Flesh of the Stars - Mercy
Chronique
Flesh of the Stars Mercy
Le ton est solennel, le rythme lent, les guitares grésillantes et moelleuses, la voix s’élève doucement, sans trop croire au céleste qu’elle semble pourtant appeler... Y a-t-il à contester à Flesh of the Stars l’appellation « doom », alors qu’il donne à voir à chaque seconde que c’est ce qui le constitue au cœur ?
Certainement, le groupe de Chicago aura de quoi faire vomir le traditionnaliste. Méconnu (une découverte récente pour bibi), il a pourtant un nombre conséquent de sorties à son actif, Mercy étant déjà son quatrième album. Il faut dire que le projet mené par la famille Ciani n’est pas le plus actif sur les réseaux, présentant modestement chacune de ses réalisations sur son bandcamp à prix libre. Pourtant, les Ricains ont de quoi plaire, tant, à l’instar de Fvnerals ou encore Messa, il paraît s’inscrire dans une tendance au doom metal léché, piquant dans le jazz, le folk ou encore le rock atmosphérique et progressif de quoi alimenter ses ambiances. Des syncrétismes que je ne goûte que peu, ceux-ci sonnant généralement plats à mes oreilles engluées de miel et de sucre, l'écoute s'arrêtant avant qu’un diabète type gras à la Pallbearer ne m’atteigne.
Mais voilà, mes défenses immunitaires sont tombées directement à l’écoute de Mercy et ce, dès son premier titre à l’entame me mouillant les yeux de gouttes de Warning et 40 Watt Sun. Je me laisse aisément porter par les mélodies douces, la production chaleureuse, les voix de Matt Ciani et Rachel Rustemeyer aussi accrocheuses qu’empreintes de mélancolie. Profitant d’un contexte propice à ce genre de laisser-aller, Flesh of the Stars habille depuis quelques temps mon quotidien où le froid m’oblige à l’ascèse, le travail à marcher « malgré tout », le vent froid soufflant jusque dans mes os. Il y a en effet dans ce disque une sensibilité aussi réconfortante que glacée qui fait mouche à chaque fois, dans ces claviers doux et altiers, ces lignes de chant cérémonielles, sertis d'une simplicité qui empêche tout cela de devenir trop lointain, trop cérébral, pour emporter à ses côtés. Un côté touche-à-tout doué et en même temps très humain, qui rapproche finalement la formation d’un Anathema toutes périodes confondues plus que d’aucun autre.
Ce qui vaut aussi pour les maladresses ayant toujours plus ou moins été présentes dans les albums du groupe de Liverpool et que Flesh of the Stars contient sur Mercy. Ce défaut n’en est certes pas entièrement un, charmant là où les œuvres précédentes des Ricains m’ennuient dans leur aspect trop lisse (pour le moment, ce nouvel album est bien le seul qui fonctionne auprès de moi), mais il fait décrocher l’attention par certains moments, rendant inégaux des titres frôlant du doigt le statut de classiques instantanés (rien que ça, oui). Je pense à « Rites », son entame folklorique laissant vite le champ libre à des guitares doom batailleuses, un chant et un piano pleins d’épopées aussi intérieures qu’extérieures, les blessures de guerre, celles de la vie, les mêmes plaies, les mêmes guérisons... jusqu’à un final qui monte, mais donne l’impression qu’il vient après l’apothéose. Frustrant.
C’est cela aussi, le doom. Voir trop grand pour ses petits yeux, viser trop haut pour ses petits bras. Aucun doute, donc, sur de quel côté penche Flesh of the Stars dans ses grands écarts. Ni dans quel bord je me situe concernant Mercy qui, pour moi, n’est rien de moins que la plus grosse surprise de cette année !
| lkea 18 Novembre 2019 - 1371 lectures |
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