Behemoth + Kataklysm + Aborted + Lyfthrasyr

Aborted, Kataklysm, Behemoth. Trois de mes groupes de Death favoris se produisant à Lyon, soit à 2h de routes de chez moi, c'était déjà une bonne nouvelle en soi. Alors quand j'ai appris qu'un bus partant de Clermont-Ferrand était organisé par les membres de Pro-Pulse/Dislocation pour cette date, il devenait inconcevable pour moi de louper cet évènement. Vous pensez, entre trajet à la cool, alcool, metal à fond dans les enceintes, discussions 100% orientées musique entre potes et gros concert pour conclure, difficile de dire non à un tel programme. C'est ainsi qu'une grosse quinzaine de metalleux (et metalleuses) de la région clermontoise embarquaient, en ce début d'après-midi ensoleillé du dimanche 14 octobre, à destination du Ninkasi Kao.

Arrivés de bonne heure sur les lieux, nous nous mettons alors en quête d'un peu de bouffe, histoire d'éponger les quelques bières bues pendant le trajet (les 2 packs apportés par Chamby, le chanteur de Dislocation, n'ayant pas survécu au trajet aller), avant de finalement entrer dans le Ninkasi Kao, sympathique salle de concert équivalente à notre petite Coopé clermontoise et dont le seul inconvénient est l'accès au bar rendu difficile une fois les locaux remplies. Au passage, je rejoins Chris sur la qualité des bières brassées et servies en ces lieux. Un vrai régal. Mais assez parlé binouzes et revenons dans le vif du sujet.

C'est tout d'abord Lyfthrasyr qui entame les hostilités devant un parterre clairsemé. Il faut dire que, sur une affiche à très forte consonance Death-Metal, le Black mélodique des allemands, qui se situe à mi-chemin entre Cradle Of Filth et Mystic Circle, ne semble pas trop à sa place. Pour couronner le tout, le groupe est desservi par un très mauvais son qui ne laisse ressortir que la batterie, la basse et les parties de claviers (samplées) masquant intégralement la guitare et le chant du bassiste (pourtant équipé de 3 micros). Bref, pas vraiment des conditions idéales pour apprécier la musique de Lyfthrasyr qui, sans être un modèle d'originalité, paraît tout-à-fait correct sur CD. Au final, on est presque soulagé quand le groupe met les voiles au bout d'un court set, car cela annonce le début des choses sérieuses.

D'ailleurs le public ne s'y trompe pas et le Ninkasi Kao se remplit rapidement. Aborted débarque alors sur scène, arborant des corpsepaints, clin d'œil évident à Behemoth, avec qui ils partagent l'ultime date de leur tournée commune ce soir. Les belges rendront d'ailleurs un second hommage à leurs camarades polonais en reprenant brièvement le riff de « Chant for Eschaton 2000 » en guise d'intro d'un de leurs morceaux. Quand je disais que les choses sérieuses allaient débuter, je ne croyais pas si bien dire. Bénéficiant d'un son bien meilleur que celui de Lyfthrasyr, Aborted va délivrer ce qui sera certainement la prestation la plus sauvage de la soirée. Sven a beau avoir perdu sa longue chevelure, cela ne lui a pas ôté sa hargne et il n'a de cesse d'inciter le public à se démener, celui-ci lui répondant favorablement en pogotant très violemment ou en lançant un mini braveheart en fin de set. C'est même notre bon vieux Chamby local qui inaugurera le premier slam de la soirée. Il est agréable de voir que, malgré un nième changement de line-up, les belges ont su garder intact leur puissance de feu, le morceau The saw and the carnage done, avec son break monstrueusement heavy, restant pour moi le point d'orgue de leur set. Pour certains de mes camarades, la prestation d'Aborted restera d'ailleurs la baffe de la soirée, ce qui semble être le cas d'autres personnes présentes, la razzia sur les t-shirts d'Aborted étant assez significative.

Mais pour ma part, ayant déjà pu voir Aborted et Behemoth au Hellfest cette année, c'est la prestation de Kataklysm que j'attendais surtout avec impatience et, là encore, je n'ai pas été déçu, loin de là : tous les éléments nécessaires à un bon show étaient réunis. D'une part, malgré sa stature impressionnante (il a des bras comme mes cuisses), Maurizio Iacono se révèle être un frontman hyper communicatif, le visage barré d'un large sourire et avec un accent typiquement québécois qui le rend encore plus sympathique. Quant à Jean-François Dagenais, même si ses riffs restent très accessibles, il s'avère être un très bon guitariste, précis et gratifié d'un son clair et puissant. Enfin, les morceaux du groupe étant facilement assimilables, ils sont vraiment taillés pour le live. Kataklysm enchaîne ainsi classiques sur classiques (en vrac, Ambassador of Pain, As I Slither, Like Angels Wipping (The Dark), Crippled and Broken, Face the Face of War, la liste est longue) pour achever son set avec l'inévitable In Shadows and Dust. Le public se laisse aisément entraîner par la musique, les séquences de pogos et de slams étant nombreuses, ce qui conduira Maurizio à répéter, à plusieurs reprises, « Vous êtes vraiment des fous ! ». Si, comme le soulignaient Chris et Yz (croisés brièvement vers la sortie de la salle), certaines redondances entre les morceaux pouvaient se faire ressentir en fin de set, j'ai pour ma part été conquis de bout-en-bout par la prestation de Kataklysm qui restera, selon moi, la plus efficace de la soirée.

Setlist Kataklysm :
01 Like Angels Weeping (The Dark)
02 Let Them Burn
03 The Ambassador Of Pain
04 The Resurrected
05 Crippled And Broken
06 Serenity In Fire
07 1999:6661:2000
08 Where The Enemy Sleeps
09 Beyond Salvation
10 As I Slither
11 Face The Face Of War
12 Manipulator Of Souls
13 In Shadows & Dust

Car, au risque de provoquer la foudre des aficionados de Behemoth, j'ai été moyennement captivé par la prestation des polonais. Alors, que ce soit clair, je n'ai rien à reprocher à Behemoth en terme de savoir-faire scénique : le son est impec, c'est carré, les morceaux sont parfaitement exécutés et la mise en scène bien rôdée. Bref, les polonais font parler leur expérience du live. On déplorera juste quelques longueurs entre les enchaînements. De plus, j'ai tout de même pris un grand plaisir à écouter des morceaux tels que Antichristian Phenomenon, From The Pagan Vastlands ou Chant For Eschaton 2000 dans de bien meilleures conditions qu'au Hellfest. En revanche je n'arrive pas du tout à me faire au répertoire le plus récent du groupe, en l'occurrence celui de « Demigod » et « The Apostasy ». Là encore, loin de renier les qualités techniques ni leur puissance de feu de ces deux albums, je trouve qu'il leur manque la spontanéité et l'aspect directement accrocheur des titres issus de « Satanica », « Thelema 6 » ou « Zos kia cultus – Here and beyond ». D'un point de vue personnel, j'aurais également préféré voir « Zos kia cultus – Here and beyond » représenté par Sympathy for fools ou Here and beyond plutôt que As Above So Below que je trouve chiant comme la pluie. D'ailleurs, pour appuyer mon propos, le public m'a semblé moins motivé que durant les sets des deux précédents groupes, Nergal faisant même en bide en tentant de faire chanter (sans grand succès) « Behold bastard son, I am the evil one » au public pour lancer Christians to the lions qui est pourtant un de leurs classiques. Tout ceci à contribuer à rendre l'atmosphère de cette prestation un peu froide à mon goût et je ne suis pas certain que les membres de Behemoth est franchement pris leur pied. En effet, ils n'ont pas joué l'intégralité de la setlist initiale, préférant faire une surprenante et courte reprise du I Got Erection de Turbonegro en lieu et place de deux autres morceaux (dont le pourtant très efficace Pure, evil and hate, si ma mémoire est bonne) prévus à la base.

Setlist Behemoth :
01 Slaying The Prophets Ov Isa
02 Antichristian Phenomenon
03 Demigod
04 From The Pagan Vastlands
05 Prometherion
06 Conquer All
07 Christgrinding Avenue
08 Inferno's Solo
09 Slaves Shall Serve
10 As Above So Below
11 Summoning Of The Ancient Ones
12 Christians To The Lions
13 Decade Ov Therion
14 Chant For Eschaton 2000
15 I Got Erection (reprise de Turbonegro)


C'est donc les prestations de Aborted et surtout de Kataklysm qui resteront pour moi les faits marquants de ce concert, seule une partie du set de Behemoth m'ayant véritablement séduite. Quoi qu'il en soit, cette date à Lyon est certainement une des meilleures auxquelles j'ai pu assister cette année, tant du point de vue des conditions (public bien à fond, excellente salle) que de la qualité des groupes proposés à l'affiche.
Enfin, nous ne serons pas au bout de nos surprises en retournant au bus, celui-ci étant momentanément en panne de batterie. Ce qui vaudra à votre serviteur et quelques uns de mes camarades de pousser celui-ci sur quelques mètres dans un pur style pack du XV de France. C'est dans ce genre de situations qu'on regrette un peu le nombre de bières bues durant la soirée.