Jours Pâles - Eclosion
Chronique
Jours Pâles Eclosion
En attendant l’arrivée prochaine (et attendue) du nouveau AORLHAC Spellbound ne chôme pas depuis quelques temps, et profite de l’occasion pour multiplier les projets parallèles et nouvelles expériences musicales, en s’éloignant du style pratiqué par sa formation principale. Après avoir privilégié les ambiances atmosphériques et mélodiques avec ASPHODELE (qui a splitté peu de temps après), place désormais à JOURS PÂLES qui reprend plus ou moins les choses là où elles en étaient restées. Car avec ce nom dans la droite ligne de cette précédente entité (il s’agissait d’une des plages de cet unique opus) le chanteur-compositeur a décidé de continuer dans cette veine douce et triste, en poussant plus loin les choses et en s’entourant d’une nouvelle équipe (hormis le bassiste Christian Larsson qui a rempilé) où l’on retrouve notamment James Sloan (UADA, GRAVELIGHT) à la guitare. Mais par rapport à sa précédente sortie dissidente ce qui va marquer ici c’est un côté 80’s plus marqué, car bien que la violence ne soit pas totalement absente celle-ci va être plus discrète pour laisser place régulièrement à des relents New/Cold Wave affirmés et assumés, où les influences entre JOY DIVISION et les premiers THE CURE se mêlent à des groupes phares de la scène Gothique/Post-Punk hexagonale (MARQUIS DE SADE, TAXI GIRL) de par le chant en Français.
Car dès le démarrage avec « Illunés » le ton va être donné de ce que seront les cinquante minutes à venir, vu qu’ici le mélange entre ambiances orageuses et lumineuses va créer quelque chose plein d’espoir malgré les perturbations qui s’enchaînent les unes après les autres. Porté par une rythmique remuante tout en mid-tempo (et où se greffe des notes douces et apaisantes) ce titre d’ouverture va servir de rampe de lancement idéale pour le reste de cette galette, qui va se maintenir qualitativement et en osant pas mal de choses sans pour autant sortir des sentiers battus, mais en restant totalement digeste. Rien de bourratif en effet ici et cela se retrouve dès la composition suivante intitulée « Aux Confins Du Silence » qui reprend les mêmes éléments entendus auparavant comme sa construction relativement semblable, sauf que l’ensemble est ici légèrement plus agressif et sombre, du fait de riffs plus énervés et de quelques blasts bien placés. N’hésitant pas à se faire plus apaisée et cotonneuse, comme le prouvent les introductions en arpèges mélodieux sur « Ma Dysthymie, Sa Vastitude », « Eclamé » (aidé par le chant féminin apaisant d’Ondine Dupont) et « Eclosion », la musique du quatuor voit également l’apparition de nappes de claviers bien foutus qui se glissent dans l’ensemble facilement et de façon fluide, vu qu’elles ne font pas tâche avec le reste.
Si on peut reprocher à ces morceaux une certaine répétition et un schéma d’écriture assez identique de l’un à l’autre, chacun possède en revanche sa propre personnalité, point indispensable pour ne pas tomber dans la redondance. Au milieu de tout cela d’autres éléments et sentiments pointent le bout de leur nez, comme sur « Le Chant Du Cygne » aux accents martiaux plus présents et qui voient l’apparition d’un sublime solo plaintif et beau à en pleurer (totalement en raccord avec le nom donné), ou encore via les presque dansants « Suivant l’Astre » et « Des Jours A Rallonge ». Sur cette doublette tous les éléments de cet âge d’or de la nouvelle vague d’outre-Manche se retrouvent mis sur le devant de la scène, entre la basse vrombissante (qui renvoie au jeu puissant de Pete Hook dans NEW ORDER comme à côté du regretté Ian Curtis), une batterie dynamique qui donne envie de bouger et des sons électroniques (certes légers et discrets), histoire de renforcer la rêverie et le voyage auquel l’auditeur est embarqué depuis le début. Ne tombant jamais dans le synthétisme abusif et inutile le boulot effectué par le frontman dans ce domaine est parfait et équilibré, juste sobre sans être grandiloquent, un point de vue qui se vérifiera dans la conclusion intitulée « C2H60 » (nom de la formule brute de plusieurs isomères).
Servant d’outro cet instrumental clôt les hostilités de façon planante et contemplative où là-encore les notes de synthé se mêlent en total symbiose avec les passages électriques qui concluent une œuvre osée mais réussie, malgré sa relative accessibilité et une violence contenue (mais néanmoins présente). Avec en prime un gros boulot réalisé au niveau du chant qui sort nombre de tessitures (passant régulièrement de la voix claire à celle plus vigoureuse), et qui est complété par des leads sublimes tout en toucher, il ne faut donc pas hésiter à passer outre l’impression originelle pour se laisser happer par ce parcours intérieur et cosmique. Alors certes ça s’étire parfois un peu inutilement sur la durée (ça aurait gagné encore un peu plus en densité en étant raccourci) mais il ne faut franchement pas chipoter, tant le contenu est à la hauteur du pedigree des gars. C’est donc tout à fait le genre de galette qui ne laissera pas indifférent mais qui fait du bien en ces temps troublés et incertains, et qui permet de faire une pause au milieu du chaos ambiant en se retrouvant soi-même et en parcourant son intérieur spirituel et psychologique.
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