Vanguard - Rage Of Deliverance
Chronique
Vanguard Rage Of Deliverance (EP)
Beaucoup de gens pensent encore qu’arrêter de manger de la viande relève d’un véritable non sens car nous serions a priori le putain de maillon fort d’une chaîne alimentaire établi ainsi depuis que l’homme a appris à marcher et chasser. Un peu comme si cet état de fait justifié à l’époque de nos ancêtres par la nécessité évidente de se nourrir ne pouvait aujourd’hui être remis en question. En France peut-être même plus qu’ailleurs à cause d’une tradition gastronomique naturellement très ancrée dans notre patrimoine culturel et régional. Pourtant je vous assure qu’il est tout à fait possible de vivre sa vie normalement sans avoir à ingérer le cadavre d’un animal. Encore plus de nos jours où de nombreuses solutions alternatives existent afin de compenser énergiquement et même gustativement l’absence de protéines animales dans les assiettes de tous ceux qui refusent de se livrer à ce génocide animal et à ces pratiques barbares mis en place par les industriels afin de satisfaire à un besoin qui n’a finalement rien de vital.
Pourquoi je vous parle de tout ça, et bien parce qu’en tant qu’héritier d’une scène Vegan Hardcore très prolifique dans le milieu des années 90 (Earth Crisis, Shai Hulud, Day Of Suffering, Morning Again, Culture, xReprisalx...), Vanguard va faire de la condition animale son principal combat. Formé l’année dernière en plein confinement, le groupe dans lequel on retrouve le chanteur des excellents Life Force en a profité pour travailler d’arrache-pied à la composition de son premier EP prévu initialement pour le mois de septembre mais sorti il n’y a que quelques semaines seulement (la faute à de très gros retards dans le pressage) sur New Age Records (Turning Point, Unbroken, Strife, Mouthpiece, Strain...). Intitulé Rage Of Deliverance celui-ci est illustré par une oeuvre du peintre russe Lovis Corinth intitulée "At The Slaughterhouse" et qui en 1893 dépeignait déjà les horreurs infligées aux animaux…
Plié en un tout petit peu moins de vingt minutes, Rage Of Deliverance s’ouvre sur un discours du philanthrope et activiste australien Philipp Wollen alors que résonne les premiers riffs mélodiques mais émotionnellement chargés de "To Suffer". En deux minutes, Vanguard donne le ton avant d’entamer les hostilités plus férocement avec l’excellent "Defeatist". Alors bien évidemment, les Américains n’entendent pas révolutionner la scène Hardcore avec leur musique mais plutôt s’inscrire dans une certaine tradition héritée, on l’a vu, des années 90. Servi par une production capable d’allier puissance et caractère sans pour autant manquer d’authenticité, Vanguard va prêcher la bonne parole à coup de brulots Metal/Hardcore particulièrement virulents. Comme tous ces groupes de la première vague, les Américains doivent beaucoup à la scène Thrash des années 80, Slayer en tête. Une filiation qui se ressent notamment dans le riffing incendiaire et les quelques solos dispensés ici par la formation de Houston. Alors naturellement tout cela se retrouve dilué à travers des influences Punk/Hardcore évidentes. Ainsi, à la manière d’un Shai Hulud ou d’un Morning Again, on va retrouver chez Vanguard ces accents mélodiques typiques de ce qui se faisait dans les années 90. De quoi non pas alléger le propos de Vanguard mais plutôt apporter malgré tout une petite lumière d’espoir dans tout cette souffrance, cette rage et cette frustration... De la même manière, la formation originaire de Houston ne va jamais manquer une occasion d’accélérer la cadence à coup de rythmiques Punk/Hardcore aussi simples qu’efficaces comme par exemple sur les excellents "Detach", "Under No Pretext" marqué au passage par quelques lignes fugaces de chant clair ou "Ascendant". Hardcore oblige, on va également retrouver sur Rage Of Deliverance bon nombres de choeurs bien viriles histoire de fédérer tout le monde ainsi que de nombreux breaks ou séquences au groove particulièrement irrésistible qui là encore risquent bien de déclencher des émeutes dans le pit ("To Suffer" à 1:08, les premières secondes de "Defeatist" ainsi qu’à 0:36 et 2:40, "Detach" dès 1:44, "Living Grave" à 0:38 et 2:33, "Under No Pretext" à 1:24, "Ascendant" à 2:31). Bref, la recette est connue depuis des lustres mais à la manière d’un Inclination qui m’a lui aussi rappelé de bon souvenirs encore très récemment, Vanguard la maîtrise ici sur le bout des doigts.
Au delà du message porté par Vanguard auquel on choisira d’adhérer ou non, il faut bien reconnaitre aux Américains toute la force et l‘urgence dont ils font preuve ici en l’espace d’une vingtaine de minutes. Alors évidemment le genre restera à jamais marqué par l’influence de ces formations par qui tout est arrivé mais avec des groupes de la trempe de Vanguard, celui-ci semble avoir encore de beaux jours devant lui. Assurément l’une des sorties Hardcore les plus importantes de l’année.
| AxGxB 5 Février 2021 - 1109 lectures |
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