Faceless Entity - In Via Ad Nusquam
Chronique
Faceless Entity In Via Ad Nusquam
Faceless Entity est le genre de groupe qui porte décidément très bien son nom. Comme la plupart de ces projets évoluant dans le registre d’un Black Metal particulièrement primitif et dépouillé, on ne sait rien ou presque de cette formation. En l'occurrence, les seules informations que nous avons à notre disposition ici sont que le groupe est originaire des Pays-Bas et qu’il compte à son actif quatre démos et un album paru il y a deux ans sur les labels de la péninsule ibérique que sont Altare Productions (Black Cilice, Ostots, Candelabrum...) et Nebular Carcoma Records (Darvulia, Ravenmoon Sanctuary, Lubbert Das...). Pour le reste, il faudra s’armer de courage et surtout faire preuve de beaucoup d’abnégation pour espérer en apprendre davantage. D’autant plus que même les membres du groupe évoluent ici sous de simples numéros (Faceless Entity I, Faceless Entity II, Faceless Entity III...).
Intitulé In Via Ad Nusquam, ce premier album répond sans surprise à quelques standards du genre à commencer par cet artwork en noir et blanc particulièrement réussi qui ne sera probablement pas sans attiser la curiosité des amateurs de Black Metal des cavernes ou cette production volontairement bancale et cradingue qui risque une fois encore dans laisser plus d’un sur le bas-côté. Pourtant, c’est bel et bien ce qui donne tout son charme à ce genre de Black Metal : ce côté froid, décharné et maladif porté par des compositions inquiétantes aux voix lointaines et fantomatiques.
Cette quête d’authenticité, si elle peut parfois sembler proche de la fumisterie et du ridicule (tirages limités à quelques dizaines d’exemplaires, prix exorbitants sur le marché de la revente, productions et exécutions à la limite de la parodie, attitude un brin trop calculée pour être tout à fait honnête...), a néanmoins toujours eu cours dans le Black Metal. Il n’y a donc rien d’étonnant à voir encore aujourd’hui des groupes s’appliqués à restituer certaines valeurs d’un autre âge. C’est dans ce schéma que s’inscrit la musique de Faceless Entity qui n’entend pas séduire le chaland par de quelconques apparats superficiels mais plutôt rendre hommage à une esthétique sonore et visuelle particulièrement tranchée.
En effet, pas de demi-mesure chez Faceless Entity dont le Black Metal est marqué par une production abrasive particulièrement dépouillée et pleine de souffle. Un son rugueux et rachitique, proche dans l’esprit de ce qui se faisait dans les années 90 dans les bas-fonds de l’underground Black Metal, qui va servir des compositions relativement longues puisque à l’exception de cette introduction et de cette conclusion, celles-ci s’étirent systématiquement sur plus de sept minutes. Ce format tout en longueur va permettre à cette entité sans visage de dérouler sa formule sans se presser, préférant dans un premier temps ("In Via Ad Nusquam" I, II et III) l’alternance de séquences mid-tempo au pouvoir hypnotique particulièrement prononcé et de longs passages beaucoup plus soutenus avant un dernier titre mené tête baissée de bout en bout ("In Via Ad Nusquam IV"). Dans les deux cas, la répétition des riffs, la production famélique et ces voix lointaines et parfois hallucinées et/ou criées (chant partagé selon les morceaux par deux membres du groupe) vont naturellement concourir au développement d’atmosphères obscures et terriblement inquiétantes. Quant à ces accélérations dispensées par le trio, si elles vont bien évidemment rompre avec ces séquences mid-tempo répétitives, elles vont néanmoins revêtir elles-aussi ce même caractère aliénant. Tout d’abord parce qu’elles sont menées tête dans le guidon à coup de blasts répétitifs offrant finalement bien peu de variations mais aussi parce qu’elles s’étirent sur plusieurs minutes faisant de ces passages des moments particulièrement entêtants là encore ("In Via Ad Nusquam I" de 3:01 jusqu’à 6:26, "In Via Ad Nusquam III" de 3:48 jusqu’à 7:32, "In Via Ad Nusquam IV").
Si la formule proposée par Faceless Entity s’avère particulièrement classique (de la production aux riffs en passant par les atmosphères distillées), répondant à un cahier des charges plutôt mince mais néanmoins respecté à la lettre, cela n’empêche pas In Via Ad Nusquam d’être un album sur lequel on se plait à revenir encore et encore. Loin d’être facile d’accès, présentant sur le papier presque autant de défauts que de qualités, on ne peut nier que le caractère hypnotique des compositions et ces ambiances qui en découlent jouent pour beaucoup dans l’appréciation de ce Black Metal froid et décharné. Et tant pis pour tous ceux qui pleureront sur cette production dégueulasse et pourtant pleine de personnalité ou bien sur le côté trop répétitif de l’ensemble car c’est pourtant ce qui fait l’intérêt de ce Black Metal bien loin des projecteurs.
| AxGxB 4 Novembre 2019 - 972 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo