ses multiples erreurs de parcours devenues, on ne sait comment, des standards que la majorité des groupes se plaisent à copier/coller (production en plastique recyclable, abus de subterfuges rythmiques de type "breakdown", manque flagrant d’inspiration, vocaux gutturaux à la ramasse...). Ensuite, parce qu’Infernal Atrocity est un album savamment composé et exécuté, le rendant d’emblée forcément très sympathique mais surtout toujours extrêmement agréable à chaque nouvelle écoute. Enfin parce que Revulsed a su parfaitement doser la balance entre feeling old school et approche plus moderne. Le résultat est ce premier album particulièrement solide qui méritait sa place ici. Maintenant, la suite, et vite...
| AxGxB 29 Janvier 2020 - 1522 lectures |
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