Wounds - Light Eater
Chronique
Wounds Light Eater (EP)
L’histoire de Wounds débute en 2006 quand, comme souvent, deux potes de collège (Nate Burgard et Rick Mora) décident de fonder un groupe, alors connu sous le patronyme de Wounds Of Ruin. Le groupe vivote quelques temps avant de rester en suspens pendant plusieurs années après lesquelles les deux compères s’entoureront de nouveaux membres (Norman Hale et Franco Caballero) pour refaire parler la poudre en 2016, cette fois sous le nom raccourci de Wounds. Ce renouveau débouchera sur quelques dates en compagnie notamment de Dying Fetus, Arsis, Rivers Of Nihil, Exhumed ou Krisiun et l’enregistrement de l’EP qui nous intéresse aujourd’hui sorti au format numérique en février 2019 avant que le groupe ne soit immédiatement remarqué et signé par le label Everlasting Spew Records. On connait bien maintenant ce dernier et ses choix bien souvent gagnants, les Italiens ayant régulièrement eu du flair pour signer quelques pépites (Engulf, Demiurgon, Infuriate, Maze Of Sothoth, Revulsed, Psychotomy, Serocs). Et autant le dire tout de suite, il ne faudra pas cinquante écoutes pour comprendre cet intérêt et se convaincre qu’ils ont à nouveau fait là une prise extrêmement prometteuse.
Se revendiquant d’influences telles que Psycroptic, Soreption, Arkaik ou les premiers Decapitated, le quatuor officie dans une veine death technique plutôt contemporaine mais fait montre sur ces vingt minutes d’une maitrise telle que l’on peut aisément lui prédire un avenir prometteur dans une scène pourtant déjà bien saturée. Il ne faudra que quelques secondes à « Explosion Of Interstellar Terror » pour planter le décor, riffing technico-mélodique alliant tremolo, tricotage et power chords portés par une rythmique épileptique et un growl de bûcheron parfois doublé de cris écorchés… En un peu plus de quatre minutes Wounds nous affiche une maitrise technique assez bluffante. La section rythmique ne tient pas en place, Nate Burgard (officiant aussi chez les brutes de Kataplexy) enchainant sans relâche les cassures rythmiques entre les blasts supersoniques, les plans plus lents, saccadés ou bien groovy et ne lésinant jamais sur une bonne rasade de double des familles, le tout avec une précision millimétrique, impressionnant ! Et que dire du travail Rick Mora ? Eh bien ressortez les mêmes qualificatifs. Le gus là encore impressionne par un travail aux petits oignons mêlant toute la technique que l’on est en droit d’attendre d’un groupe se revendiquant du style sans jamais franchir la ligne rouge de l’indigeste, y insufflant une bonne dose de mélodies et un sens du groove imparable autorisant quelques bonnes séances de headbang (« Explosion Of Interstellar Terror » à 17’’, « Metamorphosis » à 1’10, « Fractured » à 2’45, « An Undead Awakening » à 1’). Même si l’on aurait pu à la rigueur attendre un peu plus de leads ou d’envolées solistes telles qu’il doit en être assurément capable (un seul véritable solo, sur « Metamorphosis ») difficile de faire la fine bouche tant ce qui nous est proposé à la six cordes flirte ici avec ce qui se fait de mieux en la matière. N’oublions pas Franco Caballero qui, s’il pourrait lui aussi se montrer encore plus aventureux, sait se faire entendre et tirer par moment la couverture à lui (ce break à 3’27 sur « Metamorphosis »).
Ne vous y trompez pas, si les termes « technique » ou « mélodique » reviennent souvent pour parler de cet EP, les natifs de Chicago n’en ont pas pour autant oublier que l’on parle ici de death metal et Satan sait que le groupe n’hésite pas à faire parler la poudre quand il le faut ! Nate est loin d’être avare en blasts et son compère Norman ne ménage en rien ses cordes vocales, étant comme dit plus haut aussi à l’aise à grogner son growl caverneux qu’à éructer des screams totalement possédés (un peu à la façon d’un Julien Truchan). Là encore rien à redire Wounds sait envoyer la purée ! Bordel écoutez-moi ce départ tonitruant de « Fractured » et on en reparle… Quelle fessée !
Mais… Un death technique aux accointances mélodiques et groovy certaines, ça ne vous rappelle personne ? Bah oui, si les influences citées plus ne sont pas totalement aberrantes (encore que Psycroptic je ne vois pas trop), je ne peux pas m’empêcher d’entendre dans certains passages technico-mélodiques et surtout ceux suintant d’un bon groove l’ombre de nos frenchies de Gorod (déformation toute personnelle ?). Non sérieux le début de « Explosion Of Interstellar Terror », son break groovy à 2’24, , « Metamorphosis » à 1’10, le début de « An Undead Awakening »… Personnellement beaucoup de passages m’ont rappelé nos Bordelais préférés et c’est loin d’être un mal, quand certains breaks, passages saccadés ou mélodies plus éthérées m’auront quant à elles évoqué les excellents Virvum (la fin de « Explosion Of Interstellar Terror », celle de « Metamorphosis » ou cette cassure à 2’02 sur « An Unead Awakening »). Là encore c’est loin d’être une critique !
Pour être tout à fait honnête je ne pensais pas, après les deux ou trois premières écoutes de cet EP, être aussi dithyrambique et pourtant… Au fil du temps, les cinq titres de ce « Light Eater » et sa jolie pochette colorée (encore un point commun avec Virvum) ont fini par se révéler et s’imprégner en moi d’une façon assez inattendue. Pour finir j’en viens à me dire que ce premier jet de Wounds est probablement ce que j’ai entendu de mieux et de plus prometteur dans le style depuis (justement) un certain « Illuminance ». Un death technique absolument impeccable, entremêlant parfaitement mélodies et brutalité virile, un travail de composition irréprochable, un riffing inspiré et intelligent, un batteur impressionnant. Bref, Wounds m’a totalement scié, qui plus est pour une sortie indépendante (initialement). Après un premier EP de cette trempe, il va sans dire que j’attends la suite avec une impatience toute particulière. En espérant ne pas être déçu…
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