Si, esthétiquement parlant,
JOURS PÂLES change radicalement de style à chacune de ses sorties et nous propose sur ce «
Dissolution » une pochette qui fonctionnerait à merveille en couverture d’un roman d’horreur ou en affiche de film, la musique, elle, poursuit inlassablement sa marche sur les chemins de l’excellence. Ainsi, après une
« Eclosion » prometteuse puis des
« Tensions » qui avaient installé la formation parallèle de
Spellbound comme l’une des valeurs sûres du catalogue des
Acteurs de l’Ombre mais également plus largement de la scène
black metal hexagonale, voilà donc neuf nouvelles compositions à savourer après deux ans d’attente.
Je le reconnais sans peine, les premières écoutes m’ont causé quelques difficultés. En effet, les titres sont denses, musicalement déjà mais oralement surtout. Le chant occupe une place prépondérante, dans un registre gueulé que j’ai bien du mal à décrire en mot mais qui me fait parfois penser à des vocalistes tels que
Famine ou encore
Toxik H : des techniques de braillards hyper efficaces mais qui peuvent parfois saturer l’auditeur. Seulement, ce n’est pas tout. Il y a d’abord l’adjonction, épisodique, d’une voix féminine (sur « Les lueurs d’autoroutes » par exemple, puis sur « Dissolution »), bien dispensable de mon point de vue car faisant basculer le groupe dans des atmosphères
shoegaze qui ne sont pas celles où les musiciens s’expriment le mieux.
Enfin, je l’ai dit, il y a la densité musicale. Parce que ça tartine, énormément. Alors, certes, le travail d’écriture notamment des parties de guitares est assez impressionnant, que ce soit tant au niveau des tessitures (l’écart entre la finesse d’« Une mer aux couleurs désunions » et la puissance de « Réseaux venins » ou de « Limérence ») que concernant la variété de rythmiques utilisées, et comme la basse a également des lignes complexes, indépendantes de la batterie, tout cela mit bout-à-bout m’amène à avoir parfois des difficultés de lecture de l’ensemble. Dit autrement, «
Dissolution » est un disque on ne peut plus exigeant qui nécessite une grande concentration pour ne pas manquer une seule miette. D’ailleurs, il n’y a pas de miettes, les quarante-cinq minutes font dans le « zéro déchet », il n’y a pas un seul élément qui ne soit utile.
Evidemment, nous sommes là face à un LP doté d’une intelligence d’écriture rare et, en la matière, l’album rivalise avec les
« Éclats » d’
ORAKLE, même si
JOURS PÂLES est d’avantage ancré dans la violence. On retrouve la même exigence, le même souci d’inventivité, cette volonté d’écrire un
black metal qui sort des sentiers battus tout en en respectant les codes noirs.
Il reste qu’en sortie d’écoute, je demeure sur un sentiment partagé. D’un côté, je suis bien conscient que nous croisons là une pièce rare, hautement qualitative et exécutée par des musiciens d’exception et, par certains aspects, je la préfère au dernier
AORLHAC. Mais son côté massif m’empêche d’identifier des instants saillants, des pics jubilatoires. Vous me direz qu’il faut être gonflé pour reprocher à «
Dissolution » d’être toujours parfait, c’est juste qu’il s’avère un peu trop linéaire dans cette perfection. Le triptyque introductif « Taciturne », « La reine de mes peines » (oscar de la meilleure chanson), « Noire impériale » est impressionnant, il impose une ambiance de grandeur souveraine à côté de laquelle « Les lueurs d’autoroutes » fait pâle figure, pour les raisons évoquées précédemment. Evidemment, le « Réseaux venins » qui s’en suit recolle avec la force initiale mais quelque chose s’est brisée entre temps, d’autant que l’interlude « Une mer aux couleurs de désunions » qui lui succède refait chuter l’intensité. Il aurait fait une introduction splendide, placé ici je trouve qu’il rompt l’harmonie. Et si « Limérence », « Dissolution » et « Terminal nocturne » sont de très bonnes compositions, je n’y vois plus le grandiose initial, il y a beaucoup de moments davantage atmosphériques et ce que l’on gagne en richesse, on le perd en impact frontal.
Evidemment, cela n’enlève rien au fait qu’il s’agisse d’un des albums hexagonaux de l’année, j’en viens même à la conclusion que le problème vient de moi, en aucun cas de cette sortie qui irradie littéralement.
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