Ectoplasma - White-Eyed Trance
Chronique
Ectoplasma White-Eyed Trance
Du death metal old-school, vous en bouffez un paquet ici. Et le régime n'est pas pour demain car on n'a pas fini d'en faire le tour. La preuve avec Ectoplasma, un nom qui revient régulièrement ces dernières années et qui n'a pourtant encore jamais été évoqué en ces pages. Ce n'est pas faute de sortir des enregistrements, les Grecs se montrant des plus prolifiques depuis leur formation en 2012, inondant le marché quasiment tous les ans. Une démo, quatre splits, deux EP et trois full-length, voilà à ce jour la discographie du quatuor qui n'a en effet pas chômé alors que deux de ses membres s'occupent déjà pas mal avec un de leur autre groupe de death old-school plus sombre et brutal, Vultur. Et c'est le troisième album White-Eyed Trance sorti à Halloween l'année dernière chez l'incontournable Memento Mori qui va enfin permettre à Ectoplasma d'apparaître sur Thrashocore. La consécration !
Alors pourquoi avoir attendu si longtemps avant de parler de cette formation. Entre autres parce que je trouvais jusque-là que sa musique manquait d'un petit quelque chose pour vraiment marquer. Et puis ce logo et ces pochettes de séries Z cartoonesques pas très sérieux qui manquent de crédibilité n'incitaient pas non plus à s'en occuper. On pouvait néanmoins noter des progrès constants sortie après sortie qui ne pouvaient laisser entrevoir que le meilleur pour la suite. Et le voilà le meilleur, ce White-Eyed Trance sur lequel Ectoplasma a clairement franchi un cap. Toujours fortement ancré dans le death metal de la première moitié des années 1990, ce nouvel opus présente toutefois les Grecs sous un jour plus brutal, avec pas mal de blastouilles (pas non plus ultra rapides mais sonnant bien bourrines), et plus sombre, un ou deux tremolos dark m'ayant même brièvement évoqué Incantation ("Psychomanteum Immolation" à 1'21 et 3'44). Ce sont ces deux points, ajoutés à une inspiration supérieure niveau riffs et mélodies, qui font la réussite de ce White-Eyed Trance par rapports aux anciennes sorties du combo, toutes de bonne facture sans le petit truc qui fait vraiment la différence. Ce n'est bien sûr pas grâce à l'originalité, seul le très bon riff de "White-Eyed Trance: Ensnared in Devilry" à 2'41 qui part aussi vite qu'il est arrivé pourrait prétendre à ce qualificatif. L'œuvre transpire le classicisme par toutes les notes, quoique les influences présentes ne s'avèrent pas toujours les plus courantes. On pense à Sinister et Benediction par exemple, un peu à Cannibal Corpse sur quelques mélodies glauques ("The Oak Spewed Foul Whispers" à 3'53, "Ghostly Emanations in the Mortuary" à 1'47, début de "Skeletal Lifeforms"), un peu de death à la finlandaise, un bout de Death sur la belle lead aérienne en ouverture et fermeture de "White-Eyed Trance: Choronzonic Covenant", Asphyx en coup de vent sur la rythmique entraînante de "Alucarda, the Daughter of Darkness"à 2'42, etc. Bref, un bel assortiment de différentes scène OSDM.
Pour un résultat couillu et efficace des plus plaisants. Je trouvais Ectoplasma un peu pataud et "petit bras", ici le groupe revient en mode rouleau-compresseur. Les Grecs ont envie de jouer des coudes et ont sorti les grosses rythmiques à bases de thrashy et de blastouille pour porter des riffs poilus en tremolos aux mélodies noires. Quand ça ne tabasse pas, ça groove (la basse ressort d'ailleurs de temps en temps), ça headbangue ou ça pose quelques riffs plombés (miam ce break à 3'05 sur "White-Eyed Trance: Ensnared in Devilry" avec ses accords acoustiques et sa lead lugubre). L'illustration ne trompe pas, l'ambiance et les thématiques des paroles vont chercher dans l'Horreur. Les fans de bis auront d'ailleurs reconnu le titre d'un vieux film d'épouvante à la sixième piste "Alucarda, the Daughter of Darkness" introduite par un extrait de celui-ci (Satan, Satan, Satan, our Lord and Master ...). Toute la panoplie du death old-school en somme. Quasiment pas de solos cependant et sur les trois-quatre tentatives, seul celui de "Ghostly Emanations in the Mortuary" à 2'32 en mérite le titre. Là, Ectoplasma a encore quelques progrès à faire quoique ces morceaux n'en appellent pas forcément. Rien de bien méchant du coup. Par contre, si le combo a bien trouvé davantage d'inspiration, il reste encore quelques plans et riffs trop génériques, à l'image de ce growl correct mais complètement standard ou un "Skeletal Lifeforms" assez quelconque qui manque de panache. Il s'agit d'ailleurs sans surprise d'un ancien titre paru en 2016 sur l'EP du même nom. Dommage en tout cas de finir là-dessus ce White-Eyed Trance sinon bien bonard. Enfin "finir" pas tout à fait. "Finir" avec ses propres compositions car Ectoplasma nous a réservé une belle surprise en guise de conclusion. Les Grecs s'étaient déjà essayés aux reprises à plusieurs reprises (huhu) avec Autopsy, Demigod, Slayer et Vader sur des sorties précédentes, ils tapent ici plus dans l'underground avec Devastation et "Souls of Sacrifice" de l'ogive thrash Idolatry. Un régal de cover, à la fois fidèle à l'originale et revisitée à la sauce death 90s.
Pas l'album ultime de revival death, Ectoplasma restant encore loin des Outre-Tombe, Resurgency, Verthebral et autres Infernal Conjuration pour ne citer que les bombes les plus récentes, White-Eyed Trance n'en demeure pas moins une sortie très satisfaisante. En brutalisant et obscurcissant son propos tout en trouvant davantage d'inspiration pour ses riffs et mélodies, le groupe a sorti son opus le plus convaincant qui devrait ravir tous ceux qui n'en ont pas encore marre du death metal à l'ancienne. Rien d'original à nouveau, on est dans le classicisme le plus absolu, juste le plaisir du travail bien fait. Il reste encore des moments trop quelconques pour porter White-Eyed Trance aux nues (growls lambda, certains riffs bâteaux, etc.) mais les Grecs tiennent clairement leur œuvre référence, celle sur laquelle il faudra se baser pour viser encore plus haut. Revers de la médaille, les gars seront maintenant attendus au tournant. Ça tombe bien, continuant leur productivité de stakhanovistes, le combo propose déjà quatre nouvelles compositions sur un split avec Fetid Zombie, Nucleus et Temple of Void paru il y a deux mois chez Unspeakable Records. Je ne suis pas un fana des splits (sauf s'il y a banana devant) mais j'irais bien écouter ce que ça donne vu la croissance accélérée d'Ectoplasma qu'on ne verra désormais plus comme cette personne insignifiante du vocabulaire d'insultes du Capitaine Haddock.
| Keyser 26 Mai 2020 - 1208 lectures |
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