Obscure Verses For The Multiverse Tour

Nous sommes le 27 Janvier 2015 et ce soir, c'est le grand soir puisque Luxembourg accueille Inquisition, Ondskapt, Blackdeath et surtout Archgoat, sensation Black/Death Bestial culte et surtout très peu présente sur les affiches de concerts ravissant les amateurs de Metal extrême. Il ne fallait donc pas louper ça. Seulement, on était en droit de s'interroger sur cette affiche. Archgoat est un groupe qui fonctionne à cause des riffs spéciaux et du son. Si le premier serait forcément présent, encore fallait-il que le déluge sonore soit optimal. Par ailleurs, voir Inquisition – et sa très bonne réputation de groupe live – était également un moment fort anticipé par notre petite clique du soir.

La Kulturfabrik d'Esch-Sur-Alzette est donc notre hôte du soir et je dois dire que je m'attendais à une salle bien plus petite et bien moins professionnelle. La scène est très bien conçue pour que tout le monde puisse voir et les concepteurs ont même poussé le vice jusqu'à surélever la partie centrale de la fosse pour que vraiment tout le monde puisse profiter du concert. Ah là là, les Luxembourgeois, ils pensent vraiment à tout. Tout est a proximité, y compris un supermarché et un fast-food, ce qui est également très appréciable, de même que les prix des consommations plus que corrects.

Blackdeath  :

Les Russes de Blackdeath sont connus comme le loup blanc pour leurs performances scéniques d'une nullité abyssale (cf : le live report de notre estimé ex-collègue Geisterber – R.I.P. - ). C'est donc presque curieux de voir le désastre que nous nous positionnons devant la scène. Blackdeath est carrément hétérogène. Un type en corpse-paint, un type avec un turban (?), une batteuse, chacun étant visiblement calé rythmiquement avec l'autre moitié de son cerveau mais pas avec ses collègues. Quelques pains sont donc à noter comme prévu – dont un, absolument fantastique, sur le seul riff mélodique intéressant et aigu du set -, mais Blackdeath s'avère nettement moins scandaleux que les échos entendus à leur propos. Par contre, deux gros reproches, le premier sur le vocaliste-bassiste qui a une voix franchement ridicule, sans puissance, ni agressivité. Le deuxième point concerne tout simplement les compositions et c'est très simple, elles sont sans intérêt. Le dernier titre du set, se clôturant sur un riff répété pendant cinq minutes aura l'effet d'un vortex temporel absorbant les âmes et créant l'absence totale de toute réactivité chez tout mes compagnons du jour. Cool ou pas cool ? À vous de voir...

Ondskapt  :

On a à peine le temps de fumer sa garette qu'Ondskapt investit déjà la scène. Ce sont donc notre quatre Suédois qui déboulent dont le chanteur avec ses ossements et sa cape-rideau. Si j'adhère au Black sauce Orthodoxo-Satan en général, Ondskapt ne m'a jamais vraiment remué les tripes, la faute au côté trop calculé de leur musique. L'impression sera confirmée ce soir là, tant les poncifs du genre s'empileront dans les compositions comme les verres vides s'empilent dans un PMU le jour du grand prix d'Amérique. Riff 1 → Riff 2 → Mid-tempo → Riff 1 → Riff 2 → Mid-tempo, multiplié par le nombre de titres. Si Ondskapt fait de l'effet pendant dix minutes, la recette tourne au vinaigre bien vite malgré les qualités techniques des musiciens et du chanteur qui fait franchement le job. Comme pour Blackdeath, le son est par contre au poil, ce qui fait franchement plaisir et augure le meilleur pour la suite du concert. Ondskapt jouera quarante-cinq minutes, le dernier quart d'heure du set étant pour ma part consacré à l'observation du type de la sécurité qui semblait se poser beaucoup de questions sur l'accoutrement et la musique du quartet. Fin de l'histoire.


Ce qui est sûr c'est que l'organisation ne traîne pas, les temps morts entre les groupes se cantonnant à dix minutes maximum, un détail franchement cool puisque d'habitude les temps morts rallongent considérablement la sauce. On notera un grand professionnalisme dans les lumières, les balances, les changements de matériel et la réactivité des ingénieurs sons sur les problèmes éventuels. Du très bon taf franchement surprenant dans un concert de Black Metal ! Comme quoi, les ingénieurs du Metal Extrême ne sont pas tous sourds comme des pots. Bon par contre, on retrouvera évidemment la faune Black Metal dans tout sa splendeur de patchs Marduk et de para-boots qui – après plus d'un an et demi sans concert du style – ne m'avait absolument pas manqué. Et ça gueule « à poil ! », et ça fait de la blague graveleuse à tire-larigot... Le Luxembourg peut s'acheter tout ce qu'il veut mais malheureusement, il ne peut pas encore payer un cerveau aux Skino-Blackoïdes. Mais bon, bref, c'est pas comme si on ne le savait pas avant d'y aller. Et puis comme ça, je serais encore plus content d'aller voir des concerts de Math-Rock.

Archgoat  :

On se dépêche de fumer, on pense qu'ils vont commencer. Cette fois, on a fait tellement vite qu'on a attendu quelques minutes dans la salle (Notons d'ailleurs que ce sont les seuls musiciens à voir fait leurs balances « à découvert »). Je trépigne, je tape dans mes mains comme une gamine de quatre ans « Ouaiiiis enfin ! ». Étrangement, je n'avais pas peur d'être déçue à la base et là j'ai pris une grosse claque avec mes camarades. La setlist était basée presque uniquement sur les morceaux du dernier album mais on a quand même eu le droit à « Angel of Sodomy ». Sans artifices, ils envoient tout, ils donnent tout et toi tu te prends une ribambelle de riffs et de blasts dans la figure. Et puis comme les morceaux ne traînent pas en longueur, on ne s'ennuie pas, à la différence d'Ondskapt où là on attend, on regarde à droite, à gauche et puis on va chercher une bière pour fuir. C'est vous dire, je n'avais pas envie qu'Archgoat partent, je voulais qu'ils restent encore un peu plus. Après, on peut être tatillon sur quelques détails. Je m'explique : sur « Grand Luciferian Theophany », les « Ave Satan ; Ave Lucifer » passaient en arrière plan en enregistré. Je ne vois pas pourquoi Lord Angelslayer ne s'en est pas chargé étant donné que sa voix était juste parfaitement bien réglée. Ce petit bémol donnait sûrement moins de puissance que s'il l'avait déclamé. En tout cas, une chose est sûre, s'ils repassent dans le coin, j'y retourne. Finalement, Archgoat était le meilleur groupe de la soirée.

Set-List :

Intro
Nuns, Cunts and Darkness
Lord of the Void
Apotheosis of Lucifer
Blessed Vulva
Grand Luciferian Theophany
Day of Clouds
Goddess of the Abyss of the Grave
Goat and the Moon
Dawn of the Black Light
The Dawn of the Antichrist
Angel Of Sodomy
Rise of the Black Moon
Hammer of Satan


Inquisition  :

Oui oui, Archgoat était meilleur qu'Inquisition à mon sens. Ils sont devenus des sortes de machines. Après c'est sûrement à cause du fait que c'était la troisième fois pour ma part, je n'ai plus le même regard. Mes compagnons, quant à eux, ont vraiment apprécié. Le son était un petit peu en dessous, on entendait qu'à moitié la guitare à part sur « Desolate Funeral Chant » où elle était vraiment mise en avant. La setlist était composée des trois derniers albums donc nous avons eu le droit à des bouts d'« Obscure Verses for the Multiverse » qui se fondaient très bien parmi les autres morceaux. Finalement, ce concert m'a permis de revoir mon jugement – un peu sévère – à propos de ce dernier album puisque ça passe plutôt bien en concert. Dagon avait deux micros cette fois-ci donc il passait son temps à passer d'un côté de la scène à l'autre. Chose que j'ai trouvé plutôt sympathique pour le spectateur qui peut en profiter s'il ne voit rien d'un côté (et quand on est petit, je vous assure, c'est utile). Puis, je pinaille un peu puisque je n'ai pas eu le morceau que je voulais, qui est par ailleurs un des tubes du groupe : « Crush the Jewish Prophet ». Enfin ce n'est pas grave. Ils font le job, même si ça perd un peu de son charme avec le temps, je ne suis pas déçue pour autant.

Set-List :

Force of the Floating Tomb
Ancient Monumental War Hymn
Dark Mutilation Rites
Master of the Cosmological Black Cauldron
Astral Path to Supreme Majesties
Where Darkness Is Lord and Death the Beginning
Those of the Night
Embraced by the Unholy Powers of Death and Destruction
Command of the Dark Crown
Arrival of Eons After
Desolate Funeral Chant
The Realm of Shadows Shall Forever Reign
Infinite Interstellar Genocide

Cette petite soirée à la Kulturfabrik d'Esch-Sur-Alzette était vraiment appréciable. D'habitude, on trouve toujours des gros points négatifs liés au son, aux lumières, à la salle ce qui nous empêche d'apprécier correctement le concert. Que nenni, pour du Black Metal, le son était vraiment correct et l'ingénieur lumière a du s'amuser quand il nous a balancé des petits éclairages épileptiques et beaucoup de blind sur Inquisition. De ce fait, les groupes n'ont plus aucune excuse. Blackdeath et le chanteur à la voix de canard égorgé qui hurlait bien trop fort dans le micro nous a un peu perdu. Chaque musicien était en rythme avec lui-même, c'est vous dire. On s'est un peu ennuyé sur Ondskapt, il faut quand même l'avouer. Ces (très) longs passages lents où l'on attend que la boucle se termine et même qu'ils laissent place à Archgoat au lieu de nous casser les pieds. On se captera pas plus tard, ça c'est sûr ! Le concert prend enfin aux tripes lors des prestations d'Archgoat et d'Inquisition. La puissance et la présence étaient au rendez-vous. Ils étaient là et ont donné ce qu'ils avaient.