Cradle Of Filth + Moonspell + The Haunted

En ce 1er Avril, il valait mieux ne pas arriver en retard à la Coopé pour la première date française de la tournée The Haunted + Moonspell + Cradle Of Filth. Pour ma part, étant arrivé vers les 19h30, j’avais largement le temps de saluer quelques connaissances comme Mathieu (alias Manak) ou Anto de Remorse avant de rentrer dans la salle, le début des hostilités étant prévu (logiquement) pour 20h30. Du coup, je me pointe à l’entrée sur le coup des 20h15 alors que la plupart des gens sont déjà à l’intérieur. Grand bien m’en a pris vu que The Haunted démarre à 20h20 pétante pour un show qui s’annonce très court (30 mn) d’après les renseignements glanés par Mathieu durant l’interview des suédois.

30 mn, c’est court. S’en est même désolant, mais visiblement ceci est dû à des directives des deux autres groupes. Comme si cette mauvaise nouvelle ne suffisait pas, The Haunted arrive privé d’un des gratteux apparemment malade (le groupe lui faisant un petit clin d’œil en exposant son habituel t-shirt de foot us sur la scène). Malgré ces petits désagréments, le groupe est remonté comme un coucou suisse et va nous délivrer le meilleur show de la soirée.
L’accueil qui lui est réservé est, disons, poli mais visiblement la majeure partie de l’assistance (très nombreuse, soit dit en passant, ce qui est plutôt réjouissant) s’est déplacée pour Cradle Of Filth. Malgré tout, même avec une seule guitare, le son est puissant mais cependant très clair ce qui permet à l’assistance d’apprécier au mieux les riffs ravageurs du sieur Anders. Quant à Peter Dolving, il est déchaîné et se démène comme un beau diable dans le peu d’espace laissé au groupe sur une scène déjà « pensée » pour le show des « dieux » Cradle Of Filth. En tout cas, les nouveaux titres tels que « 99 » et « No compromise » sont de véritables tueries en live de même que les morceaux « plus anciens » comme « D.O.A. » ou « Hollow ground ». Du coup le set passe très vite, à mon grand désespoir, d’autant plus que, bien évidemment, nous n’aurons pas droit à un rappel.

Ce sera d’ailleurs le même cas pour Moonspell qui aura tout de même l’avantage de jouer une demi-heure de plus que The Haunted et devant un public visiblement plus acquis à sa cause. Le groupe jouant dans la même configuration scénique que les suédois, le public n’aura pas à attendre longtemps avant de voir débarquer les portugais sur scène. Fernando Ribeiro se révèle être un frontman charismatique qui se met facilement l’assistance dans sa poche en prononçant quelques phrases en français et en incitant tout le monde à faire le signe du diable. Ouai enfin, signe du diable, je veux bien, mais il faut bien reconnaître que la musique de Moonspell n’a rien de vraiment diabolique, même, si en live, les morceaux s’avèrent plus brut de décoffrage que sur CD. La set-list fait la part belle au dernier album « The Antidote » ainsi qu’aux titres les plus anciens issus de « Wolfheart » (« Vampiria ») et « Irreligious » (« Opium », « Mephisto ») ce qui n’est pas franchement pour me plaire vu que mes deux albums préférés du groupe (« Sin/pecado » et « The Butterfly FX ») seront totalement écartés. Enfin le public à l’air aux anges d’autant plus que les titres sont exécutés avec une maîtrise parfaite et dans des conditions sonores idéales. On déplorera juste un manque de puissance dans le chant caverneux de Fernando plus efficace dans les parties hurlées. En tout cas, pour la première fois de la soirée, les slammers se seront fait plaisir, ce qui ravit également le groupe.

Et voilà qu’arrive le show tant attendu par la plupart du public. C’est la première fois que je vois les britanniques en live et je dois avouer que je suis assez perplexe avant même l’entame du concert, le groupe n’étant pas réputé pour ses prestations scéniques exceptionnelles (les mots « risible » et « son de merde » revenant souvent dans les reviews live du groupe). Et bien tout cela va, hélas, se confirmer. Pour ce qui est du risible, la palme revient surtout aux roadies du groupe, affublés de soutanes, qui les font ressembler, au choix, à Sean Connery dans « Le nom de la rose » ou à Bud Spencer et Terence Hill dans « On continue de l’appeler Trinita » (vous noterez au passage l’éclectisme de ma culture cinématographique). Tout ceci est bien entendu étudié pour coller au mieux au visuel « glauque » du groupe mais je crois qu’il serait bon de rappeler à Dani qu’il est le leader d’un groupe de Metal et non d’une troupe de cirque. Car si le groupe met le paquet sur le visuel (backdrop alternant pochettes de leurs CD, logos du groupe ou clips; gargouilles inertes en apparence mais qui « surgissent » dès le second morceau; marionnette cadavérique géante qui déambule sur scène ou numéro d’équilibriste au dessus du public) c’est au détriment de la musique ce qui est, vous en conviendrez, plutôt paradoxal. Non pas que les morceaux du groupe soient mauvais, loin de là, mais le groupe gagnerait à utiliser ses finances pour se payer un ingénieur du son digne de ce nom plutôt qu’à les dépenser en artifices. Pourtant, le show avait bien démarré avec « Gilded cunt » mais le son va tout gâcher : j’ai beau posséder tous les disques du groupe, il me sera bien difficile de reconnaître les morceaux, les parties de guitares, le chant de la choriste et le clavier étant totalement noyés sous le son de la batterie et les cris de porcin de Dani. Un Dani qui, comme ses acolytes, préfère largement jouer un rôle sur scéne au lieu de communiquer avec le public qui n’aura droit qu’à quelques « come on » en guise de remerciement, démontrant si cela était nécessaire, que le groupe se fait plutôt chier qu’autre chose. Du coup, même les fans les plus assidus finiront par lâcher prise, la faute incombant à ce son pourri mais également, d’après moi, à un mauvais choix dans les titres, le groupe ayant choisi d’axer le concert sur les morceaux de « Nymphetamine » alors que, visiblement, les titres les plus anciens reçoivent le meilleur accueil. J’aurais pour ma part préféré entendre plus de titres de « Dusk and her embrace » ou « Cruelty and the beast » (représentés par un morceau chacun) plutôt que de me farcir « Nymphetamine » (le single). Vous l’aurez compris, c’est assez déçu que je suis ressortit de ces 2 heures (hélas) de concerts de Cradle Of Filth, pendant lesquelles j’aurais souvent regardé ma montre. Espérons que le public parisien aura eu droit à un meilleur show, d’autant plus qu’un DVD devait être filmé à la clef.