Nous voilà aujourd’hui presque arrivé au terme de cette discographie puisqu’après cette chronique de
Dead Again, ultime album de Type O Negative sorti en 2007, il ne restera qu’à rédiger celle de
The Origin Of The Feces (Not Live At Brighton Beach). Si nous n’en avons pas encore complètement terminé avec le groupe new-yorkais, nous n’en sommes cependant plus très loin aujourd’hui. Patience donc...
Sorti il y a bientôt dix ans
Dead Again va malgré-lui marquer l’histoire des quatre Américains puisqu’il sera malheureusement le tout dernier album de Type O Negative. Une fin de carrière en effet précipitée trois ans plus tard par le décès tragique et tout à fait inattendu du charismatique Peter Steele. Comme quoi vous pouvez bien mesurer plus de deux mètres, peser plus de cent dix kilos, poser en couverture de Playgirl et être rattrapé par de simples problèmes de santé... Une crise cardiaque et puis s’en va... Cette disparition fortuite mènera logiquement les trois membres restant à cesser toute activité, mettant ainsi un point final à cette aventure démarrée en 1989 sous le nom de New Minority.
Mais revenons en 2007 et la sortie de
Dead Again. Après plusieurs années de bons et loyaux services envers Roadrunner Records, Type O Negative choisi pourtant de quitter le label de Monte Conner pour rejoindre les rangs de Steamhammer. Un choix quelque peu étrange lorsque l’on sait que le label allemand est plutôt spécialisée dans les sorties estampillées Thrash ou Heavy Metal (Anvil, Black Trip, Hirax, Sodom...). Quoi qu’il en soit, c’est bien là le seul changement apparent puisqu’une fois de plus, toute l’identité visuelle si chère à la formation new-yorkaise se retrouve placardée sur l’artwork de ce nouvel album. En dehors de cette photo un brin inquiétante de Raspoutine et de cette police de caractères d’inspiration cyrillique, on retrouve surtout cette couleur verte ainsi que cette disposition dans les coins si familières. Deux éléments forts participants à l’identité (visuelle) de Type O Negative depuis maintenant belle lurette.
Bref, je vous ai déjà raconté tout ça quinze fois auparavant, je ne vais donc pas perdre davantage de temps sur le sujet. D’autant qu’il y a tout de même deux/trois choses à dire concernant
Dead Again. Pour commencer il s’agit là de l’album le plus mélodique et le plus accessible des New-Yorkais. Un disque qui malgré le format allongé de certaines de ses compositions, réussi grâce à quelques refrains et autres mélodies sournoisement bien ficelées, à très vite s’immiscer dans votre cortex.
Dead Again confirme ainsi l’évolution amorcée sur
Life Is Killing Me tout en exagérant encore un plus le trait, notamment à travers des titres tout droit sortis de l’héritage Thrash/Hardcore/Crossover de Type O Negative ("Dead Again" et son refrain particulièrement entêtant, la première moitié de "Tripping A Blind Man", l’ultra entrainant "Halloween In Heaven", "Some Stupid Tomorrow" et ses très forts relents Punk/Hardcore, ces quelques solos de basse...). Une approche bien plus franche et directe qui renoue ainsi avec le Type O Negative de
Bloody Kisses ("Kill All The White People", "We Hate Everyone") mais aussi et surtout avec celui des deux premiers albums (
Slow, Deep And Hard - 1991 et
The Origin Of The Feces (Not Live At Brighton Beach) - 1992). Un retour vers une musique plus simple, évidemment moins torturée mais aussi un poil trop facile. Ce n’est pas que je sois allergique au Thrash, au Hardcore ou au Crossover, bien au contraire, c’est juste que certains des riffs distillés par Type O Negative me semblent parfois trop génériques, voir même anecdotiques, pour réussir à me convaincre à 100%. Une sensation étrange puisque je suis partagé entre la dynamique qui ressort indiscutablement de ces quelques titres et une impression beaucoup plus mitigé face à ces riffs passe-partout (comme par exemple celui de "Dead Again" à partir de 1:14, le break de "Tripping A Blind Man" à 2:35, les trois premières minutes assez ennuyeuses de "The Profit Of Doom"...). Si les New-Yorkais savent pertinemment comment se montrer catchy, j’avoue préférer largement (du moins dans le cas présent) leur facette la plus sombre et la plus Doom.
Heureusement, en plus d’être l’album le plus mélodique de leur discographie,
Dead Again est également leur disque le plus varié. Si le groupe opère ainsi un retour aux sources flagrant sur quelques titres, ce dernier n’est reste pas moins la vitrine la plus représentative de toute leur carrière. Une belle façon d’y mettre un terme même si cela n’était donc absolument pas prémédité. Outre ces quelques titres aux accointances Punk/Hardcore évidentes, on trouve ce qui a fait jusque-là le sel de Type O Negative à commencer par ces long morceaux à tiroir ("The Profit Of Doom", "These Three Things", "Hail And Farewell To Britain") où se mêlent romantisme et autodérision, noirceur caustique et espoir désabusé, mélancolie automnale et sensualité animale. Un panel d’émotions et de ressentis mis en avant via des instruments toujours aussi expressifs à commencer par la voix suave et sexuelle d’un Peter Steele dont les graves atteignent ici des profondeurs abyssales ("She Burned Me Down") ainsi que cette guitare et cette basse toujours aussi saturées et abrasives. D’autres titres viennent également marquer les esprits comme le très bon "An Ode To Locksmiths" et ses riffs tout droit sorti d’un album de Stoner, "Tripping A Blind Man" et notamment sa deuxième partie aux refrains pop et sucrés, le généreux "These Three Things" qui malgré ses quatorze minutes ne faiblit jamais (mention spéciale pour ce long solo final qu’on croirait emprunté à un album de Pearl Jam) ainsi que l’envoûtant "September Sun" faisant figure de titre fourre-tout. D’abord balade décomplexée à grand coup de nappes de synthétiseur puis marche militaire au son des clameurs d’une foule imaginaire marquée par les intonations russes d’un Peter Steele se rêvant oligarque. Enfin une dernière partie plus psychédélique aux sonorités résolument seventies.
Marqué jusqu’à l’os par ces attributs qui, depuis le début des années 90 (voix et charisme de Peter Steele, production personnelle bardée de saturation, ambiances gothiques et mélancoliques, cohabitation de riffs Doom et Punk, humour noir et corrosif...), font le charme de Type O Negative,
Dead Again n’est pas un album que l’on pourrait qualifier de surprenant. Pourtant, et bien que
Life Is Killing Me ait laissé derrière lui quelques pistes plutôt évidentes, il constitue à ce jour l’album le plus inattendu que le groupe ait sorti en amorçant un très net retour aux sources Punk/Thrash de la formation américaine. Un pari osé, surtout après avoir peaufiné son style sur les excellents
Bloody Kisses,
October Rust et
World Coming Down et en partie réussie grâce à une dynamique d’ensemble qui rend l’écoute de cet ultime album toujours agréable. Malheureusement tout n’est pas exempt de défaut et l’album est en parti plombé par une série de riffs peu inspirés et souvent inoffensifs qui rendent chaque écoute non pas pénible mais tout de même un poil moins marquante qu’à l’accoutumé. Mais malgré ces quelques points négatifs qui me feront toujours préférer ses prédécesseurs, il me semble juste puisqu’il s’agit là de la chronique du dernier album de Type O Negative de saluer la personnalité si affirmée d’un groupe qui a toujours eu à cœur de faire ce que bon lui semble, sans se soucier un seul instant de ce que peuvent penser les gens. Un esprit libre qui continuera de marquer le petit monde du Metal encore un paquet d’années. Tous ne pourront pas en dire autant.
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