Laetitia in Holocaust - Fauci Tra Fauci
Chronique
Laetitia in Holocaust Fauci Tra Fauci
"Encore un nom de groupe à la con."
C'est la première chose qui m'est venue en tête lorsque, séduit par la pochette étonnamment classieuse (surtout quand on voit les horreurs qui lui ont précédé), j'ai fini par me pencher sur le cas de Laetitia in Holocaust. Plutôt friand de la scène transalpine en général, je ne connaissais le groupe ni d'Eve, ni d'Adam - alors qu'il fête bientôt ses vingt ans, et que c'est (déjà) son troisième album ! "Fauci Tra Fauci", donc. Sorti chez Third I Rex, l'année dernière... Dans l'indifférence générale. Peu d'échos, peu de papiers écrits à son sujet. En général, ce genre de cas ne peut que supposer l'une de ces deux affirmations : soit l'album est une merde infâme, soit c'est l'un de ces petits bijoux de l'underground, qui ne se dévoilent qu'aux plus téméraires, ceux qui fouillent et remuent la toile à la recherche de la prochaine douceur à se mettre sous la dent.
Le constat est clair, dès les premières notes de "Diva Fortuna" : c'est du second cas de figure dont il est question ici. Le duo formé par N. et S., en charge de la quasi-totalité des instruments, nous délivre, durant près de trois quart-d'heure, un Black Metal aussi classieux que racé. Épaulés par Marcello Malagoli (d'ordinaire batteur de Death option "Technico-pénible") qui nous gratifie de sections rythmiques redoutablement carrées, les deux compères donnent dans le pompier, le flamboyant... Sans oublier d'infuser du spleen, une certaine mélancolie à leurs morceaux. Ce qui fait toute la différence.
Laetitia in Holocaust excelle dans la dualité. Le groupe est aussi compétent quand il s'agit d'aligner des riffs donnant envie de bomber le torse (le superbe "Diva Fortuna") que lorsqu'il faut sortir les mouchoirs, de l'interlude "Exile", auquel on pardonnera volontiers l'accent anglais approximatif du chant vu la qualité de la ligne de piano qui l'accompagne jusqu'à "The Foot That Submits", presque tribal dans ses rythmiques, rabâchant ses lignes de guitares lavasses comme on traîne son cafard le Dimanche soir. Forcément, ce côté chemise noire plus ou moins assumé, ces recettes de lignes de guitare tortueuses, font diablement penser à leurs compères de Spite Extreme Wing - ce qui est un sacré gage de qualité, le groupe d'Azoth et Argento étant parmi ce qu'il a pu arriver de mieux à la scène Italienne. Pour autant, Laetitia in Holocaust possède immanquablement sa petite patte, sa personnalité, qu'on la décèle dans cette basse fretless chirurgicale dans ses interventions (le motif central de "Through the Eyes of Argo", saisissant), ou parmi ces grandes envolées déchirantes ("In Cruelty and Joy"), qui font immanquablement revenir au disque.
Malgré quelques petits ventres mous disséminés çà et là (des transitions pas toujours très heureuses, notamment sur "The Elders Know"), "Fauci Tra Fauci" se savoure. Technique, très technique,sans jamais sombrer dans la démonstration gratuite, jonglant sans cesse entre la pure puissance et les parties plus grisâtres, il fait partie de ces excellentes surprises qui prennent de court, ces petites pépites qui n'attendaient que d'être dénichées. Sacrément savoureux !
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