diSEMBOWELMENT - Transcendence Into The Peripheral
Chronique
diSEMBOWELMENT Transcendence Into The Peripheral
Peu de groupes ont autant marqué la scène Death / Doom que diSEMBOWELMENT. Aux côtés de Thergothon, Unholy ou Winter, il est effectivement encore aujourd’hui l’une des formations les plus atypiques qu’ait connu le genre. Un groupe à la personnalité particulièrement affirmée et dont l’influence continue évidemment de peser encore aujourd’hui sur des formations beaucoup plus jeunes qu’elle (coucou Spectral Voice).
Originaire de Melbourne, diSEMBOWELMENT se forme en 1989 sous l’impulsion de Renato Gallina, Paul Mazziota et Dean Ruprich. Après le départ de ce dernier en 1991, le groupe embauche un certain Jason Kells aux positions de bassiste et de second guitariste. Un rôle que l’ex-Acheron (le groupe de Death Metal australien à qui l’on doit l’excellent EP Deprived Of Afterlife) tiendra une petite année avant de céder son instrument à quatre cordes au jeune Matthew Skarajew. Quelques petits tracas de line-up qui n’auront cependant aucune incidence sur la production des Australiens ni sur sa renommée puisqu’après deux démos parues respectivement en 1990 (Mourning September) et 1991 (Deep Sensory Procession Into Aural Fate), diSEMBOWELMENT signe un contrat avec un jeune label américain du nom de Relapse Records. Une rencontre qui donnera lieu à la sortie d’un EP trois titres dès 1992 (Dusk) et surtout de ce premier et malheureusement unique album intitulé Transcendence Into The Peripheral.
Loin des standards esthétiques que l’on trouve encore aujourd’hui très largement dans le Death Metal ou dans le Doom, le groupe de Melbourne va faire le choix d’un artwork particulièrement sobre et épuré qui en ce qui me concerne m’aura longtemps tenu à distance. Allez savoir pourquoi mais ce lettrage d’une neutralité confondante associé à ce texte probablement tiré d’un quelconque dictionnaire ne m’avait pas donné envie à l’époque où j’y ai posé les yeux pour la première fois de m’y intéresser malgré tout l’intérêt porté à Relapse Records. La découverte de diSEMBOWELMENT fût donc quelque peu tardive en ce qui me concerne et a priori je ne suis pas le seul à être resté sur la touche à la vue de cette oeuvre peu inspirée d’un Renato Gallina qui aurait dû se contenter d’en rester à la musique même si on lui doit vraisemblablement le concept derrière le logo d’Immolation.
Quoi qu’il en soit, ceux qui ont su passer outre cet artwork savent ô combien cela en valait la peine tant ce Transcendence Into The Peripheral représente une forme de quintessence pour tous les amateurs de Death/Doom. Pourtant, on ne peut pas dire que diSEMBOWELMENT soit à l’origine de quoi que ce soit puisque les fondations du genre sont plutôt à chercher du côté de groupes comme Paradise Lost ou Winter mais pour autant il y a chez le groupe australien un parti pris ainsi qu’une espèce de bizarrerie qui dès le début en ont fait un groupe à part ainsi qu’une source d’inspiration majeure pour des groupes comme Evoken, Spectral Voice et même Swallowed.
L’une des premières caractéristiques que l’on remarque à l’écoute de ce premier album ce sont ces notes étranges disséminées tout au long de ces cinquante-neuf minutes. Une touche mélodique pour le moins atypique, faite essentiellement de dissonances et de résonances incongrues qui bien souvent paraissent manquer de justesse et de pertinence tant elle peuvent sembler hors de propos ("The Tree Of Life And Death" à 1:50, 7:03 ou 8:50, "Your Prophetic Throne Of Ivory" à 0:23, 1:28, 1:50, 3:57..., "The Spirits Of The Tall Hills" à 2:07, 3:11, 4:49, 5:50..., "Cerulean Transience Of All My Imagined Shores" à 0:27 ou 6:17). Des notes qui évoquent une certaine idée d’apesanteur, comme une succession de petites suspensions fugaces à travers un univers privé de lumière, d’oxygène et de toute émotion. Ces mélodies si étranges et absurdes soient-elles vont pourtant insuffler un véritable charme ainsi qu’un soupçon de nuances à ces compositions maladives et oppressantes.
L’autre caractéristique faisant de diSEMBOWELMENT ce groupe à part, c’est cette opposition entre longues séquences plombées et abyssales et courts passages extrêmement soutenus (les deux premières minutes de "The Tree Of Life And Death" ainsi que ces blasts entamés à 2:34 puis de nouveau à 8:28, "Your Prophetic Throne Of Ivory" à 3:05 suivi de cette accélération à base de tchouka-tchouka à 4:34, "Excoriate" à 0:12 et 4:04, "A Burial At Ornans" à 7:03 ou 10:20, "The Spirits Of The Tall Hills" à 2:06, 5:29 et 6:41). Un contraste particulièrement saisissant qui va faire de Transcendence Into The Peripheral un disque tout en relief (ces petit coups de double pédales sortis de nulle part) et surtout extrêmement dynamique malgré ses longues compositions (entre sept et quatorze minutes par titre à l’exception de "Excoriate" et de "Nightside Of Eden" qui fait ici office d’interlude acoustique).
Moins remarquable que ces deux traits de personnalité particulièrement marqués, on pourrait également évoquer le chant de Renato Gallina qui a finalement un peu plus à offrir que ce growl rugueux et profond dispensé pourtant ici le plus clair du temps. En effet, à quelques occasions bien senties l’Australien va opter pour un chant tantôt plus arraché et possédé, tantôt beaucoup plus grandiose et solennel. Cette capacité à changer de registre va apporter naturellement une autre couleur à ces compositions. Moins attachés à cette sensation de désespoir profond et de mort inéluctable, ces passages évoquent soit un véritable sentiment de folie soit une certaine sérénité comme l’attestent par exemple ces cris et ces incantations mystiques sur l’excellent et paradoxal "Your Prophetic Throne Of Ivory".
Servi à travers une production abrasive (ce son de guitare particulièrement rêche) et dynamique (cette batterie tout en nerfs qui va venir claquer bien comme il faut), Transcendence Into The Peripheral est un album aussi classique qu’atypique. En effet, on va y trouver tout ce qui caractérise sur le papier un album de Death/Doom digne de ce nom. De cette voix profonde et abyssale à ces riffs plombés et processionnaires en passant par cette batterie jouée avec cette retenue qui s’impose, tout y est. À l’inverse, on va également y trouver tout un tas d’éléments qui vont faire de diSEMBOWELMENT ce groupe hors norme porté aux nues par tous les amateurs du genre. De ces mélodies étranges et dissonantes à ces accélérations particulièrement soutenues en passant par cette voix capable d’évoquer plusieurs sentiments, tous ces éléments apportent à ce Death/Doom une saveur bien particulière qui va faire des Australiens un groupe bel et bien à part dans le paysage de l’époque. Encore aujourd’hui Transcendence Into The Peripheral est très justement considéré comme un album majeur et une influence de choix pour tous ceux qui auront su se défaire de l’extrême banalité de cet artwork peu engageant. Il s’agirait donc de ne pas vous y tromper vous aussi.
| AxGxB 8 Juin 2020 - 2162 lectures |
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