BreakDust : droit de réponse à la chronique de "Mutilated Earth"

Bien que n'étant pas fan du lattage en règle des petits groupes sympas qui n'en veulent, on peut dire que ma chronique de "Mutilated Earth", premier album de BreakDust, n'avait pas été très tendre. Histoire de laisser au groupe la possibilité de répondre à quelques unes des attaques proférées dans ce papier - et de me traiter de tous les noms d'oiseau à la mode en ce début d'année 2008 - on a décidé d'un commun accord de s'organiser une petite interview "Droit de réponse". son de cloche, premier round ...

Salut les gars, et merci de vous être prêtés au jeu de cette interview un peu atypique et pas hyper confortable - puisque réalisée comme un « droit de réponse » à la chronique de « Mutilated Earth », votre dernier album que j'ai quelque peu malmené. Restons quand même dans un schéma classique pour commencer: pouvez-vous nous parler un peu de l'histoire du groupe ?

Chon : Le projet à été lancé par Alex en 1997, il était fan de Metallica et bossait avec son pote batteur Philipe Leroy sur des reprises, je suis tombé sur un concert qu'ils avaient donné pour une fête de la musique et j'ai intégré le groupe en 1999, il manquait plus qu'un bassiste et c'est Olive qui prit le poste en 2000 mais suite à des problèmes de santé Philipe est remplacé par Olive en 2002, Rod vient compléter le groupe en 2003, l'osmose était la dés les premières répètes et le groupe pouvait attaquer les choses sérieuses.


Quand sa production est livrée en pâture au ‘zines (mag-, fan-, web-), cela fait partie du jeu de risquer de se voir vertement critiquer, et j'imagine qu'intellectuellement, on peut s'y attendre. C'est néanmoins une autre affaire lorsque cela arrive réellement. Pensiez-vous réellement que vous pourriez récolter de mauvaises chroniques ?

Olive : C'est exactement ce que tu dis. On s'attendait bien sûr à avoir de mauvaises critiques et c'est clair que ça pique mais bon, c'est le but du jeu. On avait envie d'avoir le plus d'avis possible.

Chon : On s'y attendait bien sûr, lorsque Alexis Voss (666production) nous avait annoncé qu'il y aurait une grosse promo de « Mutilated Earth », on se doutait bien que tout le monde n'allait pas aimer, c'est évident. Mais c'est vrai qu'au vu des chroniques de la démo 2005 « Eye of Cyclone », on ne s'attendait pas à ce que Thrashocore nous face une telle chronique de notre premier album qui plus est très bien écrite, ce qui est encore plus déroutant c'est que l'on passe d'un coup de cœur sur Pavillon 666 à un putain de coup de boule sur Thrasho et cela en très peu de temps, difficile de comprendre et de se situer là dedans.

Alex : Oui, à mon avis, n'importe quel groupe peut avoir des critiques. Tu peux être qui tu veux, ce n'est pas pour cela qu'on est obligé d'apprécier ce que tu fais. La musique est comparable à la cuisine, tu as beau être un chef renommé, ta bouffe peut être dégueulasse au goût des autres. Je trouve ça normal d'avoir de mauvaises critiques sinon tout le monde écouterai la même musique et mangerai la même bouffe.

Rod : On ne peut pas plaire à tout le monde mais ça fait toujours mal de voir son travail et ses goûts dénigré par certain.


J'imagine que quand on a mis du temps, de l'énergie et de la passion (voire de l'argent) dans un œuvre, il n'est pas aisé de se voir critiquer. Comment vivez-vous les mauvaises critiques ? Vous vous en foutez ? Ce sont des infos qu'il peut être intéressant de garder à l'esprit pour faire encore mieux la fois d'après ? C'est de la bave de crapaud de scribouillard aigri de ne pas avoir lui-même son groupe ? C'est des paquets de bile d'un gars qui n'a pas écouté suffisamment longtemps / attentivement l'album ? C'est de la rage en barre que vous allez libérer sur scène (à défaut de me botter le cul ! :) ) ?

Alex : J'accepte les mauvaises chroniques mais pas les insultes. De plus venant d'un webzine de renom, cela m'a percuté le cerveau. Quand j'ai lu ta chronique, je me suis dis : « cette chronique est à chier….. !!!!». Tout ce qui est dis est pris en compte dans le groupe, comme tu sais, on a pas mal galéré au début et on s'est toujours remis en question. C'est nôtre état d'esprit, on se dit toujours que l'on fera mieux la prochaine fois, cela fait parti de l'évolution musicale. L'album t'auras beau l'écouter 25 fois, si tu n'accroches pas dés les premières écoutes, c'est pas la peine d'insister, au contraire tu t'en ais écoeuré. Pour ma part, chaque concert est joué à 200%, je n'ai pas besoin de mauvaises chroniques pour être à fond sur scène.

Olive : On va dire que cela dépend. Si c'est une chronique torchon, on s'en tape. Mais là ta chronique est très bien écrite et bien ficelée. Donc elle a beaucoup plus d'impact sur nous. On a toujours accepté les mauvaises critiques et on s'est déjà remis en question à plusieurs reprises. Pour le fait que tu n'ais pas assez écouté l'album, je pense que ça ne changera rien (rires), tu l'as déjà beaucoup écouté. T'accroche pas, t'accroche pas c'est tout. Il est sûr que maintenant j'ai envie de convaincre avec la scène ! C'est le meilleur défouloir qui soit donné et la meilleure façon de défendre l'album.

Rod : On attend toutes les chroniques avec impatience, les bonnes comme les mauvaises et c'est sûr que les critiques ne nous laisse pas de marbre mais le but premier est d'avancer sans perdre nos racines. Pour ce qui est de la scène, c'est là où je me sens le mieux et aime à y donner de l'animosité.

Chon : Ah c'est claire que pour moi, penser à ta chronique sera un super moyen de monter sur scène la rage au ventre, de montrer que l'on est là malgré tout et peut être même mettre le doute chez les personnes qui n'auront pas aimé « Mutilated Earth ». On ne peut pas rester indifférent face à ta chronique, c'est impossible et ça fait mal car tu cognes sévère mais le groupe c'est toujours remis en question et ça depuis le début sinon BreakDust n'en serait pas là aujourd'hui, on a toujours accepté la mauvaise critique tant qu'elle reste constructive, ce n'est pas la première et sûrement pas la dernière puis on va pas forcer les gens à nous aimer, ça serait ridicule !!!


Reprenons les uns après les autres les éléments de « Mutilated Earth » qui ont essuyé le feu de la critique. C'est le chant qui s'est fait le plus vertement allumé. Alors, l'accent ? Le placement ? Je crois avoir déjà lu des réserves quand à ce chant, même dans des chroniques qui vous étaient favorables, non?

Alex : Il est vrai que le chant est plus critiqué, car il est plus en avant que la musique, mais ç'est ma façon de chanter. Il vient naturellement sur les guitares rythmiques. De plus, je n'ai pas d'effets sur la voix dans l'album, il est au plus naturel que possible, sachant que je me suis cassé un peu la voix au cours des sessions. Je suis plutôt fier d'avoir un chant différent des autres étant donné que tu ne l'apprécies pas ; encore une fois les goûts ne sont pas le mêmes pour tout le monde, cela dit, tu l'as quand même écouté une dizaine de fois malgré tout (rires). J'imagine que tu as dû en souffrir. Il y a pour habitude quand on aime pas quelques choses d'en informer les gens, enfin, plus que quand on apprécie, c'est le mécontentement, c'est purement commerciale. Tu vas pouvoir parler de nous, c'est super !! (rires)

Olive : Oui il y a beaucoup de critiques sur le chant. Alex est guitariste chanteur ; le chant sur l'album est au plus proche de celui qu'il gère avec sa gratte sur scène (au niveau des placements etc.).

Chon : Le chant dans ce style est vraiment à part, qu'il soit rocailleux, guttural…tout ce que tu veux, il y a pour moi toujours un temps d'adaptation, je pense vraiment que c'est une affaire de goût, je vais pas aimer des chants que toi-même tu trouveras excellent mais je ne dirai pas non plus qu'ils sont à chier par respect. Pour le chant d'Alex, on l'aime où on ne l'aime pas, ça passe où ça casse !!!


Deuxième critique: gros manque d'originalité et d'accroche d'un grand nombre de passages, notamment dans les plans de grattes rythmiques.

Olive : Ben tu sais on est très influencé métal 80', 90'. On est des branques de « palm-mute » et de riffs inspiré de cette époque là. On aime quand ça bourre mais aussi quand ça respire. Qu'il y ait une musicalité compréhensible pour tous, assez facile à analyser sans se retourner le cerveau. Une chanson c'est avant tout une histoire. La technique c'est cool mais l'émotion c'est mieux.

Chon : (rires) On sait que l'on a rien inventé, on a jamais eu cette prétention là, comme dit Olive, on aime tous les quatre les bons vieux groupe de thrash, on s'en est inspiré au maximum dans nos compositions, des personnes l'on ressenti et apprécient notre côtés « old school » et ça tombe bien pour nous car on s'éclate vraiment à faire ce style. En gros on assume parfaitement notre manque d'originalité.

Alex : On l'assume tous très bien !!!


Troisième reproche explicite: une batterie manquant de puissance.

Olive : Ben écoutes, j'aime mon son. On c'est bien pris la tête pour avoir ce son là, au maximum naturel.

Chon : Ce qui est étonnant c'est que Mathieu Pascale (Bud records et guitariste de Gorod ; tes chouchous !) et Olive se sont trouvé d'accord sur le son de la batterie, ils voulaient qu'elle sonne brut et naturel, je peu même te dire que Mathieu était plutôt fier de son rendu surtout qu'en plus lors de son enregistrement, il a utilisé la même recette qu'avec Gorod, comme quoi….
Pour ma part je là trouve excellente !!!


A l'inverse, vous aurez remarqué que j'ai été très agréablement surpris par la qualité de la guitare lead. A un tel point que j'avoue avoir trouvé cela presque « choquant », tant le contraste m' semblé fort avec les points précédemment mentionnés. Une réaction ?

Olive : Putain vite on represse pleins d'albums juste avec les solos guitares (rires). Mais tu sais Chon est en grande partie compositeur dans le groupe et un solo guitare se fait généralement après la composition du riff. C'est là où j'ai du mal à comprendre. Les solos font parties de l'ensemble. Je suis au moins content que la simplicité naïve de nos riffs solos les ait si bien fait ressortir. Ouf un point positif. On fait juste ce qu'on aime. On ne veut pas se forcer à tomber dans des trucs dans lesquels on n'adhère pas.

Chon : Les solos pour moi sont un parfait résumé et une étape importante de la composition, le but est de coller au mieux aux morceaux, garder l'intensité sans négliger le côté mélodique. J'utilise la même logique que lorsque je propose un morceau au groupe.


J'imagine que vous avez par contre dû être super contents du grand nombre de chroniques enthousiastes parues par ailleurs dans d'autres ‘zines. Je crois bien ne pas avoir vu beaucoup de notes inférieures à 8/10, en dehors de Thrasho et de Metalstorm.

Olive : Oui, on est super content d'avoir de bonnes chroniques. Par contre on a rien vu sur Metalstorm, je pense que tu parles de Global Domination.

Chon : A la sortie de « Mutilated Earth », personnellement je ne voulais pas décevoir les webzines qui avaient apprécié « Eye of Cyclone » d'autant plus que l'on a réenregistré les titres de la démo, les chroniques ont été bonnes et ça fait énormément plaisir sauf sur Trashocore mais ce n'est pas plus mal, je pense même que ça va nous faire du bien pour la suite des événements.


Je profite de l'occasion pour une autre petite question: il est vrai que l'album a été enregistré dans le studio d'un des gars (à moins que ce soit la batteuse) de Gorod? Cela s'est bien passé?

Olive : Oui, on a enregistré avec Mathieu Pascale (guitare). Ca a été une expérience de fou. Il a une super oreille. La moindre petite faille ne passe pas (rires) ! Il nous a fait faire un gros pas en avant. Voilà, on a prit un gros pied à bosser avec lui.

Chon : On le remerciera jamais assez pour le travail qu'il a fournis, il c'est investi à 100% dans la conception de l'album, à tel point qu'on c'est tapé le trip de faire un solo en question/réponse sur la fin de « Bitter Prayer », fallait absolument qu'il y laisse une trace.

Alex : Super expérience en la compagnie et collaboration de Mathieu (Gorod).


Il ressort de ce que j'ai pu lire ça et là (chroniques, commentaires, …) que vous prenez toute votre dimension sur scène. Est-ce que vous avez des plans de tournées ou de festivals à venir?

Olive : On adore ça c'est tout. La scène c'est là où on s'éclate. On a vraiment envie de faire passer quelques choses aux gens présents. Cette putain d'envie de faire tomber les murs et propulser notre musique en avant.
Pour ce qui est des dates, on en a quelques unes. Mais comme tu sais on est un petit groupe et il est difficile d'en trouver. Heureusement on a aussi 666 production qui nous file un coup de main.

Chon : Oui, quelques concerts sont prévus, en ce moment on est plus concentré sur la promotion de l'album, mais on a vraiment hâte de le défendre un maximum sur scène, c'est la prochaine étape et ce sera la meilleure des récompenses pour nous. On te tiendra au courant si jamais un jour on monte à Paris (rires).


Traditionnellement la dernière « question » de l'interview est laissée totalement libre à l'artiste interviewé. C'est plus que jamais vrai ici. C'est moi qui ai « dirigé » l'interview jusqu'à ici: à vous de prendre maintenant les rênes pour aborder les points qui vous tiennent à cœur et apporter un contre-point au regard sévère porté sur l'album tout au long de ma chronique. N'hésitez pas à en mettre beaucoup: ce ne sont pas ici "les derniers mots" mais bien "une tribune libre".

Olive : Voilà, on a enfin réussi à sortir notre premier album et on remercie toutes les personnes qui nous ont permis d'y arriver et ont cru en nous. Bon, chez Trashocore ça n'est pas passé, c'est sûr. Mais au moins ça marque (rires). T'imagine, tu as eu même eu des frissons juste en pensant à la prochaine écoute, c'est pas énorme ça (rires) ! Bon, trêve de connerie, merci à toi pour ta chronique qui est très pro. C'est pas un torchon c'est clair. Maintenant espérons qu'il y aura des personnes qui continueront à apprécier l'album malgré ça. Mais comme on dit, en bien ou en mal, c'est toujours cool quand on en parle.

Chon : C'est beau ce que tu dis Olive (rires) oui, espérons c'est clair… Merci à toi de nous avoir donné le droit à la parole et aussi pour ta chronique, je dois juste t'avouer que j'ai pas trop apprécié le fait que tu ais remis en question les bonnes chroniques mais je respecte vraiment ton avis. Merci à Trashocore et encore merci à toutes les personnes qui ont permis de rendre la chose possible, grâce à eux, on a aujourd'hui réalisé un rêve de gamin.
Fais la bise à Nikta' de notre part !!!