Frantic Bleep - The Sense Apparatus
Chronique
Frantic Bleep The Sense Apparatus
La page blanche ou le syndrome le plus redouté du chroniqueur. Cher lecteur, toi qui lit en ce moment cette chronique, sache qu'elle a été accouchée par césarienne sans anesthésie, un peu comme sur la fameuse pochette du "Butchered At Birth" de Cannibal Corpse. Commencée, effacée, retournée, recommencée, rééffacée, ... la chronique de cet album m'en aura fait voir de toute les couleurs. Impossible de synthétiser mes idées, de rassembler mes émotions, l'impression de le connaître par coeur tellement je l'ai écouté mais avec un sentiment de passer encore à côté de quelque chose... A croire que ce premier album des norvégiens me retourne complètement la tête, à moins que ça ne soit le référendum sur la constitution européenne, ou ce doux fumet, mélange de graillon et de cigarette qui s'émanent de mes vêtements (Kebab oblige), ou tout simplement l'heure tardive (plus d'une heure du matin quand même). Enfin bref, les gars de chez Elitist n'auront pas failli à leur réputation en signant Frantic Bleep, qui n'aura pas de mal à trouver sa place aux côtés de groupes comme Ephel Duath ou encore Farmakon.
Alors j'entends "Opeth" par-ci, "Arcturus" par-là, qui dit mieux ? Je crois surtout que le genre humain manque un peu de repère, comme désarmé face à un album aussi déstabilisant que "The Sense Apparatus". Difficile d'ailleurs de croire qu'il s'agit de leur premier album ; franchement, ça laisse pantois. Et je préfère prévenir tout de suite les âmes sensibles que cet album n'est pas pour elles...
"The Sense Apparatus" n'est pas un album musicalement violent. Rares sont les passages "rentre-dedans", où l'on retrouve quelques hurlements (hardcore et même black (!!!) parfois) et une batterie plus excitée comme sur "Curtainraiser" et "Mandaughter". La musique du trio joue plutôt sur la finesse et la sensibilité, avec une majorité de chant clair magnifique et parfois épaulé à la tierce, de passages planants, mélodiques et surtout plombants. Car c'est de là que s'émane toute la puissance et la violence de cet album. Les compositions sont aussi magnifiques que destructrices, d'une beauté sombre et glacée à enterrer un clown... Il règne tout au long de ces 40 minutes, un sentiment de mal-être, nostalgie éprouveront certains, mélancolie ou dépression pour d'autres, allez savoir... (je ne puis me mettre à votre place).
Musique complexe, progressive, innovante, on ne peut pas dire que Frantic Bleep se soit engagé sur le chemin de la facilité. Les titres, même si leur durée n'est pas exceptionnelle (4/5 minutes), présentent chacun des atmosphères totalement différentes et changeantes, en témoignent les magnifiques "...But A Memory", "Curtainraiser" ou encore "Nebulous Termini", où l'on passe d'ambiances froides, austères à des ambiances plus intimistes chargées d'émotions. Mais finalement, plongés dans la musique, on fait abstraction de la forme pourtant si peu conventionnelle, et c'est peut être là toute la magie de "The Sense Apparatus" : sublimer les notes en émotions pures, en images, en frissons. Peu de groupes peuvent se targuer d'avoir pu atteindre l'auditeur à ce point ?
Encore trop court et parfois un peu maladroit, "The Sense Apparatus" n'en est pas moins un album qui laisse des traces, le genre de choses qui vous arrive tellement rarement, que vous l'attendez autant que vous le redoutez. Pour leur premier album, les norvégiens ont mis la barre très haute, mais il reste encore des choses à faire, ma présence encore ici en témoigne. Mais depuis ce temps là, un bip s'agite frénétiquement dans ma cervelle.
| Dead 19 Mars 2005 - 1945 lectures |
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