Dismal Lapse - Eon Fragmentation
Chronique
Dismal Lapse Eon Fragmentation
Il est bien loin le temps des cassettes, où chacun devait trimer pour trouver LE groupe qui tue et où les groupes de leur côté galéraient pour se faire un nom. De nos jours avec internet tout est plus simple, les musiciens possèdent un média puissant pour se faire entendre et les fans peuvent découvrir facilement de nouveaux groupes. Le principal problème désormais est de faire le tri dans toutes ces formations qui sont pour la plupart, malheureusement, médiocres ou sans une once d'originalité. Trouver un nouveau groupe peu connu et talentueux dans ce dédale de banalités tient alors généralement du coup de chance, et de la chance on peut dire que j'en ai eu le jour où je me baladais un peu au hasard sur le site de Sevared Records et que l'une des chansons de Dismal Lapse vint me titiller les esgourdes. L'efficacité du titre couplé à un sens mélodique indéniable m'a tout de suite comblé, et m'a poussé à commander au plus vite l'album dont ce titre (dont je n'arrive pas à me rappeler le nom) est issu : Eon Fragmentation. Après avoir reçu ce premier album des jeunes californiens me voilà tombé amoureux de leur Death Technique rapide, véloce et incroyablement varié qui nous fait irrémédiablement penser à Anata, Gorod ou encore Spawn of Possession (de l'époque Cabinet).
Dismal Lapse a en fait été formé en 2001 sous le patronyme Bled. En 2008, après n'avoir sortit qu'une démo et un EP nommé Spider Web Structure, le groupe subit un important changement de line up (puisqu'aucun des membres originels ne resta à bord) et change de nom pour Dismal Lapse. Un tout nouveau groupe est né. Cependant la formation a conservé quelques morceaux de l'époque Bled, puisque "Clipping the Wings of Hope" apparaissait déjà sur leur première démo, et que "Impurities" et "Divide and Devour" apparaissaient sur Spider Web Structure. Toutefois il ne s'agit pas ici de remplissage puisque ces morceaux ont été presque entièrement remaniés.
En 2009, soit un an après le très convaincant MCD The Nameless Faceless, Dismal Lapse nous sert son premier Full Lengh, Eon Fragmentation, sorti sous la bannière Deepsend Record (Spectral Mortuary, Diluvian, Embrionic Devourment,...).
Le trio américain fait preuve sur cette galette d'une étonnante maturité pour un groupe possédant si peu d'expérience, sachant d'ores et déjà manier les ambiances et varier les rythmiques, sans jamais tomber dans une course à la technicité ou à la brutalité. Car bien que dans l'ensemble très brutale ("Divide and Devour", "U-235") la musique de Dismal Lapse se voit constamment aérée par de sublimes envolées de basse ou par de complexes leads de guitare. Le côté complexe que dégage les compositions est avivé par la continuelle évolution de chaque titre, les morceaux offrent de nombreuses cassures rythmiques, passant sans relâche d'un mid tempo à un passage blasté. Cette grande diversité dans les riffs et les rythmiques nous fait immédiatement penser à Anata, bien que les riffs des américains soient bien moins alambiqués que ceux des Suédois.
Mais si ces changements de tempo sont en général plutôt bien intégrés, le groupe commet tout de même pas mal de maladresses dans ce domaine, certaines rythmiques tombant comme un cheveu sur la soupe (accélération à 1'46 sur "U-235" par exemple). De nombreux passages plus faibles, tel le refrain très convenu de "Addicted to Tomorrow", viennent également pointer le bout de leur nez. Ces petites bévues sont sans doute dues au manque d'expérience du combo californien, et n'entache en rien le plaisir général procuré à l'écoute de l'album. Car oui la galette ravira vos oreilles délicates notamment grâce au leads mélodiques disséminés çà et là (le passage à 3'15'' de "Light Cast no Shadow "nous fait même grandement penser au "Disavow your God" de Gorod), et à la présence de quelques passages bien jazzy (2'15'' sur "Before Ours Eyes").
L'album jouit donc dans l'ensemble d'une qualité de composition assez remarquable, technique tout en restant diablement accrocheur, et est de plus brillamment interprété par les trois musiciens, inconnus jusqu'alors. Le guitariste Evan Gravatt maîtrise parfaitement sa six cordes et nous octroie de nombreuses figures acrobatiques, le bassiste Jason Brehm fait joyeusement claquer sa basse et ne se contente pas de suivre le gratteux, la partition de basse s'éloignant souvent de celle de la guitare. Cette basse est de plus allégrement mise en avant dans le mix, qui est par ailleurs parfait, nous permettant de suivre aisément chaque note. Mais malgré les qualités des deux musiciens sus-cités le membre clé de Dismal Lapse est sans conteste le chanteur/batteur Chris Barnum, tant sa prestation aux deux postes est remarquable. Son jeu de batterie est un des gros points forts de l'album, varié, très dynamique et technique tout en restant très naturel. Côté vocaux aussi le bonhomme assure, timbres très diversifiés entre le bon gros chant guttural et des passages plus hurlés qui collent toujours avec la musique du groupe. Vous me direz que Dennis Röndun a réalisé une performance à peu près équivalente sur Cabinet (pas tout à fait puisque son chant est bien moins varié), mais là où Jason est unique c'est dans sa capacité à réaliser le chant et la batterie simultanément en live ! N'ayant pas encore eu la chance de voir le groupe sur scène je ne pourrais pas vous garantir qu'il assume les deux postes avec autant de talent que sur CD, mais à en croire ce qui se dit sur le web c'est bel et bien le cas ! A quand une tournée en France pour que l'on puisse se faire notre propre opinion ?
Ce Eon Fragmentation s'avère donc être une excellente surprise de la part de ce très jeune groupe qui nous sert là une œuvre pleine de maturité, rapide, efficace et extrêmement travaillée. Les quelques maladresses et les passages plus faibles ne gâchent en rien l'écoute de l'album, et mon seul réel regret est sa trop courte durée (un peu moins de 35 minutes au compteur). Cela parait maigre surtout quand on sait que trois des morceaux de Eon Fragmentation apparaissaient déjà sur The Nameless Faceless ("U-235", "Clipping the Wings of Hope" et "Before Our Eyes").
Dismal Lapse s'impose toutefois comme un groupe à surveiller de très près, et leur prochain album pourrait être un chef d'œuvre s'ils arrivent à gommer les quelques petites erreurs qui parsèment leurs compositions et s'ils gagnent en personnalité. Une production un peu moins propre pourrait aussi mieux convenir à leur style. En tout cas si vous êtes fans de Death Technique (ou pas d'ailleurs) je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille attentive sur ce Eon Fragmentation.
| Høsty 2 Mai 2012 - 1621 lectures |
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