Alpha Centauri - Return of the Herakleids
Chronique
Alpha Centauri Return of the Herakleids (EP)
Lorsque Archon Vorskaath, leader de Zemial et batteur, entre autres, de Agatus, et son frère Eskarth the Dark One, leader de Agatus, décidèrent à la fin des années quatre vingt dix de faire un nouveau projet, cela donna Alpha Centauri, un nom qui resta longtemps obscur pour qui suivait la discographie des deux musiciens hellènes. Entouré de deux autres musiciens, ils enregistrèrent cet EP, nommé Return of the Herakleids, à la fin du siècle dernier mais, malheureusement, il aura fallu attendre une vingtaine d’années avant que cet enregistrement ne refasse surface par l’intermédiaire du label grec Eat Metal Records, ce qui renseigne bien sur la teneur musicale de cet EP, lorsque l’on connait le genre dans lequel est spécialisé ce très bon label. Effectivement, si l’on aurait pu s’attendre à du black metal étant donné le pédigrée des deux musiciens, - l’on rappellera au passage la présence primordiale de Dimitrios Dorian sur le premier album de Varathron -, c’est finalement du heavy metal épique auquel nous avons le droit sur cette petite dizaine de minutes. Dans tous les cas, les deux frères ont bien fait d’exhumer cet enregistrement de très bonne qualité.
Sur ces deux titres, Dimitrios et Chris nous dévoilent un metal épique de première classe et viennent nous rappeler qu’ils étaient déjà de grands connoisseurs de la chose, une vingtaine d’années auparavant, et l’on ne sera nullement surpris par l’évolution que prendra par la suite autant Zemial, notamment sur le magistral In Monumentum, que Agatus, lorsque l’on écoute cette réalisation. Riffs entêtants et excellents, parties instrumentales prenantes, refrains poignants, tous les ingrédients inhérents au genre sont là, mais sans que cela soit du grand n’importe quoi. L’on sent bien tout autant les influences de la scène épique américaine, je pense notamment à Manilla Road, Brocas Helm, Omen et Cirith Ungol, qu’à la scène européenne et notamment les débuts de Dark Quarterer. Vous allez me dire que ces influences sont classiques et que l’on vous les ressert à tout bout de champs lorsque l’on évoque ce genre musical, c’est pas faux. Mais ici, l’on sent bien tout l’amour de la chose et la dévotion à la cause, à une époque où faire ce style de metal n’était pas du tout en vogue, voire même considéré comme étant ringard. Outre l’audace de faire cela, ce que l’on retiendra surtout, c’est la qualité des compositions, extraordinaires et vraiment bien pensées, avec des variations de tempi bienvenues.
Et surtout, c’est que l’on gardera en mémoire en écoutant ces deux merveilleux titres, c’est que le talent des deux frangins se combine à merveille, les deux ont composé les titres et se partagent également le chant, même si on le savait déjà eût égard les réalisations de leurs projets respectifs. Évidemment, le riffing est on ne peut plus incisif, très ancré dans ce qu’il se pratiquait dans les années quatre vingt, mais l’on retiendra surtout le travail mélodique effectué par les deux guitares, avec des soli et des harmonisations vraiment géniaux. C’est de la belle ouvrage et l’on ne peut aussi que saluer le talent à la batterie de Dimitrios Dorian qui est assez époustouflant, pas seulement dans ses patterns, mais aussi dans ses roulements de toms qui sont très fréquents, et également des les passages à la double pédale qui font vraiment décoller l’ensemble, même s’ils sont fugaces. Et comme l’on peut s’y attendre, l’on retrouve ici cette touche hellène caractéristique à cette scène avec des petites touches méditerranéennes de temps à autres, et c’est cela qui fait la différence avec des groupes lambda dans ce style: c’est qu’il y a aussi une personnalité qui s’affirme nettement sur cet enregistrement.
Évidemment, dix minutes c’est trop court tant la qualité est au rendez-vous, et c’est ce qui rend ce Return of the Herakleids assez frustrant car l’on est bien dans l’excellence. Dans tous les cas, cet unique enregistrement d’Alpha Centauri, pour le moment je l’espère, vaut vraiment le détour, et devrait plaire à tout amateur de metal épique racé et intelligent, car l’écriture des compositions est loin d’être linéaire, et les musiciens ont un bagage technique suffisamment éloquent sans en mettre des tartines pour vraiment nous happer dans les mondes Anciens qu’ils décrivent sur ces deux titres. Dans tous les cas, pour celles et ceux connaissant un peu Zemial et Agatus, l’on dira que c’est la bonne prolongation d’un In Momentum ou d’un The Eternalist, expurgée des traces de black metal. Je souhaite juste que cette sortie ne soit pas l’unique réalisation de Alpha Centauri, car la qualité est telle que cela mériterait réellement que ce projet se poursuive.
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