Olórin - Through Shadow and Flame
Chronique
Olórin Through Shadow and Flame
Faire du bon doom metal n’est sans doute pas à la portée de tout le monde malgré la simplicité apparente du genre dont beaucoup pourraient penser qu’il suffit seulement de jouer lentement pour réussir cela. Olórin nous vient de l’Illinois et sa fondation remonte à deux mille neuf. Le groupe a pris son temps avant la sortie de ce premier album, le présent Through Shadow and Flame, enregistrant deux EP peu probants auparavant, je pense notamment à Lords of Arda sorti il y a sept ans déjà et qui ne m’avait pas du tout enthousiasmé. L’on rappellera que Olórin est l’ancien nom de Gandalf, et l’on a tout de suite une petite idée de quoi il en retourne quant aux thématiques abordées chez ce quintet. D’ailleurs, sur le papier ça avait de quoi être alléchant puisque l’on nous annonce un album complètement Tolkien, complètement doom metal, complètement épique et complètement puissant, si je me réfère à la phrase d’accroche sur la page bandcamp des Américains.
Des effets d’annonces, comme je vous le disais, qui avaient de quoi alerter toute personne pour qui ces termes résonnent assez facilement. Mais autant être franc, j’ai très rapidement déchanté. Olórin a beau avoir en son sein des membres de groupes qui sont bien dans la hype tels que Fer de Lance et Smoulder, l’on ne peut pas dire que la réunion de ces derniers aient apporté quelque chose de très probant. Le quintet pratique un doom metal traditionnel très scolaire et s’appuyant sur des riffs qui trainent la patte. Pour le coup, c’est loin de la puissance revendiquée et pour ce qui est du côté épique et bien l’on repassera car tout ceci manque énormément d’emphase. Il y a de bonnes idées, quelques bons riffs, des accélérations relatives pour donner du relief aux compositions, mais tout cela manque cruellement d’intensité et d’inspiration. J’ai souvent l’impression d’écouter un groupe de minots qui essaient d’imiter Reverend Bizarre période Crush the Insects ou The Gates of Slumber dans sa cave en regardant la trilogie du Seigneur des Anneaux en boucle. Ce n’est pas nullissime en soi, mais je trouve cela assez frustrant: comme s’il y avait quelque chose qui avait été oublié en cours de route pour en faire de bonnes compositions.
Mais en soi cela aurait pu passer si le groupe avait eu un bon chanteur. Car oui, faire du bon doom metal, cela nécessite avant tout d’avoir un bon chanteur. Et bien ce n’est pas du tout le cas de Clay Sibley qui est on ne peut plus exaspérant. Il n’a déjà pas un timbre de voix remarquable, donnant l’impression de toujours chanter sur le même air, mais en plus il n’apporte aucune intensité à tout cela, ce qui aurait pu justifier l’argumentaire comme quoi Olórin c’est de la musique puissante et épique. Pour être honnête, l’on a surtout l’impression qu’il chante faux sur quasiment l’entièreté de cet album, à tel point que l’on en est gêné pour lui, mais aussi pour les autres membres du groupe qui doivent tout de même avoir de sérieux problèmes d’audition pour ne pas se rendre compte que leur leader est souvent en dehors de la tonalité. En tout cas, l’effet que cela suscite est comparable à celui que donne ce pote totalement ivre en soirée et qui se ridiculise en chantant au karaoke. En cela, c’est ce "chanteur" la plus grosse faute de goût de cette formation et qui rend vraiment exaspérante l’écoute de cet album. L’on notera d’ailleurs que le seul titre qui passerait est Durin’s Tower, soit l’un des plus courts de cet album, et qui nous fait sortir de notre torpeur de manière bien trop fugace. L’instrumental Mornië n’est pas trop mauvaise, mais je ne peux toutefois pas passer sous silence les claviers à la Summoning sur le dernier titre qui ont fini d’achever mon impression.
Pénible, ennuyant, inintéressant, il n’y a malheureusement pas grand chose à sauver sur ce premier album d’Olórin. Sur le papier il y avait de quoi ravir tout amateur de doom metal un temps soi peu épique, mais il n’en est rien, même avec l’alignement de musiciens confirmés. Comme quoi, il est temps que cette hype de métal épique avec des formations toutes plus formatées les unes que les autres se termine et qu’il ne nous reste enfin que les bonnes formations en matière de doom metal. Bref, pour paraphraser Gandalf face au Balrog dépeint sur le pochette de cet album: « Vous ne passerez pas! ».
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