Cinq ans que Lvcifyre n'avait rien publié et toujours pas un mot sur cette dernière sortie ?! Mea culpa ! En effet, ce
Sacrament, paru en mai 2019 chez Dark Descent Records, mettait fin à un long silence du combo expatrié à Londres. Celui-là même qui avait plongé le monde dans l'obscurité en 2014 avec l'énorme
Svn Eater. Si on n'en avait pas encore parlé, c'est parce qu'il ne s'agit que d'un EP cinq-titres d'un peu plus de vingt minutes. Et surtout parce que ce fut pour moi une déception ...
Pourtant, la pochette pré-colombienne occulte et bien obscure de Timo Ketola faisait bigrement envie. Le problème, c'est qu'elle illustre un peu trop bien le contenu de
Sacrament et la direction prise ici. Une orientation à la mode qui ne me convient pas. Si
Svn Eater proposait un blackened death metal combinant à merveille sauvagerie et atmosphère soufrée, cet EP penche fortement d'un seul côté, celui de l'ambiance, au détriment de la musique pure et dure. Un choix regrettable, surtout pour un format court qui ne s'y prête pas vraiment. Samples cryptiques à rallonge, larsens et vibrato à tout va, vocaux cabalistiques multiples avec réverbération, percussions incantatoires ... Une large place se réserve à l'instauration d'une atmosphère censée faire plonger l'auditeur. En exagérant, presque de la musique d'ascenseur. Pour les Enfers certes, mais d'ascenseur tout de même. Le titre d'ouverture "The Greater Curse" met ainsi presque deux minutes à démarrer (ok, ça peut passer sur un premier morceau) et finit par une minute de néant soit près de la moitié du temps inutile. "Deaths Head in Crown" enchaîne là-dessus en s'éternisant plus d'une minute sur une intro inquiétante avant de marteler un mid-tempo pas vraiment transcendant que sauvera un tremolo sombre un peu plus intéressant. Le final sera lui aussi ambiancé et stérile. "Shadowy Wing" se montrera bien plus expéditif avec 1'26 au compteur mais pas forcément plus passionnant puisque le groupe met encore ici en avant son visage atmosphérique alors qu'il aurait mieux fait de bourrer tout du long. "Sacrament" perd encore trop de temps en décoration sur son intro et son outro mais se révèle tout de même davantage musical grâce à pas mal de soubresauts salvateurs ainsi qu'une construction plus classique. La violence sur
Sacrament ne s'exprime en fait que par intermittence. Des déflagrations de blast-beats de Menthor, qui a depuis quitté la formation, disséminées ici et là sur des riffs particulièrement ténébreux. Mais même là, Lvcifyre n'arrive pas à convaincre comme sur
Svn Eater. Les séquences brutales sonnent confuses et les riffs informes, opaques, n'accrochent pas. Où est passée l'efficacité du combo ? On ne retient pas grand chose ici tant les riffs s'avèrent indiscernables. On a bien du mal à suivre, avec l'impression tenace que le groupe joue tout du long sur un faux rythme. Bref, ça ne décolle jamais vraiment. On s'ennuie vite. Et finalement, c'est le dernier morceau qui suscite le plus mon intérêt alors qu'il s'agit de celui qui contraste le plus avec le style habituel du combo d'outre-Manche. Une reprise musclée de "Morderca" des vétérans polonais de Kat, efficace et entraînante avec enfin de vrais riffs, bien thrashy pour le coup. Là, c'est une réussite !
Je sais bien que c'est très tendance de vouloir sonner le plus occulte/dark/evil possible par le biais de moult artifices sonores (c'est d'ailleurs ça qui m'a empêché d'apprécier le dernier Teitanblood et c'est pour ça que je déteste les trucs à la Grave Upheaval). Chez moi toutefois, c'est encore la musique qui prime, la vraie. Après le très bon
The Calling Depths, Morbid Angel à souhait, et l'ajout d'influences Incantation sur l'excellent
Svn Eater,
Sacrament fait figure de douche froide. Ceux qui apprécient davantage les bruitages et l'accent mis sur l'ambiance ont peut-être été satisfaits, moi je reste sur ma faim. Alors bien sûr,
Sacrament n'est pas non plus une déchéance totale. L'atmosphère dark, menaçante et tourmentée est palpable, suffocante. On craindrait presque pour sa propre vie. Le travail sur le large spectre vocal se révèle remarquable, avec des intonations hallucinées, des cris psychotiques, des growls d'outre-tombe à la Karl Sanders ou des bruits de gargouilles de Mark of the Devil, encore présent sur quelques backing vocals et auteur de certaines paroles. La revisite de "Morderca", piste la plus plaisante de l'EP, permet aussi de terminer l'opus sur une bonne surprise. Mais ce n'est pas suffisant, la déception est là. Des riffs, nom d'un foutre. Je veux des putains de riffs ! Et des blast-beats ne servant pas à faire que de la simple figuration. Bref, je veux du death metal ! Je veux de la musique ! Opaque, confus, hermétique, trop atmosphérique,
Sacrament m'aura laissé sur la route, seulement sauvé par quelques sursauts radicaux qui ne m'empêchent pas de vite m'ennuyer. J'attendais autre chose, surtout après cinq ans sans signe de vie. Pour un simple EP, je n'en tiens pas rigueur outre mesure au trio désormais duo mais j'espère qu'il ne sera pas révélateur du contenu d'un éventuel prochain album. Sous peine de voir Lvcifyre rejoindre la longue liste des groupes tombés de leur piédestal.
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