Le travail de réhabilitation de Candiria entamé il y a quelques semaines avec la chronique de
Surrealistic Madness n’est pas encore terminé. Quelques sorties restent en effet à aborder avec, dans l’ordre, la chronique de ce deuxième album intitulé
Beyond Reasonable Doubt. Sorti en 1997 sur Too Damn Hype Records (Dare To Defy, Starkweather, Indecision, SubZero, Stigmata...), on y retrouve sur le papier un groupe dont le line-up n’a pas encore bougé même si dans les faits le guitariste Chris Puma s’en est déjà allé vers d’autres horizons, laissant ainsi sa place à un certain John LaMacchia qui ne sera officiellement intronisé au sein de la formation qu’avec la sortie de
Process Of Self.Development deux ans plus tard.
À l’image des plus récentes rééditions de
Surrealistic Madness, ce nouvel album a été illustré une fois de plus par un Carley Coma sous psychotropes. Un artwork hypnotique dont les couleurs vives vous attrapent la rétine pour ne plus vous lâcher et qui d’une certaine manière va participer activement à l’identité du groupe new-yorkais (au moins sur les trois premiers albums). Côté enregistrement, le groupe a repris là encore le chemin des Purple Light Studios de Brooklyn en compagnie du producteur Michael Barile (E. Town Concrete, Agents Of Man, Fahrenheit 451, All Out War...). Le résultat, dans la continuité de ce qui était déjà proposé sur
Surrealistic Madness notamment en matière d’équilibre et de lisibilité, va néanmoins offrir à ces nouvelles compositions toujours aussi complexes et surprenantes davantage de coffre et de rondeurs afin d’en renforcer l’impact. Un constat flagrant, notamment au niveau des guitares qui gagnent ici en puissance et en épaisseur.
Tout comme cette production en apparence identique mais en tout point supérieure à celle de son prédécesseur, ces onze nouvelles compositions vont amener Candiria à un niveau encore plus élevé qu’auparavant. Lui qui avait déjà surpris toute la scène Hardcore new-yorkaise avec la sortie de son premier album enfonce ici le clou avec des compositions encore plus élaborées et marquées par un souci du détails tout simplement hallucinant. Je vous épargne le listing minuté de ces moments qualifiant bien souvent chaque transitions, changement de séquences ou variations de rythmes car cela serait trop fastidieux mais on ne peut que rester admiratif devant cet équilibre habile entre technique, groove, efficacité et fluidité.
Comme j’ai déjà pu l’évoquer auparavant, Candiria se distingue de ses paires mais aussi de pas mal d’autres formations par une approche tout à fait originale mêlant Metal (technico-progressif tout en contre-temps et autres subtilités polyrhytmiques), New-York Hardcore (cette énergie, ces atmosphères, ce groove...), Rap (mention spéciale pour le flow de Carley Coma toujours aussi impeccable), Funk et Jazz (ce groove contagieux, ce sens du rythme, cette technique dont le côté démonstratif ne va jamais desservir une seule de ces compositions). Une mixture improbable sur le papier et qui d’ailleurs aurait plutôt tendance à me faire fuir mais qui pourtant s’avère, en tout cas ici, absolument brillante. Alors tout n’est pas du meilleur goût comme le prouve ce "Lost In The Forest", titre instrumental pour le moins expérimental, qui du haut de ses huit minutes va quelque peu plomber cette dynamique instaurée sans difficultés par les deux premiers morceaux de l’album. Mais c’est bien là le seul élément de contrariété qu’offre
Beyond Reasonable Doubt. Pour le reste, c’est un sans faute incontestable... De "Fiction" et ses breaks jazzy irrésistibles au redoutable "Year One" dont le riffing incisif est nuancé par ces changements de rythmes et de sonorités improbables en passant par ce "Paradigm Shift" et son groove redoutable marqué notamment (mais pas que) par ces percussions tribales ou ce saxophone schizophrène ou bien encore l’excellent "Mental Politics" qui n’aurait pas fait tâche sur n’importe quel grand album de Rap new-yorkais, ce deuxième album brille une fois de plus par sa grande diversité (j’aurai aussi pu vous parler des breaks improbables de "Divided" ou encore ce "Intrusive Statements" qui clôture l’album au son d’une leçon de Jazz absolument incroyable sans pour autant faire tâche avec le reste), son sens de l’attaque évident, son énergie fiévreuse, ce groove urbain irrésistible mais aussi ses quelques invités de marque.
En effet, comme pour mieux marquer son appartenance à la scène Hardcore, le groupe va inviter quelques éminents musiciens de la scène new-yorkaise soit à venir pousser la chansonnette soit à exécuter de leur instrument comme ils le font si bien ailleurs. On va ainsi retrouver Mark Scondotto du groupe Shutdown sur "Faction", Jorge Rosado de Merauder sur "Year One", Ryan Murphy de Cutthroat sur "Tribes" ou bien encore le tentaculaire Dave Witt (Human Remains, Discordance Axis, Hemdale, Burnt By The Sun, Municipal Waste...) pour quelques bribes de batterie débridées dispensées sur le titre "Molecular Dialect". Un panel d’invités aussi varié qu’intéressant qui vont apporter en plus de leur savoir-faire, une couleur différente à chacun des titres sur lesquels ils apparaissent.
Difficile de ne pas se montrer dithyrambique à l’égard de ce deuxième album qui concentre tout le génie de Candiria et de ses musiciens visionnaires et extrêmement talentueux. Identique à son prédécesseur tout en le surclassant à tous les niveaux,
Beyond Reasonable Doubt est certainement l’un des albums les plus réussis du groupe (probablement ex æquo avec
Process Of Self.Development et peut-être
300 Percent Density). Un disque d’une grande maturité qui brille par son côté touche à tout mais aussi par sa grande homogénéité et son efficacité de chaque instant. Ne ressemblant à aucun autre groupe, Candiria a très vite su se démarquer du reste de la scène Hardcore tout en y restant profondément enraciné. Un exploit qui ne doit pas être terni ni oublié par des récents albums (beaucoup) plus dispensables. A tous les amateurs de musique un brin excentrique et surtout follement créative, je vous invite chaudement à ne pas passer à côté des premiers albums de Candiria qui encore aujourd’hui sont d’une fraicheur incroyable et qui, après pourtant ces années, continuent de me ravir pour toutes ces qualités et leur nature absolument improbable.
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