Monarque - Jusqu'à La Mort
Chronique
Monarque Jusqu'à La Mort
J’ai un faible pour la scène BM québecoise, comme pour les scènes française et finlandaise. J’y trouve une emphase, une musique habitée et des mélodies originales, authentiques et immersives comme nulle part ailleurs. Dans la foule de combos qui méritent d’être portés sur le devant de l’autel, Monarque fait, pour ma part, figure de leader. Non pas seulement parce qu’il fait partie des pionniers sur ce territoire, mais également en vertu de sa très longue discographie, riche et presque sans faille. Sa modestie peut aussi toucher l’auditeur, Monarque n’hésitant pas à intercaler ses albums et EP de demos, de retours à l’UG le plus sombre.
Jusqu’à la mort n’est qu’un EP. Trois titres pour environ 22 minutes de musique. De nouveau, la qualité est au rendez-vous, jusque dans le bel artwork qui accompagne parfaitement le contenu et dès lors que le groupe a misé sur la variété dans ses propos.
Aucune surprise pour les habitués du combo. Jusqu’à la mort, le premier titre de ce EP s’articule comme à l’habitude autour de riffs agressifs baignés d’occultisme, portés par des mélodies souterraines et une structure ondulante, tel un serpent. Le chant de Monarque est habité, hanté, lancé à l’oreille de l’auditeur comme un crachat haineux. Parfaitement représentatif du combo, Jusqu’à la mort dévoile ses atours mélodiques au gré de riffs massifs et fondus dans la masse, progressant à des tempi élevés et mis en valeur par un son étouffé, qui sied bien aux ambiances nocturnes du groupe.
Le Serment Prononcé s’inscrit dans la même veine, à la différence près que les développements y sont bien plus atmosphériques, les ambiances mortifères prenant le pas sur l’agression. Les riffs pesants demeurent présents mais la présence subtile d’une guitare acoustique enrobe le tout d’une aura plus délicate et clairement nostalgique. La structure est toujours très mouvante, très portée sur l’emphase, comme le chant possédé, qui accouche d’un superbe morceau.
Le final, Le Grand Deuil, conclut avec majesté ce EP hautement qualitatif. Dès l’intro, très orientalisante et médiévale à la fois, magnifique, Monarque diversifie de nouveau son propos, tranche avec ses titres précédents sans pour autant que le EP en perde de sa cohérence. En 10 minutes, Monarque passe du violon aux riffs destructeurs, de structures éthérées à des propos nettement plus massifs en une fraction de seconde, le tout sans à-coup, très naturellement, dans des enchaînements fluides qui attestent la science de la composition du combo.
Outre sa diversité, ce EP est une franche réussite par le retour d’atmosphères nocturnes et mélancoliques propres au groupe québecois. Fondés sur une emphase omniprésente, portés par des structures et des mélodies de toute beauté, ces trois titres signent le retour en force du meilleur représentant du Metal Noir de nos cousins.
| Raziel 25 Janvier 2020 - 2411 lectures |
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