Vous ne m’en voudrez pas d’avoir un poil tardé à vous parler du premier album de Wounds, sorti il y a maintenant un peu plus d’un mois chez les Italiens d’Everlasting Spew Records, étant donné que le groupe a lui-même mis cinq ans (!) avant de nous proposer ce « Ruin » (le patronyme initial du combo était Wounds Of Ruin), premier full-length donc succédant au très prometteur EP
« Light Eater » paru en 2019. Que s’est-il passé durant ces cinq longues années ? Je n’en sais fichtre rien. Mettons ça sur le dos du Covid. Quoiqu’il en soit aucun changement de line-up à déplorer dans l’intervalle et au moins les Américains ont eu la bonne initiative de ne reprendre ici aucun des cinq titres de l’EP, tout est neuf. Alors même si l’attente a été longue, le résultat heureusement ne déçoit pas.
En effet, et s’il n’y a eu aucune modification de line-up, il n’y a en pas non plus en ce qui concerne le style du groupe. Les natifs de Chicago poursuivent ici l’ histoire initiée en 2019 en reprenant les mêmes codes, à savoir ceux d’un death metal technique alliant vélocité, virilité, efficacité et élégance. Sans rien réinventer du style, Wounds réussit à tirer son épingle du jeu et à ne pas être catalogué comme la X-ième formation reprenant les bases posées par leurs aînés tel qu’on l’avait déjà pressenti sur un
« Light Eater » plein de promesses. Impulsé par une production plus claire et organique, puissante mais évitant les écueil de nombre de formations « modernes » les neuf titres de « Ruin » nous montrent un groupe en maîtrise totale de son sujet. Si je voulais exagérer je dirais qu’on retrouve ici la quintessence de ce que peut (doit?) être le death technique en 2024. A savoir pour commencer ne pas boiter ! Ben oui quand on parle de death technique les deux termes ont tout autant d’importance l’un que l’autre. Et une chose est sûre, toutes considérations mises de côté, Wounds est bel et bien un groupe de death metal avant tout. Allez dire le contraire au blasteur Nate Burgard ou au growleur Norman Hale vous vous feriez bien recevoir. Oui le propos a beau être ouvert à la technicité, au groove ou à la mélodie, on n’est pas là pour enfiler des perles et quand quand le quatuor envoie la sauce il ne fait pas semblant ! Le riffing velu s’accompagne d’une rythmique virile (tu veux du blast ? Tu en auras!) et le barbu sus-cité ne ménage que rarement, non, jamais ses cordes vocales (entre growl et screams faites votre choix!). Mais dans le style ciblé ici l’essentiel est l’équilibre des saveurs. Alors oui du gros blast velu certes mais pas que. La rythmique se fait volatile volontiers véloce mais riche, versatile, ça ne tient pas en place à l’image du riffing alternant sans cesse riffs testostéronés et tricotages technico-mélodiques du plus bel effet au feeling admirable (écoutez-moi « Doom Incarnate »). Quant aux penchants groovy du combo, ils transpirent à tous les instants tant l’ensemble reste inlassablement accrocheur que ce soit dans ses moments les plus véloces comme dans les instants percutants voire assommants (oui nos garçons savent aussi se faire extrêmement « heavy » quand ils l’ont décidé).
Finalement qu’est-ce qui fait la différence ici ? Quelle est la différence entre le bon et le mauvais death technique moderne, oserais-je ? Je pense in fine et assez simplement qu’il s’agit d’une histoire de personne, de musicien évidemment et de talent tout simplement, sans vouloir galvauder le terme. Oui Norman, Nate, Franco et Rick ont du talent. Ils savent manier leur instrument, certes, mais au delà de ça savent lui faire dire ce qu’ils ont en tête. Et lorsque les musiciens ont en tête quelque chose de précis, de minutieux, d’argumenté, cela abouti (bien souvent) à un résultat de qualité. Je voulais ici éviter de tomber dans un travers auquel je cède souvent qui est celui de citer tel ou tel passage minutes et secondes à l’appui. Alors ici je ne m’y laisserai aller qu’un seule fois, pour illustrer les lignes ci-dessus. Oui Wounds montre un talent indéniable, j’en veux pour preuve l'excellent « Ready Your Mind For The Grind » et ce passage absolument génial de feeling et de groove, que l’on sent pointer son nez tout au long du titre et qui à 2‘38 nous éclate en pleine face pour quelques secondes orgasmiques.
Oui bien sûr Wounds n’invente rien, pire il ne réinvente rien (on pense Gorod, Soreption ou The Zenith Passage) ! Mais bordel qu’est-ce qu’il le fait bien ! L’attente fut longue mais « Ruin » et sa belle pochette continuant dans ces jolies couleurs est la confirmation de tous les espoirs placés en eux il y a cinq ans. Un death metal technique moderne sans les défauts trop souvent reprochés au style, un riffing inspiré, tricotant sans en faire trop, une rythmique bondissante et un feeling permanent. Everlasting Spew a une fois de plus eu le nez creux en signant les Américains après le premier EP. Alors bien sûr on espère ne pas devoir attendre mille ans pour apprécier la suite (un album dix-huit ans après sa formation c’est pas mal non?) mais on pourra sans problème s’enfiler ce « Ruin » pendant un sacré paquet de temps sans voir poindre une once d’ennui tant ces neuf titres régalent.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo