Considéré par beaucoup comme la pierre angulaire de la discographie de Type O Negative,
October Rust est déjà le quatrième album du groupe. Celui-ci sort en août 1996, trois ans après un
Bloody Kisses devenu depuis disque de platine (le premier pour Roadrunner, soit plus d'un million d'exemplaires vendus). De fait, il est plutôt légitime de penser qu'une certaine forme de pression devait peser à l'époque sur les épaules du groupe new-yorkais même si on imagine pourtant très bien la bande de Peter Steele s'en foutre complètement. Une attitude désinvolte qui leur a jusque-là plutôt réussi, Type O Negative ne s'étant jamais auto-censuré (il n'y a qu'à voir les deux premières pistes de ce nouvel album. La première étant l'enregistrement d'un ampli branché à vide de presque quarante secondes. La deuxième, une présentation orale des membres de Type O Negative remerciant les auditeurs d'avoir acheté
October Rust). Pourquoi pas après tout...
Suite logique de son prédécesseur, on retrouve sur
October Rust l'ensemble des éléments qui caractérisent un album de Type O Negative: le titre dans un coin (ici en bas), le nom du groupe dans celui opposé (ici en haut), une prédominance des couleurs noir et vert et enfin une production une nouvelle fois signée de la main du regretté Peter Steele mettant en avant des guitares et une basse exagérément saturées. Une marque de fabrique et un savoir faire qui habillera chaque album du groupe new-yorkais, résumant ainsi une part de son identité.
Alors que
Bloody Kisses contenait encore quelques cicatrices du passé Thrash/Hardcore de Peter Steele et ses acolytes ("We Hate Everyone", "Kill All The White People"),
October Rust s'en affranchi ici complètement pour privilégier ces longues compositions à tiroir construites sur la base de mid tempo envoûtants, oniriques et particulièrement sensuels. Des rythmes tout en finesse, marqués par le jeu appuyé et multiple du petit nouveau Johnny Kelly porté ici par une production nette et finalement assez naturelle. Une sexualité de tous les instants passant bien évidemment par la voix suave et virile d'un Peter Steele tout en charmes et en sous entendus plus ou moins équivoques (
"I feel you shake so deep inside. Ooh scream my name and squeeze me tight. I'll do anything to make you come" sur "Be My Druidess"). Les paroles d'
October Rust sont ainsi sans ambiguïté et traitent toutes pour la plupart des relations de Peter Steele avec les femmes ("Love You To Death", "Be My Druidess", "My Girlfriend's Girlfriend", "Die With Me", "Burnt Flowers Fallen", "Cinnamon Girl", "Wolf Moon [Including Zoanthropic Paranoia]", "Haunted"). Pourtant certain de mon hétérosexualité, il y a dans sa voix ce je ne sais quoi d'irrésistiblement attirant et de séducteur. Un charisme qui va donc bien au delà de son imposante stature et passe aussi par ces lignes de chant tout en masculinité qui paradoxalement assument cette part de féminité. Une voix puissante et tellement sûre d'elle même qu'elle continue de me coller des frissons à chaque écoute.
Une atmosphère sexuelle qui transpire ainsi sur tout l’album (chaque album) mais qu’il ne faut pas oublier d’associer dans le cas de Type O Negative à une certaine idée de la mort. Il est d’ailleurs commun de parler de "petite mort" en évoquant cette idée de jouissance et d’orgasme. Peter Steele et sa bande l’ont eux très bien compris. Un abandon de soi, un don tout entier de sa personne envers un être aimé (ou plusieurs) et par conséquent les grandes désillusions et déceptions qui en découlent. C’est cette ambivalence que Type O Negative réussit à mettre en musique avec des morceaux non par larmoyant mais forts et puissants ("Love You To Death", "Die With Me", "Haunted") qui vous attrapent, vous transportent et vous déchirent. On trouve cependant d'autres titres plus légers comme les excellents "My Girlfriend’s Girlfriend" ou cette reprise incroyable de Neil Young, la délicieuse et entêtante "Cinnamon Girl".
Disque de saison,
October Rust porte donc en lui la mélancolie d'un automne aux couleurs de rouille. L'automne, cette saison de transition où la légèreté de l'été s'efface chaque jour un peu plus au profit de la rudesse d'un hiver sans promesses... Aussi, à l'instar de son prédécesseur,
October Rust fait montre d'un sens de la composition et de l'arrangement particulièrement développé. Et malgré des titres s'étirant très souvent sur plusieurs minutes, on s'étonne toujours de ne pas voir le temps passer. Complexes et riches dans leurs mises en place, ces compositions se développent souvent au fur et à mesure des secondes qui avancent et réussissent le coup de maître de ne jamais sembler trop prétentieuses ni trop répétitives ("Love You To Death", "Die With Me", "Wolf Moon [Including Zoanthropic Paranoia]". Bien au contraire, elle fourmillent même d'arrangements intelligents et subtils (merci encore une fois à l'incroyable travail de Josh Silver) que l'on continue de découvrir après mêmes des dizaines et des dizaines d'écoutes.
Offrir un successeur digne de ce nom à
Bloody Kisses n’a probablement pas du être chose aisée pour Type O Negative. Pourtant
October Rust a très vite réussi à se hisser aisément comme un album peut-être pas meilleur mais au moins tout aussi passionnant que son prédécesseur (sur ce point, les avis divergent, certains le plaçant au dessus. Ce n’est pas mon cas). Ce sont toutefois là des considérations sans grande importance dans la mesure ou ces deux albums ont eu un poids important dans le paysage Metal des années 90. Avec
October Rust, Type O Negative affirme encore un peu plus toute sa personnalité à travers un univers décidément à part, capable de séduire aussi bien les amateurs de Metal extrême que les rockeurs en mal d’amour ou les demoiselles aux cœurs qui saignent. Et comme dirait le groupe :
"Well, that's it, that's all we have. I hope it wasn't too disappointing. We will see you on tour. Until then, take it easy.".
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