Depuis la sortie du mythique
« From Beyond » il y’a déjà trente ans l’existence de MASSACRE a été jalonnée d’un grand nombre de bas mais hélas de très peu de hauts, la faute notamment à nombre de mouvements de personnel ainsi (et surtout) qu’à l’ambiance détestable en interne entre Kam Lee et Rick Rozz qui n’ont cessé de se faire la gueule depuis de nombreuses années, et d’enchaîner des allers-retours au tribunal concernant la propriété du nom du groupe. Tout cela a eu pour conséquence d’offrir des longues périodes de silence et d’inactivité jalonnées de reformations opportunistes et de disques insipides, qui ont fini de faire pâlir l’aura du combo de façon plus ou moins prononcée. Si on ne va pas revenir sur le cas du pathétique « Promise », le mitigé
« Back From Beyond » confirmait que la bande semblait vraiment en bout de course tant l’absence de son chanteur historique se faisait sentir, tout comme la perte d’inspiration du guitariste qui se contentait de reprendre les mêmes éléments qu’à l’époque du génial « Leprosy »… l’inspiration en moins. Heureusement depuis les choses semblent être rentrées dans l’ordre car la dénomination de l’entité revient désormais officiellement à son frontman qui a réactivé la machine sans son compère, mais avec le bassiste originel et des vieux briscards de la scène extrême aux curriculum-vitae longs comme le bras.
Même si ce line-up n’ira pas plus loin que le chemin du studio force est de constater que l’apport de cette nouvelle session rythmique a fière allure, vu qu’on y retrouve notamment le frappeur Brynjar Helgetun (GODS FORSAKEN, JOHANSSON & SPECKMANN…) et aux six-cordes Scott Fairfax (MEMORIAM), Jonny Pettersson (BERZEKER LEGION, GODS FORSAKEN…) et le toujours surbooké Rogga Johansson. Et le moins que l’on puisse dire c’est que leur arrivée va faire le plus grand bien à une ancienne gloire dont on n’attendait plus rien, vu que l’annonce de ce nouveau long-format est passée quasiment inaperçue tant on pensait logiquement avoir droit encore une fois à une purge inutile et qui sature le marché. Pourtant dès que l’introduction se termine on est totalement surpris par la qualité de « Eldritch Prophecy » qui nous renvoie aux grandes heures de l’ancien quatuor en compagnie de Terry Butler et Bill Andrews, de par un son délicieusement rétro et une vitesse constante jouée de façon quasi-permanente et au groove indéniable, qui donne instantanément envie de remuer la tête. Misant encore et toujours sur la simplicité d’écriture le sextet ne va pas s’encombrer d’effets inutiles et continuer à miser sur la fibre nostalgique, tout en y ajoutant un soupçon de modernité afin que tout cela ne sente pas la naphtaline, et ce premier morceau en est un exemple parfait tant ces accents Punk font mouche parfaitement. Si « Ruins Of R’Lyeh » va se montrer moins accrocheur de par un côté pantouflard dommageable et une longueur excessive, le reste de cette galette va rester constamment d’un très bon niveau notamment en ne s’éternisant pas en longueur vu que plus on va avancer dans l’écoute et plus ça va se raccourcir, pour un bonheur auditif constant.
Car bien que la suite soit globalement semblable au niveau de l’écriture comme de l’inspiration celle-ci va se montrer hyper accrocheuse et efficace sans jamais y perdre en homogénéité, un piège où il est facile de tomber tant la redondance arrive vite dans ce genre musical si rudimentaire. Pourtant quand on écoute les redoutables et sobres « Innsmouth Strain », « Book Of The Dead », « Into The Far -Off Void » et le plus primitif « Return Of The Corpse Grinder » (qui nous renvoie illico en 1991), on est de suite happé par la fluidité et la rapidité qui se dégage de tout cela tant c’est bourré d’énergie et porté par le sens du riff des cordistes qui fait toute la différence. D’ailleurs il faut saluer leur fluidité que ce soit sur les parties rythmiques comme sur les nombreux solos signés du Britannique, ceux-ci amenant un vrai plus sans pour autant reprendre les hennissements constants de son prédécesseur et ce bien que ça soit dans sa droite ligne. Mais heureusement les gars passent aussi fort bien le cap de l’alternance rythmique vu qu’ils ne se contentent pas de jouer en permanence sur une certaine radicalité et explosivité, à l’instar de « Whisperer In Darkness » qui n’hésite pas à lever le pied en ralentissant franchement l’allure sans que cela ne nuise à l’attractivité générale qui reste cohérente, tout en voyant l’apport d’une légère finesse. En effet ici on y trouve l’ajout d’une certaine mélodie forte agréable qui ne fait absolument pas tâche avec le reste, constat partagé quand ça se fait plus sombre et obscur via le très bon « Servants Of Discord » qui s’éloigne un peu des terrains balisés sans pour autant y renoncer complètement.
Du coup on aura compris qu’on est en présence d’une véritable surprise totalement inattendue et qui déboule de nulle part, tant ce retour en force était totalement inespéré mais fait franchement plaisir à entendre. Avec en plus un leader particulièrement en forme vocalement et ses compagnons de jeu au diapason la formation floridienne signe le come-back de l’année, avec du bon son qui défoule comme il faut et mené tambour battant. Et même si tout cela ne fera pas sauter au plafond en permanence (à cause toujours d’un côté interchangeable d’une plage à l’autre), il est évident que cela suffira amplement à combler les fans de Death old-school qui trouveront de quoi taper du pied et remuer la tête durant un bon moment. A voir désormais si cela signe un retour définitif aux affaires ou s’il s’agit juste d’un feu de paille, mais vu la seconde jeunesse actuelle du vieux briscard derrière son micro il y’a de bonnes chances pour que cela perdure dans le futur.
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