Bloodkill - Throne Of Control
Chronique
Bloodkill Throne Of Control
Avec sa taille et sa population immense il était étonnant que l’Inde ne fasse pas plus parler d’elle au sein d’une scène Metal mondialisée et émergeante, même dans les contrées les plus reculées et improbables. Visiblement à la mode là-bas le Thrash connaît un certain engouement porté par des jeunes loups énervés et bien décidés à prouver que leur pays peut rivaliser avec les meilleures formations d’Europe et d’outre-Atlantique. On s’en était déjà aperçu l’an dernier avec le très bon opus d’AMORPHIA qui misait sur une musique furieuse, rétro et frontale typiquement Allemande, et aujourd’hui c’est au tour de BLOODKILL de faire parler de lui, de façon relativement positive avec ce premier album qui voit le jour cinq ans après les débuts du quintet. Si cette sortie se fait sous le sceau de l’autoproduction le contenu n’a lui pas à rougir et est loin de sonner amateur sans talent, tant les mecs maîtrisent leurs instruments et bénéficient d’une production excellente et chaude où la basse bien présente dans le mixage apporte une lourdeur supplémentaire à l’ensemble au groove imposant. D’ailleurs en parlant de ce côté massif et écrasant le groupe va énormément jouer là-dessus (quitte à le privilégier un peu trop), ce qui va se faire au détriment de la vitesse trop fréquemment laissée sur le bord de la route.
Car on va vite remarquer que le tout va parfois avoir tendance à manquer un peu d’agressivité et se faire plutôt gentillet que très énervé, la preuve directement avec le court « Blindead Circus » particulièrement remuant et entraînant, porté par une rythmique punkisante des plus sympathiques où mid-tempo propice au headbanging et courtes accélérations sont de sortie. Misant sur une rythmique presque dansante la bande offre une compo bondissante et sympathique relevée par un excellent et long solo (la qualité et fluidité de celui-ci et des suivants sera toujours au rendez-vous). La suite va d’ailleurs confirmer ce ressenti un peu pépère et pantouflard avec le rampant et bridé « False Face » (qui perd en attrait du fait d’un certain manque de couilles) et le presque Metalcore « 3B » (aux riffs syncopés et cassants), bien foutu et agréable mais plombé par un manque d’accélérations évident. Pourtant on voit bien que les gars ont du potentiel et une écriture travaillée mais on a l’impression qu’ils ont peur de se lâcher tant ça donne la sensation de jouer avec le frein à main, cela se remarque encore avec l’étouffant « Unite And Conquer » qui contient de bonnes idées mais se répète trop et trop longtemps pour captiver totalement, à l’instar de « Horrorscope » qui contient néanmoins de bonnes idées (l’introduction tout en arpèges doux en est un bon exemple), mais dont les rares moments de vitesse sont trop éphémères pour se faire véritablement remarquer.
Pourtant alors qu’on arrive presque au bout du disque les mecs vont enfin oser sortir de leur zone de confort, et le résultat va être bien supérieur à ce qu’on a pu entendre jusque-là. Pour commencer c’est le lourd et oppressant « For I Am The Messiah » qui va mettre tout le monde d’accord, avec ses relents Hardcore instinctifs et parfaits pour briser les nuques les plus solides aidé en cela par le chant qui harangue le public et la foule présente, tout ça avant l’excellente conclusion qui arrive sous le nom de « Throne Of Control ». Ici pas de place pour la diplomatie et la réflexion tant ça envoie du bois quasiment en continu, que ce soit avec son démarrage martial comme sa suite rythmiquement enlevée et qui ne ralentit et ne s’écrase que pour la dernière minute de ce long-format pas parfait mais qui a des arguments à faire valoir. Sentant à plein nez l’époque bénie de la Bay Aera et les Etats-Unis en général celui-ci est une semi-déception tant on entend que l’entité en a sous la semelle mais n’a pas probablement pas osé mettre toutes ses cartouches en avant, dommage donc car bien que n’ayant rien de mauvais cette réalisation est un peu inégale pour captiver en permanence, surtout avec certaines longueurs que l’on retrouve régulièrement tout au long de la plupart des huit plages. Sans doute aurait-il mieux valu les raccourcir et en proposer deux-trois autres plus courtes à la place, car cela aurait ainsi évité de tomber dans un faux-rythme regrettable, tant on sent que ses géniteurs ont mieux à proposer. A voir donc pour la suite s’ils sont capables d’engranger de l’expérience et de la maturité supplémentaire afin d’espérer plus d’homogénéité et d’accroche à l’avenir, au risque pour eux de rester cantonné dans l’underground le plus local le plus primitif, ce qui serait regrettable vu qu’il y’a certainement mieux à offrir de leur part.
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