C'est dommage, je me voyais déjà en train d'utiliser le retard que Chris avoue dans son
live report de la date de Lyon pour ouvrir ce live report de la date nantaise, avec quelque chose comme « Thrashocore est bien la seule entreprise où l'on voit les patrons arriver en retard et les ouvriers être à l'heure » (ça marche aussi avec le maniement de la langue française). Ce qui en soi est parfaitement faux mais aurait fait une bonne accroche en plus de montrer mon mépris pour ceux qui ne font leur travail qu'à moitié. J'ai donc tout fait pour être à l'heure et voir le début de Archspire en cette belle soirée venteuse. Pas de bol, la météo et le tramway en auront décidé autrement et j'arrive avec une poignée de minutes de retard de plus que le concert, qui l'est déjà de près d'une demie heure. Le temps de me faire tamponner avec plaisir un superbe modèle de Hello Kitty sur le poignet – superbe initiative, dommage que ça n'ait pas été de l'encre indélébile, j'aurais bien aimé frimer avec en soirée – et me voilà fin prêt pour assister à un concert que je suis très heureux de ne pas avoir eu à payer.
Les Canadiens de
Archspire n'auraient pas du en principe être ma tasse de thé, les quelques écoutes que j'ai faites du combo ne m'ayant pas laissé un souvenir impérissable, puisque l'on a là un nouvel ersatz de Beneath The Massacre/Brain Drill, mais dans une version qui repose intégralement sur les blasts incessants d'un batteur qui tire une grimace de douleur permanente en essayant de maintenir la régularité de ses martèlements. Et bien même si la version studio me laisse un peu froid, notamment à cause de vocaux pas tip-top et d'une certaine paresse guitaristique qui fait que les cordistes n'accélèrent jamais autrement qu'en faisant un sweep (et du death metal sans trémolo, c'est très vite chiant), en live il faut bien reconnaître que ça passe bien, très bien même. Le vide laissé par guitares est bien comblé par une batterie très en avant et les quelques passages où le trio guitares/basses s'essaye à l'envolée mélodique en tapping rendent parfaitement, notamment le titre mid-tempo qui délaissait totalement l'optique rouleau compresseur pour une approche plus intimiste, d'une grande qualité. Bonne surprise donc, qui sera accentuée par la prestation des musiciens, notamment le batteur dont j'appréhendais le rendu live mais qui aura au final été très carré. À noter la superbe moustache des cordistes du groupe, touffue pour le guitariste à sept cordes et digne du plus beau mousquetaire de téléfilm (ou de pizzaiolo italien) pour le guitariste à huit cordes (oui-oui). Même le son était au rendez-vous, bien que la basse fût un peu en retrait. Un groupe à voir en live sans appréhension donc. Impossible de vous dire si j'en ai raté beaucoup mais ils ont joué au moins cinq titres, pour probablement pas loin d'une demie heure.
Vient le tour de
Cyanide Serenity et pour faire court : c'est du thrash/death-core, soit un style que je ne peux pas encadrer, entre un chant immonde qui se fait souvent clair et des rythmiques ultra-basiques avec le contre-temps dont on sait où il va tomber avant même son arrivée. C'est insupportable mais au moins le son est bon, la prestation également (l'inverse eût été grave vu la pauvreté musicale du groupe), et le chanteur est sympathique communicatif. Comme pour Archspire le groupe ne suscitera guère d'émoi, pourtant il colle avec une bonne partie du public venu voir Aborted et Decapitated. Au moins ça n'a duré qu'un quart d'heure.
Public qui d'ailleurs commence à remplir le Ferrailleur comme une boîte de sardines, signe que
Fleshgod Apocalypse était attendu par les quelques amateurs death metal présents dans la salle, moi en tête puisque je m'étais déplacé quasi-exclusivement pour eux. Malheureusement un problème lors des balances et le retard accumulé amputeront la set-list de Thru Our Scars par rapport à la date lyonnaise, pour seulement quatre titres et une vingtaine de minutes. Dommage car les musiciens étaient au rendez-vous, Francesco Paoli en tête puisque j'ai guetté les approximations dans ces incessants tapis de grosse caisse sans ne rien déceler de choquant à l'oreille. Du beau boulot qui n'arrive toutefois pas à cacher les grosses faiblesses de
Agony, notamment au niveau de la linéarité des guitares qui quand elles se décident à accélérer le font sans éclat et sans grande inspiration, et des solos plutôt bâclés qui n'apportent strictement rien. Pour couronner le tout le son était plutôt brouillon, et l'on peinait à distinguer autant la caisse claire que la basse et les médiums des guitares (ainsi que le clavier, mais honnêtement c'est mieux comme ça). Pas vraiment un grand soir donc, même si pour une fois le bassiste n'a pas trop chanté faux sur ses horripilantes lignes de chant clair qui font rire youtube entier. À revoir lors d'un plus long concert ou d'une tournée pour un meilleur album que leur dernier.
C'est à peu près à ce moment de la soirée que mon instinct de conservation tant que mon estomac qui refusait de voir s'échapper mon dîner par une entrée censée être à sens unique me dirent de fuir tant qu'il en était encore temps. Mais comme j'ai bénéficié d'une accréditation pour ce concert ma conscience professionnelle m'a dit de rester pour pouvoir déverser mon fiel sur Aborted et Decapitated, les lecteurs aiment ça.
Je suis donc resté pour voir un
Aborted très attendu par un public déjà bien plus diversifié, puisque la salle a vu rappliquer quelques coreux et autres jeunes à mèche, contre lesquels je n'ai rien soit dit en passant puisque les coreux c'est un peu comme les saints-bernard, c'est bruyant, malodorant et souvent débile, mais au moins ça ne mord pas. Bref, je ne vais pas vous le cacher, Aborted restera à jamais pour moi le groupe de brutal death pour les amateurs de néo metal, usant des mêmes grosses ficelles rythmiques et d'un son débilitant qui me rebute depuis leurs débuts. Pour tout vous dire la dernière fois que je me suis vaguement intéressé aux Belges, Sven avait encore ses cheveux longs et les lentilles de Dani Filth, c'est dire à quel point leur mélange de brutal death archi-basique et de grind très core m'emmerde au plus haut point. Je ne m'imaginais d'ailleurs pas qu'il y avait autant de mosh-parts et auttres breaks mono-accord répété ad nauseam chez Aborted, puisque hormis sur un titre pas trop mal du futur album, j'en ai compté au moins un par morceau joué. De quoi me faire dire que si Sven avait encore des cheveux il serait sûrement sponsorisé par Jacques Dessange pour caler idéalement sa mèche sur le côté : pas étonnant que le jeune public soit si réceptif à une musique qui tient plus d'une version énervée de Slipknot sans chant clair et désormais du deathcore sans mélodie que des premiers Carcass.
Heureusement pour eux, le public, contrairement à moi, ne semblait pas aimer que le death metal qui s'étale sur plus de trois cordes et sept cases, et la foule s'est déchaînée durant tout le set. Ce en quoi je peux parfaitement les comprendre puisque je sais reconnaître une bonne prestation quand j'en vois une, et qu'importe que les vocaux de Sven virent aux pig squeals quand il force sur sa voix, sur scène Aborted fait un travail formidable. Les musiciens remplissent parfaitement leur contrat et leur grand (désormais) chauve de frontman harangue la foule en lui communiquant avec aisance son énergie. Le public était conquis devant cette prestation parfaite qui en plus bénéficiait d'un son idéal, et Sven a déclaré, non seulement que le public de Toulouse était en majorité composé de ce piège si utile pour attraper les rongeurs, mais aussi que celui de Nantes est le meilleur de la tournée jusqu'à présent. Démagogie ou non (les Parisiens jugeront eux-mêmes ce soir), difficile de faire mieux pour galvaniser un public déjà conquis. Aborted est définitivement un groupe taillé pour la scène, parmi les quelques formations réellement professionnelles qui sillonnent le pays et que les fans auraient tort de rater.
Puis vint la raison qui m'a poussée à aller à ce concert pour pouvoir au moins dire un jour « je les ai vus ». Je m'étais toujours demandé comment
Decapitated était arrivé à surmonter cette terrible épreuve, heureusement rare mais que l'on ne souhaite à personne tant les conséquences sont tristes, qu'a été la sortie de
Organic Hallucinosis. Ce crime contre la musicalité a consommé mon divorce avec les Polonais, dont la figure restera à jamais Sauron et sa voix inimitable, et je me souviendrai pour toujours avec une larme de nostalgie des débuts du groupe, à une époque où je n'allais malheureusement pas encore en concert. Ce n'est évidemment pas l'horreur
Carnival Is Forever qui changera la donne, ne faisant qu'apporter un nouveau vocaliste probablement encore pire que Covan. Et on le retrouve sur scène, avec son charisme d'huître en cours de digestion, dont il reproduit d'ailleurs correctement les sons, dans un shriek sans puissance et sans talent. Heureusement le reste des musiciens fait plus que tenir la route, et malgré une set-list presque exclusivement centrée sur les deux dernières abominations du groupe, la prestation est globalement en béton armé, surtout pour le batteur qui doit faire face à des placements vraiment compliqués et s'en tire avec tous les honneurs. Je ne me serai réveillé que sur la fin, le temps d'un « Winds Of Creation » où Vogg a fait le travail sans être irréprochable et d'un « Spheres Of Madness » toujours aussi efficace mais dont la fin a été atrocement mutilée par le guitariste qui désormais semble se foutre éperdument de l'héritage de son groupe. Et bordel, ce chanteur massacre les vocaux de Sauron à un point à peine imaginable. Encore une fois un groupe très professionnel en live, qui a bénéficié d'un véritable son, mais aussi un style musical qui ne me correspond plus du tout. Là encore le public était présent et réceptif, mais bien moins enthousiaste que pour Aborted. Hé oui, dès que c'est un peu plus dur à aborder, il n'y a plus personne...
Bref, si vous aimez le death metal et que vous êtes riches et ponctuel, vous pouvez aller voir Archspire et Fleshgod Apocalypse tout en rentrant à l'heure pour le début de Julie Lescaut, ce qui est quand même important. Si par contre vous aimez Aborted et que vous arrivez à supporter le nouveau visage de Decapitated, il n'y a aucune raison pour que vous fassiez l'impasse sur la date parisienne d'aujourd'hui et les deux dates suisses restantes. En attendant excusez-moi, après avoir remplie ma miction impossible, je dois aller vomir les restes de mon dernier repas.
6 COMMENTAIRE(S)
24/12/2011 12:39
En effet, plus intéressant en live que sur album en tout cas, et quels moustaches! Par contre, la tentative avorté de faire chanter "Happy Birthday" au public en l'honneur du guitariste, c'était limité génant pour eux tellement ça a fait un bide...
Cyanide Serenity la même, j'ai pas accroché... Ultra bateau, j'ai cru au début à un groupe local jusqu'à ce que le chanteur commence à parler... Il n'avait pas vraiment leur place sur une telle affiche, ou alors ils auraient du jouer en premier...
J'ai bien aimé par contre les réactions du chanteur face au manque de motivation flagrante du public! ("Speak french or back home" )
Fleshgod Apocalypse a été beaucoup moins décevant que la dernière fois que je les ai vu à Lyon, notamment les soli et la voix claire, mais le son brouillon et les nouveaux morceaux ne m'ont pas convaincus plus que ça...
Aborted m'a mis une sacré claque, j'avais laché le groupe après The Archaic Abattoir, et à priori, eux ont décidé de faire la même chose aujourd'hui! Très bon set, focalisé sur les anciens albums, et un nouveau titre qui passe très bien l'épreuve de la scène; le tout dans la joie et la bonne humeur! Le meilleur concert de la soirée pour moi.
Par contre, je me suis ennuyé devant la prestation de Decapitated. Ayant moyennement accroché à leurs 2 derniers albums (surtout Carnival Is Forever), et étant donné que la set list était presque entièrement tourné vers ceux-ci, et surtout après une prestation très énergique d'Aborted, la formule ne prend pas.. Par contre, on ne peut pas nier que c'est carré, précis et extrêmement bien exécuté...
17/12/2011 01:05
Pour Fleshgod, on peut vraiment leur reprocher d'avoir un son trop ''superflu'' qui brouille le son en général et c'est décevant d'entendre une caisse clair correspondant trop à la grosse caisse ce qui enlève toute la puissance du blast de ce cher batteur. mais on reçoit tout de même un sacré coup de vent dans la gueule.
Pour Decapitated, j'ai tout de même apprécié leur prestation (il faut dire que les deux chronique m'avait amenée un bon coup de froid). C'est clair que la plupart des morceaux sont de la nouvelle époque, mais niveau qualité de son et de prestation c'était propre net en ordre.
16/12/2011 04:00
15/12/2011 22:00
Rendons à César ce qui appartient aux Inconnus.
15/12/2011 17:10
Sinon ils devaient jouer normalement cinq morceaux, mais ils n'ont pu en jouer que quatre. C'est dommage mais c'est ainsi.
15/12/2011 15:34
Quel enculé!
Bon je suis bien d'accord avec toi sur le dernier par contre. "O.H." j'avais fait l'impasse.
Je serais bien venu mais j'ai point pu!
Fleshgod a joué QUATRE titres?