Ska-P - Planeta Eskoria
Chronique
Ska-P Planeta Eskoria
On est dimanche soir. Le soleil ne s’est pas encore couché, et la vue dégagée que tu as de la fenêtre de ton appart te permet de le voir descendre sur l’horizon. Tu as passé une superbe journée à profiter du soleil, et étrangement au moment de te retourner vers ta discothèque pour te mettre un skeud de brutal death ou de black, ta main s’arrête subitement. Ton cerveau (ou ce qu’il en reste) a émis une protestation, estimant qu’écouter « In the Nightside Eclipse » ou « World ov Worms » dans un tel moment serait…déplacé. Difficile à expliquer mais ton état d’esprit de ce moment précis n’a pas envie de s’immerger dans une atmosphère sombre et malsaine, plutôt de voler plus haut que les nuages et de t’immoler sur le soleil couchant tel Icare (sans l’option « atterrissage anticipé bien sur »).
...Non je ne t’ai pas non plus proposé d’écouter du Immolation, relis bien ma précédente phrase.
Bref pour faire simple, tu es heureux et serein, et écouter du gros métal qui tache en ce moment précis ne te parait pas totalement judicieux. C’est là que ton doigt s’égare sur « Planeta Eskoria », un album de Ska-P qui te rappelle de superbes moments de ta vie, des soirées au Martini avec un de tes meilleures potes à partager vos impressions sur les choses de la vie : le prix attractif de la bière aux Pays-Bas, les femmes, la bière, les femmes.. Tu te souviens de tous ces instants avec précision, du riff de « A la mierda » entendu il y a fort longtemps chez un pote et qui t’avait intrigué, toi qui sortait à peine d’une cure de Septic Flesh. La sœur d’un ami avait mis ce cd dans la chaine-hifi commune, et tu n’avais pu qu’être attiré par cette musique vaguement punk, vaguement ska, au chant espagnol mélodieux et ensoleillé qui t’avait charmé un soir d’octobre. Apercevant une petite semaine plus tard le cd en question à la Fnac (ou tu te faisais exploiter en tant que stagiaire pour quelques mois), tu avais sacrifié quelques minutes de ta précieuse journée d’ennui pour prendre le casque d’une borne d’écoute et lancer la lecture du cd. Pas de doutes, « A La Mierda » était bien là, toujours aussi charmante, de même que la puissance de « Vergüenza », le coté reggae baba cool de « Como Me Pongo », ou l’interlude écossais de « Derecho de admision ». Retour aux Pays Bas, ou entre deux débats sur la politique économique d’Heineken (accompagné d’une dégustation en bonne et due forme du produit en question), tu avais saisi à quel point l’écoute de cet album mettait du soleil et de la joie dans cet appartement miteux ou les fenêtres poussiéreuses ne montrait qu’un ciel gris menaçant constamment d’éclater en averse de pluie (ce qui arrivait plus que fréquemment). Que ce soit ces 14 refrains ultra accrocheurs, le chant de Pulpul, exotique de part sa couleur espagnole et son timbre de voix unique, ou les trompettes qui mettaient une touche de découverte dans ton univers musical habituellement dominé par le gros riff bien sanglant, tu ne sais toujours pas vraiment ce qui t’a conquis dans cet album (et plus tard ce groupe dans son intégralité) mais la somme des bons souvenirs que tu y raccorde dépasse de beaucoup l’addition des remarques acides qu’on pourrait te faire sur un groupe de ska-punk jugé trop « commercial ». Cette énergie omniprésente, cette base rock/punk qui te garde quelque part en terrain connu, cette délicatesse du chant espagnol, et l’admiration que tu éprouves pour ces musiciens qui savent mettre le feu à une fosse comme tu as déjà pu le constater à deux reprises, tout cela t’a appris à mettre de coté l’aspect démago de certains paroles (de toute façon tu ne bites rien à l’espagnol, ayant été contraint de subir l’apprentissage de la langue de Rammstein dès ta plus tendre enfance, monde cruel) et l’impression de redondance qu’on ne peut nier sur l’écoute de plusieurs albums consécutifs des Espagnols. Non rien n’y fera, « Planeta Eskoria » est de loin l’album le plus festif et le plus joyeusement bien composé que tu ais eu l’occasion d’entendre, et c’est sans compter avec la masse de bons souvenirs qui remonte à la surface à chaque écoute.
Et te voilà maintenant revenu chez toi, ta main ayant dans l’intervalle ouvert le boîtier et inséré le cd dans ton lecteur, et c’est sur les premières lignes de basses de « Planeta Eskoria » que tu attaques la rédaction spontanée d’une chronique de ce monument afin de fêter dignement la 1000me chronique de ton webzine favori. Ton hésitation initiale concernant le dilemme d’aborder plutôt « King of Bongo » de la Mano, « Showbiz » de Muse ou le classique « Ok Computer » de Radiohead a été vaincu par la carte du soleil et de l’énergie ska-punk, pour le meilleur et pour le pire.
| Chri$ 2 Juin 2005 - 2151 lectures |
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