Confessor A.D. - Too Late To Pray
Chronique
Confessor A.D. Too Late To Pray (EP)
Comme le dit l’adage « Pour vivre heureux vivons cachés », c’est visiblement ce dont s’est inspiré ce trio alsacien dont on ne sait que très peu de choses, un exploit à l’heure actuelle où le numérique et les fléaux sociaux forcent insidieusement n’importe quelle personne lambda à se mettre en valeur sur la toile. Pas de photo ni biographie officielle les strasbourgeois tiennent à rester dans l’ombre et à ne faire parler d’eux uniquement que par leur musique et rien d’autre, une démarche underground à saluer et dont nombres de formations de bas étage feraient bien de s’inspirer au lieu de privilégier le look et le décorum, au détriment du principal … le son ! Evoluant dans un Death rétro très sombre et aux légers accent Thrash le combo joue à fond la carte de la nostalgie, celle où la découverte par les fanzines et les copies sur cassettes étaient le seul moyen d’entendre de la nouveauté.
Rien d’étonnant donc que cet EP nous renvoie directement dans les années 90 à travers un son cru et une technique très relative, où l’accroche et l’instinct priment sur le reste, d’ailleurs le titre d’ouverture intitulé « Deafening Confession » va directement nous le prouver. Pas de place ici pour une construction barrée qui part dans tous les sens, au contraire d’entrée les gars nous balancent leur composition la place dépouillée et rentre-dedans, où la vitesse élevée ne ralentit qu’en de très rares occasions. Lorgnant du côté de MASTER on y trouve en supplément quelques riffs dignes de la Bay Area qui donnent instantanément envie de bouger et de taper du pied, chose à laquelle l’ensemble arrive très bien et surtout facilement. A la fois prévisible et répétitif de par son schéma simpliste au maximum, le tout reste cependant accrocheur grâce à une durée courte et idéale histoire de ne pas traîner en longueur, d’ailleurs aucun des morceaux présents sur cette première sortie de l’entité mystérieuse ne dépasse les quatre minutes, ce qui va se révéler précieux tant certaines limites vont apparaître rapidement. Car autant les mecs restent convaincants quand le tempo s’emballe, à l’instar du très bon « Hipster Killer » où blasts et mid-tempo se mélangent et permettent ainsi d’obtenir un côté légèrement épique et agréable, autant quand la machine se décide à ralentir le tout s’essouffle très rapidement.
On s’en aperçoit sur « Haunting Enemies » où la vitesse a du mal à trouver ses marques et laisse le champ libre à des passages lents et écrasants, qui malheureusement sont plombés par une répétition latente des riffs et des idées qui semblent joués en boucle, et montrent ainsi un certain manque de renouvellement. Malgré sa noirceur accentuée et les quelques tentatives de relancer la machine sur les courts moments où le rythme s’emballe un peu ça n’arrive pas vraiment à décoller. Ceci apparait également sur le sympathique et sautillant « Silent War » qui hélas s’enlise aussi assez vite et a du mal à trouver un second souffle, même quand ça bouge un peu plus, tant les tentatives de redémarrage n’arrivent pas à suivre. Pourtant avec « Endless Night » qui clôt les hostilités on se remet à espérer vu qu’ici l’équilibre entre rapidité débridée et passages plus lourds (marqués par un léger côté tribal à ses deux extrémités) est bien trouvé, et permet ainsi d’aérer le tout au maximum sans s’éterniser vu qu’en trois minutes à peine tout est fini, mais c’est finalement largement suffisant.
Du coup malgré ces erreurs de jeunesse cette courte galette (un peu plus d’un quart d’heure) montre un groupe au potentiel intéressant, qui ne demande qu’à mûrir et à prendre de l’expérience tout en pensant à densifier sa panoplie de jeu, sans pour autant renoncer à la simplicité. Il n’y a qu’à voir quand ils lâchent les chevaux ça passe facilement et agréablement, et avec un vécu supérieur cela risque de marquer plus durablement les esprits. Un examen d’entrée certes pas totalement réussi mais qui mérite néanmoins les encouragements, ça n’est déjà pas si mal surtout que les bases sont déjà en place et ne demandent qu’à être mieux exploitées. A ses créateurs désormais d’arriver à mieux les agencer pour en faire quelquechose de plus homogène et consistant sur la durée, vu qu’ils ont sans doute les moyens de s’améliorer et de corriger ces légères fautes de goût… affaire à suivre donc !
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