Je ne sais pas d'où vient cette mode tourangelle d'organiser des concerts dans des zones industrielles, mais après l'ACE qui était une salle mise en place dans un entrepôt de stockage pas chauffé, idéale pour faire des concerts en hiver, nous avons désormais le droit au RMS Studio, qui gîte 10 numéros plus loin dans la même rue désertique. C'est donc au fond à droite (dixit la pancarte) de cette autre succession de locaux industriels que se trouve le studio en question, et si la salle possède un son correct, il lui manque une chose essentielle à la survie de n'importe quel spectateur ou musicien : des toilettes. J'ose à peine imaginer l'odeur qui doit régner dans cette longue allée caillouteuse et derrière ces conteneurs industriels à l'heure actuelle, mais bon, ce n'est pas non plus une affluence exceptionnelle qui est venue accueillir les bordelais de Gorod et les régionaux de l'étape Dysmorphic et Human Shred, aux alentours de 90 personnes à vue de nez. Public assurément très jeune d'une petite moyenne de 1m70 donc pas trop gênant par la taille pour prendre des photos, mais visuellement rigolo (mention spéciale au jeune en t-shirt blanc fraîchement sorti de chez Jean Louis David et qui aurait sans problème pu intégrer Betraying The Martyrs) et plutôt gamin dans l'attitude (on signalera à cette jeune gothopouf qui a failli assommer un musicien d'un coup de botte qu'il n'est pas très malin de commencer un slam au bord de la scène alors qu'il n'y a pas de démarcation entre les musiciens et le public). S'il est toujours agréable pour les groupes à l'affiche que le public bouge, ça l'est moins quand on lutte pour prendre des photos correctes, et à ce moment là le dessous des enceintes de part et d'autre de la salle devient le meilleur ami du photographe amateur. Par avance je m'excuse donc pour ces photos prises exclusivement sur les côtés de la scène !
C'est dans une salle exiguë et déjà surchauffée par les lights que
Human Shred débarque. La scène est désagréablement basse et ne permet pas d'observer les musiciens correctement depuis le fond de la salle où se trouvent la régie son et la buvette, donc je m'excentre en craignant fortement la bouillie sonore habituelle des côtés d'une salle de concert. Mais, ô joie, ô surprise, il se trouve que le son va être plus que correct tout au long de la soirée et quelque soit l'endroit où l'on se trouve, et surtout d'un volume sonore tout à fait décent pour une pièce aussi petite – ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu affaire à un ingé son intelligent que j'en suis encore ému. La dernière fois que j'avais vu Human Shred c'était dans l'horrible cave du bar le Blackhawk, autant dire que je découvrais ce que valait réellement le groupe ce soir. Côté prestation pas grand-chose à dire, c'est carré et en place, on sent que le groupe écume la région depuis déjà quelques années, et hormis quelques approximations dans les premiers solos et un batteur qui donnait parfois l'impression de flotter sur son temps, il n'y rien eu à leur reprocher. C'est plutôt au niveau des compositions que j'ai eu du mal, car même si le début assez black/death était plutôt sympathique, le reste de leur set tenait d'un death metal presque caricatural dans sa prévisibilité. Souvent trop lourd et manquant de réelle puissance, Human Shred ne m'a donc pas laissé un souvenir impérissable, mais leur prestation tout à fait honorable en aura au moins fait une première partie correcte, susceptible de plaire à ceux qui contrairement à moi n'ont pas des goûts de chieur pointilleux.
Vient le tour de
Dysmorphic après une pause fraîcheur bien méritée pour tout le monde et qui permet d'aérer un tout petit peu la salle. Dysmorphic c'est le nouveau nom de Necroticism dont j'avais fait le live report ici même pour
leur date avec Hate et Kronos et dont j'avais
chroniqué la première démo. Chronique qu'ils avaient plutôt mal prise d'ailleurs, alors que je n'avais pas été si méchant que ça : le groupe était juste nivelé par le bas par un chant merdique et des compositions qui manquaient de progression. Mais heureusement dans son changement de nom le groupe a acquis de nouvelles influences et changé de chanteur pour la sortie d'une nouvelle démo dont je vous parlerai dans les colonnes de Thrasho dès que je l'aurai reçue. Mais ce n'est pas ce nouveau chanteur, dont Dysmorphic s'est d'ailleurs séparé, qui tenait le micro mais celui des très bons (et on espère qu'ils le resteront)
Aboroth, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'entre ce concert-ci et celui d'il y a un an c'est le jour et la nuit au niveau de la prestation vocale. Puissance, variations et énergie sont cette fois-ci au rendez-vous, et c'est donc sans un growl aussi monotone qu'horripilant que j'ai pu profiter du jeu des musiciens. Leur batteur m'avait déjà bien impressionné pour son âge il y a un an mais il a encore progressé : précis, en place et très carré, il met le groupe sur de très bons rails et délivre une excellente prestation en étant très sûr de lui ; c'est clairement le point fort du groupe, au côté d'un bassiste qui peut, comme sur « Suffer By Our Ancestors », avoir de temps de temps en temps de bonnes inspirations. Très bonne prestation également des guitaristes, même si le celui posté à gauche (depuis le public) avait tendance à friser ses notes sur les solos et que celui de droite, manquant d'un switch, ne s'est pas vraiment fait entendre sur les siens. Dommage par contre que le son des guitares ne soit pas à la hauteur des nouvelles ambitions du groupe, il manque vraiment de clarté et de précision, surtout quand on a celui de Matt Sotelo en tête. Globalement ce fût une prestation très solide, les musiciens sont de plus en plus en place et carrés, et ce gain de professionnalisme se fait aussi ressentir sur les nouvelles compositions, très largement inspirées de Kronos et surtout de Decrepit Birth (ce qui n'est pas pour me déplaire, vu la qualité de leurs derniers albums), bien plus fluides et mieux construites. Même les deux morceaux de leur période Necroticism sont mieux passés, bien que leur tendance à dériver sur des breaks centraux très lents me laisse toujours particulièrement froid. Comme je l'avais supposé le groupe évolue très bien et les musiciens commencent à dévoiler leur potentiel – merci au passage aux cours de Richard et Mike de Kronos, dont l'influence se fait grandement sentir, et qui étaient par ailleurs venus observer leurs jeunes protégés d'un œil bienveillant – et il ne serait pas étonnant désormais que Dysmorphic commence à se faire un nom. Un groupe à suivre que je reverrai avec plaisir sur scène dès que possible.
Le temps pour tout le monde d'éponger son t-shirt et d'arroser les environs du RMS studio, et
Gorod était déjà là. La dernière fois que je les avais vu c'était en
première partie d'Immolation à Savigny-Le-Temple, et l'impression avait été plus que largement positive. Rebelote, les bordelais nous servent à nouveau une superbe prestation, qui n'a clairement pas à rougir de la comparaison avec le rendu sur cd, c'est dire ! Alors certes, on pourrait nous faire remarquer qu'on a failli, sous la pression de cglaume, changer le nom de Thrashocore pour Thrashogorod, mais c'est en toute objectivité que l'on le clame haut et fort : Gorod c'est excellent sur cd comme sur scène, et peut être même encore un peu plus en live grâce à l'énergie totalement incroyable que le groupe dégage. De Guillaume qui sautille partout avec son micro à Barby qui est tellement survolté qu'il arrive à en casser une corde, ça bouge tellement sur scène qu'il en devient horriblement difficile de prendre des photos nettes. Je ne sais pas qui de Sam, qui abat un boulot phénoménal sur les morceaux de
Neurotripsicks et
Leading Vision comme « Chronicle From The Stone Age », ou de Barby avec ses envolées magnifiques et ses tappings impeccables m'a le plus impressionné, mais j'ai trouvé la prestation des bordelais encore un poil meilleure qu'à l'Empreinte. Hormis un temps de rodage sur « Disavow Your God » qui a conduit à un léger décalage entre Arnaud et Matthieu sur la partie centrale en tapping, le rendu a été quasi-parfait. Même si à titre personnel je regrette qu'Arnaud soit passé de Hughes & Kettner à ENGL, rendant son son de guitare presque similaire à celui de Matthieu, j'avoue avoir vraiment adoré ce concert, avec pour ne rien gâcher un excellent son malgré une batterie qui dominait vraiment en volume – là encore, l'ingé son aura fait des miracles pour arranger tout cela au fur et à mesure. Dommage pourtant que les conditions de chaleur et d'humidité aient éreinté les musiciens à une vitesse folle, mais ça se comprend en sachant qu'au fond de la salle et sans bouger j'étais totalement en nage… On imagine aisément ce que ça donnait pour des musiciens sous les vieux spotlights qui devaient certainement commencer à les cuire littéralement ! Pas de rappel et donc pas de « Programmers Of Decline » pour les tourangeaux, à cause d'une salle plutôt bien dotée au niveau du son mais assez vétuste au niveau des infrastructures. Ça n'aura pas empêché le public d'apprécier la performance, mais ça donne aussi une excellente raison pour aller voir le groupe au Nouveau Casino en première partie de Cynic le 06 juin prochain, un concert à ne rater sous aucun prétexte.
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03/05/2010 06:43