Après trois albums exceptionnels qui à leur manière tout à fait particulière auront su apporter un vent de fraîcheur et d’originalité au sein d’une scène Hardcore à laquelle ils resteront fidèlement attachés durant toute leur carrière, les New-Yorkais de Candiria seront finalement approchés par un label d’envergure capable de leur offrir cette visibilité qu’ils méritent tant. C’est évidemment Century Media, label qui avait à l’époque de fortes prédispositions en matière de Hardcore (Agnostic Front, Cro-Mags, Mucky Pup, Merauder, Only Living Witness, Turmoil...), qui jettera son dévolu sur le groupe et leur offrira ainsi un deal pour la sortie en 2001 de leur quatrième album intitulé
300 Percent Density.
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Candiria va pour la énième fois consécutive (j’ai arrêté de compter) prendre le chemin des Purple Light Studios de Brooklyn sous la directive là encore du producteur Michael Barile. Des retrouvailles scellées à travers une production toujours aussi impeccable, dans la lignée de ces récents prédécesseurs (
Beyond Reasonable Doubt et
Process Of Self.Development). Côté artwork, c’est une fois de plus Carley Coma qui s’y colle avec une oeuvre un poil moins hallucinée, plus terne aussi et surtout un poil abscons... Si j’apprécie particulièrement les oeuvres qui ont servi d’illustrations aux deux précédents albums du groupe, on ne peut pas dire que Candiria ait marqué de son identité visuelle le petit monde du Hardcore (d’autres groupes comme Biohazard, Cro-Mags ou Madball y arriveront bien plus aisément avec de "simples" photos).
Là où par contre Candiria aura marqué de son empreinte la scène Hardcore, c’est bien à travers sa musique si particulière qui ne ressemble à aucune autre. D’ailleurs, je devrais plutôt dire "ses musiques" puisque sa formule se nourrit de tout un tas de genres qui, au moins sur le papier, n’ont rien à voir les uns avec les autres. Du Hardcore au Jazz en passant par le Metal, le Rap ou la musique ambiant et électronique... Autant de styles que les New-Yorkais se plaisent à télescoper avec fracas depuis leurs débuts en 1992.
Sans surprise,
300 Percent Density s’inscrit à la suite des précédentes oeuvres de Candiria à ceci prêt que je le trouve tout de même un poil moins "grandiose" que ces deux prédécesseurs et cela malgré toutes un tas de qualités. Car si la production est effectivement aux petits oignons et la formule inchangée, les proportions ont cependant été quelque peu revues. Ce sont les parties jazz qui vont ici en faire les frais. Il y a bien ces deux courtes séquences entre 0:00 et 0:14 et entre 0:55 et 1:08 sur "Constant Velocity Is As Natural As Being At Rest", ce break entamé à 2:05 sur "The Obvious Destination", cette trompette sur "Contents Under Pressure" ainsi que tout un tas de constructions rythmiques dispensées tout au long de l’album qui vont rappeler l’amour que porte Candiria pour cette musique mais les interludes et titres purement jazz ont ici complètement disparu. C’est bien dommage car loin de faire tâche ou de servir de remplissage, ces derniers amenaient un groove et une fraîcheur supplémentaire à la musique de Candiria ainsi qu’une atmosphère urbaine typiquement new-yorkaise dans laquelle il était facile de se plonger.
Aux abonnées absents sont également tous ces invités que les New-Yorkais avaient pris l’habitude d’amener avec eux pour des contributions toujours bien ficelées. À l’exception de "Words From The Lexicon" (titre purement Rap) sur lequel on va retrouver quelques MC, ce sont là les seules personnes étrangères à la formation qui vont marquer de leur empreinte ce
300 Percent Density. Dommage là encore car cela permettait d’apporter une couleur un petit peu particulière à la musique de Candiria (qui pourtant n’a jamais manqué pas de variété) tout en contribuant à cultiver l’aspect "crew" typique de la scène Hardcore.
Voilà pour la liste des griefs à l’encontre de ce quatrième album qui demeure tout de même un disque une fois encore sacrément bien fichu et toujours aussi jouissif. Tout en cohérence malgré ces changements de rythmes et de registres incessants,
300 Percent Density nous régale une fois de plus grâce à sa très grande variété et sa capacité à surprendre l’auditeur par des plans, des riffs, des breaks ou des séquences vocales tout à fait inattendus. Alors forcément, après trois albums du même acabit, on se laisse peut-être moins facilement avoir par le contenu de ce disque mais cela ne nous empêchera pas de prendre toujours autant de plaisir à l’écoute de ces morceaux qui mêlent avec talent et habilité la force et le groove de musiques urbaines (Hardcore, Rap, Jazz, Metal...) que l’on a bien souvent opposées...
S’il s’avère toujours aussi monstrueux de technique, de groove et de feeling,
300 Percent Density est en ce qui me concerne un poil en deçà de ses deux prédécesseurs. La faute à ces influences Jazz moins flagrantes (même s’il suffit pourtant de tendre l’oreille et d’écouter attentivement n’importe quel morceau de l’album pour voir à quel point cette musique afro-américaine pèse encore dans la balance) et à rien d’autre. Pour le reste, les New-Yorkais impressionnent une fois de plus à travers cet album toujours aussi incroyable dans cette facilité qu’il a à mélanger les genres et à les faire cohabiter avec cohérence et facilité (en dépit d’une technique et d’une mise en place insaisissable pouvant parfois paraître hermétique), dans cette versatilité qu’offre Carley Coma à travers sa voix, dans ce groove insolent qui émane de chaque instant, dans ces atmosphères urbaines parfaitement retranscrites... Bref, dans tout ce qui fait la particularité de Candiria. Voilà donc une fois de plus de l’excellent travail et la preuve qu’avec du talent et de l’envie, il est toujours possible de s’affranchir des barrières et de tracer son propre chemin.
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