Skullcrush - Archaic Towers Of Annihilation
Chronique
Skullcrush Archaic Towers Of Annihilation
Depuis quelques temps l’underground Américain voit émerger de toutes parts un nombre impressionnant de formations intègres au plus haut point, qui pratiquent un Death-Metal bas du front et primitif de grande qualité (mon collègue AxGxB a déjà eu régulièrement l’occasion d’en parler). Nouvel exemple en date avec ce trio venu de l’Arizona dont la musique froide et putride ne révolutionne rien mais fait le métier avec sérieux et application, ce qui est largement suffisant. Ayant officié lors de ses débuts en 2017 sous la forme d’un quatuor, celui-ci n’a pas perdu de temps pour sortir un premier Ep qui a vu le jour à peine un an plus tard (et suivi dans la foulée d’un single inédit), avant de logiquement franchir aujourd’hui le cap du long-format avec une équipe remaniée. Cependant ce mouvement de personnel n’a pas eu d’impact sur la musique du groupe qui ne s’embarrasse pas de futilités et livre une réalisation crue et directe, qui va donner envie à plusieurs reprises de headbanguer tant elle se révèle être entraînante et bien en place. Car pendant un peu plus d’une demi-heure on va avoir droit à six morceaux bruts de décoffrage où la vitesse et la lourdeur vont souvent s’équilibrer et se croiser, afin d’éviter la redondance si souvent présente dans ce genre de style primaire. Mais même s’ils n’évitent pas les plans interchangeables et une construction générale assez similaire d’un titre à l’autre les mecs ont réussi à être suffisamment habiles pour que cela ne soit pas rédhibitoire.
En effet l’énergie déployée et l’ambiance glauque présente d’un bout à l’autre font oublier ces défauts de jeunesse, il suffit d’écouter « Overthrown » qui ouvre les débats pour en être convaincu, vu qu’ici la bande nous gratifie de tout son panel de jeu où brutalité exacerbée et lenteur massive sont de sortie. Ça enchaîne effectivement de tous les côtés entre parties rapides et d’autres plus écrasantes où la hargne est présente de bout en bout, et renforcée d’ailleurs par un son glauque et putride au possible particulièrement glacial, très éloigné donc de la ville de Phoenix d’où sont originaires les créateurs. On va retrouver ce même schéma à l’opposé de cet opus avec « Foretoken Punishment » et ses sept minutes au compteur, qui termine les hostilités là-aussi de la meilleure des façons. Proposant plus de ralentissements ça n’en oublie pas moins de s’agiter quand il faut afin de donner envie de remuer la tête, même quand des relents Doom apparaissent de façon flagrante et agréable (d’ailleurs ce point sera présent sur la majeure partie des autres compositions bien calées entre ces deux extrémités). Faisant toutes preuve d’une sobriété exemplaire on retrouve encore de l’explosivité bien visible sur le redoutable « Monumental Tomb » où les blasts et le tabassage vont s’exprimer frontalement durant sa première moitié, avant de s’éclipser ensuite et de laisser place à des plages plus posées et rampantes où le tempo s’est considérablement ralenti. D’ailleurs le reste de ce qui va arriver se conclura de façon systématique sur une rythmique bridée au maximum, d’où un sentiment de répétition légitime, mais qui ne pose pas de gros problème vu que l’ensemble passe comme une lettre à la poste. En effet que ce soit avec l’étouffant « Buried And Forgotten » (qui joue à fond la carte du grand-écart entre lourdeur et rapidité), le vivifiant « Nightmares For The Blind » (aux parties mid-tempo inspirées et contagieuses pour taper du pied), et le très bon « Voice Of The Abhorred Dread » (aux arpèges de clôture doux et apaisants) toute cette triplette s’achève de la même manière. Heureusement elle voit heureusement apparaître des éléments différents pour chacune, afin d’obtenir un résultat très agréable qui fait du bien par où ça passe.
Ayant en plus la bonne idée de ne pas s’éterniser inutilement ce premier album du désormais trio est une vraie découverte qui fait passer un très bon moment, à défaut de marquer l’année de son empreinte. Si le tout sera quand même oublié assez rapidement on appréciera néanmoins de le réécouter de temps en temps vu que sa fougue contagieuse et sa production rétro au possible sont toujours bons à prendre (notamment à une époque où le son plastique et synthétique a pris le dessus). Ça ne fera pas avancer le schmilblick d’un pouce mais avec son accroche et son entrain communicatif (qui compenseront un certain manque d’idées) il serait dommage de ne pas lui donner une chance, tant il a des arguments à défendre, même si c’est sûr qu’on n’y reviendra pas fréquemment.
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