Tag un pote qui a la même tête mais que tu aimes bien comme même.
Cette pochette de Type O Negative restera, pour des raisons évidentes, l’une des plus marquantes de la formation new-yorkaise. Car si on a tous déjà vu des trous du cul s’exposer fièrement sur la pochette d’un album, rares sont les groupes à l’avoir fait si "ouvertement" et en pleine connaissance de cause. C’est donc en toute décontraction que monsieur Peter Steele nous offre ici son séant tapissé de poils et par la même occasion l’entrée de son rectum. Un geste tout en générosité qui va accompagner les premiers pressages de ce deuxième album avant que Roadrunner ne se décide finalement à remplacer dès 1994 cette photo par une illustration naturellement moins choquante.
Mais la blague ne s’arrête pas là. Intitulé
The Origin Of The Feces (Not Live At Brighton Beach), cet album a pour concept de simuler un enregistrement devant une assistance a priori pas très concernée par la musique de Type O Negative (insultes en tous genre, invectives de Peter à l’encontre de ce vrai/faux public, sample de foule mécontente, production volontairement proche d’un enregistrement live de l’époque...). Un trait d’humour tordu qui n’est rien de plus que le reflet de l’esprit sarcastique d’un Peter Steele bien en verge (voir sa contribution au magazine
Playgirl). C’est aussi l’album le plus court de leur discographie puisqu’il ne compte que sept titres pour un peu plus de quarante minutes.
Sortie en 1992,
The Origin Of The Feces (Not Live At Brighton Beach) laisse entrevoir un Type O Negative encore très largement inspiré par les pérégrinations de Peter Steele au sein de Carnivore, groupe de Thrash/Crossover ayant officié entre 1982 et 1987. Des influences Punk/Hardcore encore extrêmement flagrantes qui vont ainsi transparaitre tout au long d’un album particulièrement catchy. De ces riffs à trois notes simples et entêtants ("I Know You’re Fucking Someone Else" à 2:15, "Pain" à 0:32, "Kill You Tonight", "Kill You Tonight (Reprise)" à 1:52), à cette batterie pleine d’allant ("I Know You’re Fucking Someone Else" à 2:20, "Gravity" à 0:49, "Pain" à 0:39, "Kill You Tonight", "Kill You Tonight (Reprise)" à 1:33) en passant par ces refrains fédérateurs ("I Know You’re Fucking Someone Else" à 9:03) ou encore ces quelques passages chantés en chœur ("Gravity", "Hey Pete", "Kill You Tonight (Reprise)"), Type O Negative continue très clairement de s’inspirer de la scène Punk/Hardcore new-yorkaise dans laquelle ses membres ont fait leurs premières armes.
Mais si ces influences prédominent encore très largement, le Type O Negative de
Bloody Kisses ou d’
October Rust plane pourtant déjà au-dessus de cet album placé sous le signe d’une extrême dérision. Que ce soit de manière contrastée via ces passages plombés qui arrivent ici un petit peu trop comme un cheveu sur la soupe ou grâce à ce sens de la mise en scène déjà bien en place chez Peter Steele ou alors de manière plus subtile grâces aux paroles acides, désabusées et mélancoliques ou bien à l’utilisation de ce synthétiseur relativement discret mais aux mélodies un peu kitsch et en même temps si redoutables, on retrouve ce qui fera plus tard le succès des albums à venir.
Malheureusement ce deuxième album souffre d’un défaut plutôt handicapant. Ainsi, en dépit de marqueurs identitaires puissants (Peter Steele, la construction atypique de chaque morceau, Peter Steele, le son particulièrement saturé des guitares, Peter Steele, la couleur verte...), le groupe a encore un peu trop le cul entre deux chaises pour espérer véritablement convaincre. Trop Punk/Hardcore pour les Goth, trop insaisissable pour les amateurs de Thrash/Crossover, le style de Type O Negative, s’il est déjà là - brut et tout entier - manque encore clairement de finesse. Les choses s’emboitent mais avec force et maladresse : ces passages "Doom" qui arrivent comme un cheveu sur la soupe, ces autres cassures assez peu naturelles qui portent souvent atteinte à la dynamique de l’ensemble (flagrant sur le premier morceau "I Know You’re Fucking Someone Else" mais pas que...) et d’une manière général ce côté beaucoup trop décousu de l’ensemble ont tendance à (me) laisser sur le bord de la route. Ajoutez-y ce délire d’enregistrement live, ce public insupportable et cette vraie-fausse reprise de Billy Roberts (popularisée par Jimmy Hendrix) et vous obtenez un
The Origin Of The Feces (Not Live At Brighton Beach) pas forcément très facile à appréhender et qui malgré un côté fun et léger fait bien pâle figure face à ses successeurs.
Peu mieux faire donc de la part de Type O Negative qui se chargera de corriger sa copie dès l’album suivant et ainsi devenir le groupe respecté et adulé que l’on connait aujourd’hui.
The Origin Of The Feces (Not Live At Brighton Beach) recèle de très bons moments à commencer par ces passages fun et juvéniles héritées de la scène Punk/Hardcore/Thrash new-yorkaise qui expriment une certaine urgence. Mais l’absence de fil conducteur (malgré ce concept d’album live) et la nature beaucoup trop décousue de ces sept compositions rendent souvent un petit peu compliqué l’écoute de cet album. On ne s’y attache pas, jamais, et lorsque l’on connait la suite qui ne sortira qu’un an plus tard, il semble aujourd’hui bien dérisoire de vouloir se lancer dans l’écoute de cet album qui ne lui arrive même pas à la cheville.
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