P.H.O.B.O.S. - Anoedipal
Chronique
P.H.O.B.O.S. Anoedipal
“The new nightmarish trip for freaks into extreme doom, industrial & black metal”
Voilà comment se décrit le projet parisien P.H.O.B.O.S. ; alors le dieu du Soleil ou le satellite de Mars ? A moins qu'il ne s'agisse de l'acronyme de « Perpetual Horror Over Bodies & Over Souls » , qui pourrait coller maladroitement avec la musique de ce quasi one man band qui évolue depuis 2000, l'année de sa création, dans une certaine confidentialité. Quoi qu'il en soit, P.H.O.B.O.S est une très bonne découverte que j'ai fais récemment, car on y trouve là une facette particulière de la musique extrême. Et un peu d'originalité ça ne fait pas de mal.
Puisant son inspiration chez des artistes tels que Voivod, Neurosis et Godflesh, Frédéric Sacri propose avec son second album (après un mini CD et le premier album Tectonics, sorti en 2005 sur Candlelight/Appease Me…) un doom metal extrême totalement atypique, un déversement de noirceur pure sublimé par la lenteur et la lourdeur du doom , des vocaux torturés aussi décharnés que les harmonies dissonantes et l'agressivité générale de la musique. Le tout est baigné dans une aura industrielle, froide et mécanique pour au bout nous délivrer un album totalement dévastateur et imposant, aussi déstabilisant que difficile à appréhender, qui n'en finit plus de nous traîner plus bas que terre. Tout au long de ces 55 minutes de chaos à l'état pur, on se sent entraîné dans un irrésistible vortex infernal, suffocant d'insanité et suintant d'une colère malsaine.
Ce qui aide « Anoedipal » à créer ce climat, c'est le soin particulier apporté aux compositions. Tout semble totalement déconstruit, déstructuré (à l'image du chaos déversé par la haine et la violence de la musique) mais le tout est extrêmement cohérent efficace, presque martial (rah, cette caisse claire…). Les harmonies sont aussi très particulières, très dissonantes et avec les hurlements cyniques et décharnés, renforceront le côté malsain de la musique. Les riffs sont destructeurs : Unzen, Hans & Horses et du monstrueux et jouissif au possible Algo Lagna. Les ambiances post-apocalyptiques et violentes s'enchaînent sans temps morts (Post Theophanies, Destrud Mortrid et Elitotems) dans une débauche rituelle et industrielle qui laissera définitivement à terre l'auditeur.
Anoedipal fait partie de ces expériences musicales sans retour possible aussi rares que déstabilisantes. Il faudra cependant avoir une certaine foi pour s' y attaquer, car le tout est très dense. Certes difficile d'accès, mais très efficace et réglant leur compte aux amateurs de son torturé et atypique, P.H.O.B.O.S. place son Anoedipal au rang des sorties majeures de l'année.
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